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Toujours le pdv de Lucas

Les heures passent et qu'est ce qu'on s'emmerde. C'est la routine, on s'échange sans cesse les manettes de la play', on graille c'qui nous tombe sous la main, on dort et on gratte quelques textes quand l'inspi' nous vient.
Il doit être 23:30 à tout casser, je suis parti m'enfermer dans ma chambre, dans le noir le plus complet. La seule lumière que je laisse passer c'est les quelques rayons lunaires qui peinent à rentrer dans ma piaule. Je caresse mon serpent, Zoé, puis lui donne quelques souris décongelées pour la nourrir. Je veille à bien refermer son vivarium pour ne pas qu'elle s'échappe comme l'autre fois, elle m'avait vachement fait stresser la p'tite. Je m'allonge sur mon lit et mon esprit reste focalisé sur Jeanne. Des dizaines de questions trottent dans mon esprit. Son visage illumine ma chambre, je ne voit qu'elle.
Je m'asseois à mon bureau et griffonne quelques mots, puis m'endort la joue écrasée contre mes brouillons.

Pdv de Jeanne,
une semaine plus tard

Ça doit faire 5 jours que je passe la totalité de mes journées à traîner dans la ville, avec ou sans Jules vu qu'il travaille. Moi, je ne travaille plus, j'ai quitté mon job il y a quelques semaines, et je ne suis pas d'humeur à me relancer dans quelque chose qui ne me plait pas. Bref, la raison pour laquelle je suis en ville tous les jours est plutôt simple, bien qu'idiote : j'essaie de retrouver leur immeuble. Sauf qu'ils se ressemblent tous. Je vais sans cesse dans des parcs dans l'espoir de revoir un des gars pour prendre leur numéro.

Fatiguée de marcher, je m'installe sur la terrasse d'un café et commande un cappuccino. Sauf que je n'aime pas le café, mais j'avais besoin de boire quelque chose de chaud. Je regarde les gens autour de moi, tous les mêmes. Tous classiques, nul n'a une touche d'originalité. Je ne comprendrais jamais pourquoi les gens aiment suivre la norme, c'est ennuyant de ressembler aux autres. Non mais c'est vrai, quand vous vous regardez dans un miroir vous voyez les mêmes personnes que vous croisez dans la rue.

Un groupe de lycéens vient s'installer quelques tables plus loin que la mienne. Je les regarde, ils rigolent tous un peu fort et ont l'air heureux. Ils sont tous habillés d'un sweat fluo, les autres clients les dévisagent. Certaines remarques arrivent jusqu'à mes oreilles et disent :                « Ils veulent juste être au centre de l'attention, ils sont ridicules. Pourquoi veulent-ils se rendre intéressants alors qu'ils n'ont rien de spécial ? ».
Je me retourne brusquement vers la tablée d'où proviennent ces remarques.
Moi : Et qu'est-ce que ça peut vous faire qu'ils ne soient pas habillés comme tout le monde ? Qu'ils rigolent un peu fort ? Laissez les ! Pour une fois que des jeunes ont confiance en eux ! C'est à cause des gens comme vous que les autres ont honte de sortir comme bon leur semble. La mentalité ça doit évoluer avec l'âge normalement non? Parce que vu votre âge il doit pas vous rester bien longtemps pour changer...

Tous les regards sont pointés vers moi, certaines personnes sont choquées tandis que d'autres s'amusent de la situation. Le petit groupe me regarde avec un sourire scotché aux lèvres. Je sors du café et l'un d'eux se lève.
? : Merci, c'est chouette de voir que pour une fois quelqu'un ose dire tout haut ce qu'il pense tout bas. D'autant plus que je ne vois pas ce qui nous rend si « différents », il mime des guillemets avec ses doigts. Je pense que c'est un mot utilisé pour les gens qui « s'assument » en quelque sorte.
Je l'aime bien, il a l'air plutôt mature. Je lui souris.
Moi : T'inquiètes pas, c'est le genre de personne que je peux pas supporter. Les humains m'épuisent !
On rigole doucement.
? : T'as l'air cool comme nana, j'espère qu'on se reverra.
Il me fait un clin d'œil et retourne avec ses potes.

Poupée RusseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant