CHAPITRE 7 : Transition

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Winry s'était éclipsée, laissant seul les deux hommes.

- Pas de doutes à avoir ? Questionna Edward. Les ragots de village, vous ne connaissez pas ?

- Mmh... Étrange qu'un village entier parle d'un même phénomène.

- Non, je vous assure. Il n'y a rien à faire ici, les gens se jettent sur la moindre occasion de faire du commérage. Les commères, on les voit guetter à travers leurs rideaux jaunis.

- Tu es dur avec les gens que tu côtoies...

Un silence.

- Avec Al, on a pas mal alimenté les discussions de quartier, que ce soit à notre départ ou à la construction de notre maison. On sait comment ça fonctionne.

Roy hocha la tête comme pour s'excuser de sa maladresse.

- Croyez-moi, il ne vaut mieux pas faire d'hypothèses avant d'avoir vérifier par nous-même. J'ai confiance en Winry, il se passe sûrement quelque chose mais ça peut ne pas être de l'alchimie...

- Tu as raison Edward, dit Roy en se levant, le bruit de la chaise sur le parquet couvrant ses paroles.

- Vous voulez que je vous conduise à votre chambre ?

- Avant tout, je me suis dis que tu pourrais m'indiquer ta salle d'étude.

- Salle d'étude, c'est vite dit. Et j'ai pas rangé.

C'était une pièce que même Winry et Pinako n'avait jamais vue. Elle était réservée à Edward et à son frère lorsque ce dernier était invité ou voulait se montrer utile. Ils y accédèrent par une porte fermée à clé - mais donc la clé restait paradoxalement dans la serrure - située dans la cuisine où ils se trouvaient.

- A droite signala Edward à Roy.

Il déverrouilla la porte, le son qui atteignit les oreilles de Roy provenait d'un renfoncement qu'il n'avait pas exploré. Ce n'était pas une porte que l'on remarque au premier abord. Cela aurait pu être des toilettes. Cependant, des livres jonchaient bel et bien le sol - atrocité sans nom pour un homme de lettres - et la pièce était plongée dans une semi pénombre.

- Euh, bredouilla Edward. Ne bougez pas, j'arrive.

Il ramassa les livres éparpillés et les empila méticuleusement sur sa table de travail déjà bien chargée. Il se tourna vers le mur du fond, se prit le coin de la chaise dans le tibia et grogna avant d'atteindre les lourds rideaux qui occultaient la lumière. Il les tira d'un geste sec, soulevant un nuage de poussière. Les particules dansèrent dans les rayons du soleil couchant.

Est-ce que Roy pouvait, à travers ses paupières, déterminé s'il y avait de la luminosité ou non ?

- C'est bon, tu as fini de tout casser et de ranger ?

Il décrivit un cercle du doigt, englobant la pièce, comme s'il pouvait la voir.

- Votre visite n'était pas prévue je vous rappelle ! Pourquoi vous voulez voi.. Edward grinça des dents. Pourquoi vous voulez venir ici ?

Roy avança pas à pas pour découvrir la pièce. Au son de leurs voix, Roy avait deviné qu'elle était petite et que les murs étaient épais, sans doute y avait-il des bibliothèques et des étagères encombrées d'objets réservés à la pratique de l'alchimie de part et d'autres de la pièce. Et en face de lui, il devait y avoir un grande baie vitrée, inondant le bureau de lumière. Il y avait forcément un bureau ; qu'est-ce qu'une salle de travail sans bureau après tout ?

- A votre gauche, les livres, à votre droite, les ustensiles d'alchimie et au milieu de la pièce mon.. poste de travail. J'ai tout à porté de bras, ou presque.

- Combien as-tu de livres ?

- En 3 ans, j'ai pu en acheter une centaine... Ils viennent d'un peu partout. J'ai même gardé les plus loufoques, au cas où.

- Une centaine, murmura Roy...

Une centaine de livres relevant de l'alchimie. Edward n'avaient pas chômé étant donné que les manuels, traités et autres bouquins traitant de cette science n'étaient pas ce qu'il y avait de plus facile à trouver et que leur accès était plus ou moins réglementé. Et il n'allait pas trouver ce dont il avait besoin dans le Guide du petit Alchimiste - seul manuel d'alchimie en vente libre - qu'on offre aux enfants ayant une affinité prononcée avec cette pratique.

- Bon ! fit Edward, embarrassé par le silence prolongé.

Il sentait toute l'attention de Roy tournée vers lui.

- Oui, montre moi où je vais dormir. Nous reviendrons ici plus tard...

Ils montèrent l'étroit escalier menant à l'étage. Edward guida Roy jusqu'à la chambre inoccupée d'Alphonse. Contrairement à celle de son frère dans laquelle des vêtements, livres, notes et bibelots jonchaient le sol, l'espace était rangé et les étagères encastrées dans le mur ainsi que le bureau n'étaient pas encombrés. Peu de vêtements était pendus dans l'armoire et les draps qui avaient séchés dehors sentaient bon la lessive et la nature. Cette pièce sommaire et non-ostentatoire plu directement à Roy lorsque celui l'explora à tâtons, se familiarisant avec les formes du mobilier. Edward s'était poliment retiré pour laisser Roy à son intimité. Cette marque d'attention troubla l'ancien alchimiste de flamme. Ce dernier trouvait le comportement d'Edward inhabituel ; lui, quelqu'un de prévenant ? Non, ce n'était pas le jeune homme qu'il connaissait ! Il espérait que cette attitude était due à la situation inattendue dans laquelle ils se trouvaient et non pas à cause de son handicap.

Une heure plus tard, Edward trouva Roy endormi, ne portant qu'un léger tee-shirt et un pantalon bleu marine. Il s'était allongé sur le lit, sans entrer sous les draps, comme simplement posé sur le matelas. Le soleil finissait de se coucher, projetant de longues ombres sur les murs. Atmosphère irréaliste, presque surréaliste, que ce tableau montrant son ancien supérieur les yeux clos, le visage reposé. Il semblait avoir perdu plusieurs années une fois qu'il ne fronçait plus les sourcils et que les muscles de son visage n'étaient pas contractés. Une mèche noire glissa sur son visage, quelques cheveux s'en élevaient à chaque expiration. Edward se pencha sur le corps endormi et pris instinctivement la mèche entre ses doigts. Il n'eu pas le temps de la déplacer que la main de Roy lui saisit le poignet d'un mouvement éclair. Edward s'immobilisa. Une seconde de silence s'étira dans le temps.

- Qu.. Qu.. ?! Qu'est-ce..?! bégaya-t-il.

Il souffla un grand coup, son cœur battant contre sa cage thoracique.

- Qu'est-ce que tu essayais de faire ? Lui demanda Roy.

Edward tenta de retirer sa main, Roy resserra sa prise.

- Mais rien ! Je ne faisais rien ! dit-il en tirant comme un forcené sans que le bras du brun ne bouge.

Ce dernier s'assit sur le lit sans lâcher son cadet. Son visage lui faisait face comme s'il pouvait le voir.

- Vous dormiez ? Tenta Edward pour briser la gêne qui s'installer lourdement dans la pièce.

- Je réfléchissais. Demain, nous irons au village. Je veux en savoir plus.

Il lâcha doucement le poignet du blond et se leva. Le parfum de sa peau se répandit tout autour d'Edward.

- Allons manger quelque chose, dit-il.

Il contourna Edward et franchit le seuil de la porte pour descendre les escaliers. Le jeune homme n'avait pas conscience de l'expression béate imprimée sur son visage en suivant son aîné, reconnaissant de sentir une nouvelle fois cette odeur qu'il croyait avoir oubliée.

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Entre feu et fer [Roy x Ed] TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant