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Chapitre 9 : Le monde des nuages

Je me souviens très bien de ma rencontre avec Anghel, ça remonte à quatre ans. À cette époque, ça faisait déjà cinq ans que j'étais gardienne, mais je n'avais pas encore suffisamment d'expérience pour voyager dans d'autres dimensions, c'était réservé à l'élite. Alors mes missions se passaient soit sur Terre, soit dans de petits mondes comme le monde des nuages : tout comme son nom l'indique, il repose sur une masse de nuages, invisibles aux yeux des humains. Ce n'est pas le seul, les autres petits mondes sont aussi comme ça, le monde des océans, par exemple : qui repose sur de gros nuages gris et n'a que dix pour cent de terre ferme. On raconte que les averses de pluie sur Terre sont dû à son passage juste au dessus... Certaines réponses aux mystères ne sont connues que par les dieux.

Le monde des nuages, lui, a un paysage assez simple : une immense montagne centrale, principalement recouverte de forêts; c'est dans ces forêts que vivent la majorité des créatures. La pointe de la montagne est neigeuse; il y fait un froid glacial, peu d'êtres-vivants y habitent, à part les bêtes ayant une bonne fourrure.

Sur le côté gauche de la montagne, on peut y trouver un champs herbeux avec en son centre un lac entièrement rempli de biscuits, principalement des cookies, qui se renouvellent; je ne plaisante pas ! Les arbres proches de ce lac peuvent aussi parfois donner des gâteaux à la place de fruits. Tout ce que je sais, c'est que ce phénomène est dû à une ancienne divinité qui a jeté un sortilège sur le lac pour le plaisir; le résultat était fort apprécié, alors les gardiens ont décidé de ne pas briser le sort. Peut-être qu'Oko San y aurait trouvé son pudding sacré ?

Sur le côté droit, il y a la grotte du dragon vampire qui mène au souterrain. C'est l'endroit où les démons qui ne vivent pas en Enfer se réfugient; les dieux tolèrent leur présence dans le monde des nuages à condition qu'ils ne touchent pas au rubis-cœur, qui est littéralement le cœur du nuage principal, d'où son nom simpliste. Sans lui, le monde qu'il porte s'effondrerait petit à petit.

Et justement, un jour, certains de ces démons ont volé le rubis et se sont enfuis vers la pointe de neige, guidés par Kejirah le caïket, un démon vert ressemblant à un être mi-scarabée mi-crocodile. Je faisais partie d'une équipe pour les pourchasser et nous avons fini par nous séparer afin d'augmenter nos chances de les retrouver avant la catastrophe. Vers le sommet de la montagne, la fatigue me gagnait et mon dos commençait à me faire mal. Nous aurions dû emprunter des chevaux zombies, leur endurance nous aurait facilité la tâche, mais nous étions tellement pressés que nous n'y avions pas pensé. Le froid était vraiment mordant, j'avais beau avoir l'élément du feu en moi, ce n'est pas ça qui pouvait me réchauffer, et mon armure ne me protégeait pas du climat. J'avais donc décidé de faire une courte pause pour allumer un feu et faire du repérage : malheureusement, la neige tombe très souvent et les traces des démons avaient été recouvertes. Je nous imaginais déjà fouiller toute la pointe de fond en comble quand j'ai entendu un faible gémissement; j'ai alors cherché d'où ça venait et ai trouvé un jeune garçon à moitié congelé. Je l'ai porté et amené près du feu.

Le garçon s'était évanoui et avait une blessure profonde dans la poitrine, son sang coulait encore. J'ai tenté de le soigner avec mon pouvoir de guérison, mais tout ce que j'avais réussi à faire, c'est arrêter l'hémorragie. Au bout d'un moment, l'étranger a ouvert les yeux :

- Où... Où suis-je..?

- Allez-y doucement, vous êtes blessé. Nous sommes au sommet de la montagne.

Il s'est redressé précipitamment et a hurlé de douleur. Je l'ai maintenu assis par les épaules.

- Hé, je vous ai dis d'y aller doucement ! Je n'ai pas pu soigner votre blessure... D'ailleurs, qui vous a fait ça ? Est-ce que vous vous souvenez de quoi que ce soit ?