Quelques mots ne suffiraient pas à résumer les trois années durant lesquelles Roy Mustang a lutté contre son nouvel handicap. Au début, les pertes d'équilibre étaient légions. Les bleus maculaient son corps noueux, encore aussi solide qu'un tronc d'arbre. Il ne se plaignait jamais, peut-être lui arrivait-il de temps à autre de laisser échapper un juron, tout au plus.
L'endroit dans lequel il logeait lui avait été prêté par Central qui possédait plusieurs pied-à-terre dans le pays Amestris. De plus, il n'avait pas véritablement perdu son titre d'alchimiste d'état, il était seulement en convalescence et vivait sur sa pension d'invalidité qu'on lui avait octroyé en tant que victime de guerre.
C'est dans ce logis qu'il gardait caché un immense secret.
☆
Durant le printemps de la troisième année, Ed fût convié à Central par Amstrong, l'homme-muscle si affectif. Dans le courrier qui lui avait été remis en main propre par des subalternes dudit Amstrong, il était spécifié qu'il serait aimable qu'il vienne avec les résultats de ses recherches, si ceux-ci pouvaient influencer sur la connaissance actuelle de la science. Mais Edward n'avait connu aucune tentative fructueuse. Cette demande lui rappelait l'épisode Shô Tucker, il s'empressa de chasser cette image de son esprit. Il ne deviendrait pas un monstre comme cet homme-là, même si cela lui permettait de retrouver son alchimie.
Quatre jours plus tard, un ciel bleu surplombait le petit village, les fleurs disséminaient une douce odeur et les rayons du soleil étaient caressants.
- Tu pars ? demanda Alphonse à son frère.
- Il est temps. Peut-être qu'il y a là-bas des scientifiques qui en savent plus que moi, en trois ans, ils ont pu faire des recherches. Et puis, tu connais Amstrong, si je ne viens pas, c'est lui qui va venir. Tu ne veux pas qu'il détruise la maison quand même !
Alphonse rit de bon cœur.
- Ah ça non, j'ai trop sué pour ça !
- J'étais là, j'étais senti l'odeur, merci de me le rappeler.
Alphonse se jeta sur Edward qui esquiva son coup de coude. Mais il n'était pas vexé, il était si heureux de sentir à nouveau la sueur sous ses aisselles, dans son dos, de sentir ses muscles fatigués après une journée de travail. La première fois qu'il s'était coupé en tranchant un rondin (heureusement une blessure légère), il s'était précité vers son frère en hurlant « Regarde, je saigne Ed, je saigne, regarde, c'est génial ! » C'était Winry qui l'avait soigné, non sans l'avoir houspillé au préalable.
- Tu veux venir avec moi ? suggéra Edward.
- Non. Merci. Je vais en profiter pour voir May.
Alphonse et Edward avait rencontré la petite May Chang, une des héritières de l'Empereur de Xing, il y a plus de trois ans. Ils ne l'avaient plus revu depuis.
Edward se jeta sur son frère qui ne pu esquiver le coup auquel il ne s'attendait pas.
- Veinard ! Je suis fier de toi. Enfin, tu vas ENFIN la voir !
Alphonse bredouilla un charabia incompréhensible en s'empourprant. La vérité était qu'il s'était épris de la jeune fille mais que cette dernière, bien que très mâture, était encore trop jeune pour côtoyer un homme. Ils s'étaient parfois écrit des lettres, ils étaient restés en contact mais aucun d'eux n'avait émis le souhait qu'ils se rencontrent à nouveau. Seulement, il y a une semaine, elle avait fêté l'anniversaire de ses 17 ans. Elle se considérait assez grande pour faire ses choix par elle-même et avait invité Alphonse à la rejoindre. Elle eut bien fait. Jamais ce dernier n'aurait osé lui demander une entrevue.
☆
Valise en main, Edward attendait sur le quai de la gare. C'est Amstrong en personne qui avait promis de venir le chercher. Il l'attendait donc de pieds ferme, mais avant même d'apercevoir l'énorme silhouette du soldat, il l'attendit rugir :
- Edward Elric ! Oh, quelle joie de te voir !
Il parcouru les quelques mètres qui les séparaient en une dizaine de foulées géantes. Edward n'eut pas le temps de faire un seul geste qu'Amstrong s'empara de sa valise et pris son corps - qui semblait si petit face à lui - dans ses bras musculeux. Durant le dernier pas, l'excitation lui en avait fait perdre sa chemise, ainsi Edward pouvait allègrement sentir les muscles battre contre lui. Il n'appréciait guère. Ce n'est pas ces muscles là qu'il avait jadis aimé toucher.
- Comme tu as grandi !
Edward n'avait pas grandi d'un centimètre.
- Tu es devenu un homme maintenant !
Edward n'avait toujours pas de pilosité faciale.
- Oui, moi aussi je suis content de vous voir, Amstrong. Maintenant, lâchez-moi ! Dit-il en assénant un coup de point sur l'arrière de la tête du soldat. Ce dernier lâcha un rire retentissant, que l'on entendait - Edward en était persuadé - de l'autre côté de la gare.
- Allons-y ! Une voiture nous attends devant la gare.
Il connaissait si bien ce trajet jusqu'à Central. Il se souvenait des cahots des pavés qui le secouait fébrilement, il se souvenait des habitants qui se pressaient dans les rues et de l'odeur de la ville si différent de celle, légère, de la nature campagnarde.
C'est avec le cœur pincé qu'il montait les marches menant au grand bâtiment. Son frère n'est pas là, avec lui, comme il l'était autrefois. Roy ne serait pas là pour le houspiller devant son lieutenant Riza. Oui, la vie d'alchimiste était bel et bien terminée.
Il montait donc les escaliers silencieusement, perdu dans les affres des ses pensées. Il entendait vaguement Amstrong dire avec passion les changements qu'avaient subit le QG en son absence.
- Et il n'y a toujours pas de directeur ! On ne l'appelle plus ça un führer maintenant. Ce sera un directeur. C'est plus banal, ça a moins de charme et ça fait entreprise militaire mais on y peut rien ! Personne ne veut se souvenir de ce qu'il s'est passé il y a trois ans.
Edward franchit les portes à double battant et fût frapper par l'odeur des lieux. C'était la même qu'autrefois. Ça sentait le bois et le vieux papier. Il s'arrêta sur un rayon de lumière dans lequel on pouvait voir voleter la poussière.
- Ma soeur dirige déjà son propre groupe militaire, elle ne peut pas diriger ici. Il faudrait quelqu'un de costaud, de grand et de musclé... Ça correspond parfaitement à ma description !
Il agita ses muscles dénudés sous le nez d'Edward.
- On ne se déshabille pas sur son lieu de travail, monsieur Amstrong ! tonna l'hôtesse d'acceuil depuis son bureau. Edward ne l'avait encore jamais vue.
- Oh pardon mademoiselle, nous nous excusons ! Allons dans mon bureau, mon cher Edward Elric.
Comment ça "nous" ? pensa ce dernier. Je ne me suis pas déshabillé moi !
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Entre feu et fer [Roy x Ed] TOME 2
Fanfiction《 Trois années se sont écoulées depuis les tristes événements qui ont coûtés à Edward son alchimie et à Roy son sens de la vue. Ils se sont tous les deux construits une nouvelle vie loin de Centrale, loin de l'armée. Seront-ils amenés à se recroise...