Lily et Ténébrus

Le rendez-vous

Elles sortent ensemble de la maison et se rendent à pieds au restaurant où Severus attend patiemment Lys.  Elles discutent de tout et de rien pour que Lys puisse se détendre un peu avant d’arriver.  En ouvrant la porte du restaurant, Lys demande à Fanny si elle a des derniers conseils à lui donner.
- Oui, premièrement, je vais m’assoir pour être dans ton champs de vision, mais ne me regarde pas trop.  Il pourrait se sentir insulter.  Et surtout, le plus important, amuse toi!
Severus entend les dernière recommandations de Fanny à sa cousine et sourit.  Elle est venue, elle n’a pas changé d’avis entre temps.  Il sent la blonde s’assoir à 2 tables derrière lui.  Lys arrive alors près de lui et il se lève pour l’accueillir.  Elle est encore plus belle que d’habitude.  Il l’aide à retirer son manteau de feutre violet qui lui arrive aux genoux et le met sur un crochet sur le sien.  Il tire ensuite sa chaise pour l’inviter à s’assoir.  À voire l’expression de sa cousine, il vient de marquer des points. 
Ils commencent à discuter doucement de ce que Severus faisait dans la vie avant d’arriver au Québec. 
- J’étais enseignant de chimie dans un internat. 
- Cool!  S’exclame la jeune femme en face de lui.  J’ai toujours aimé les sciences, dit rêveusement Lys.  Même si je n’étais pas vraiment douée.  Tout ce qui était mathématique, logique, c’était d’une simplicité enfantine.  Masi quand vient le temps de la pratique et de faire des expériences, je serais du genre à faire exploser la mixture, rie t-elle. 
- J’ai eu des étudiants dans ce genre là, avoue Severus en pensant à Longdubas.  Mais bon, on ne peut pas être bon en tout.
- En effet.
La serveuse vient les voir pour leur apporter un menu.  Lys est si absorbée dans sa conversation qu’elle n’a toujours pas choisi quand la serveuse revient prendre leurs commandes.  Severus la regarde un moment avant de demander à l’employé si c’est possible de revenir dans quelques minutes.  Elle acquiesce et va prendre la commande de Fanny, qui regarde Lys avec un sourire encourageant.  Lys est heureuse qu’il n’ait pas choisi à sa place.  Elle se choisit finalement une crêpe au saumon fumé avec un thé glacé et Severus se prend une crêpe avec un œuf, du bacon, du fromage emmental et un café noir, bref, il prend la même chose qu’à son habitude. 
Il discute avec Lys tout le long de leur attente de leur repas.  Il lui parle de son désir de reprendre ses études et de se spécialiser en recherches.  Sa discussion avec le père Davis lui a donné envie de trouver un moyen d’assainir la terre contaminée par l’agent orange pendant la guerre du Viet Nam.  Lys est fascinée par tout ce qu’il dit. 
- C’est vrai que ces terres sont encore contaminées, les enfants qui viennent au monde là-bas sont victimes de malformations congénitales ou de graves maladies, même après trois générations après cette guerre, soutien la jeune femme avec sérieux. 
Severus est très heureux de constater l’étendue de la culture générale de cette jeune femme.  Il n’a pas besoin de se forcer à réexpliquer ou à vulgariser ce qu’il dit, sauf peut être pour les termes scientifiques.  Mais il découvre le plaisir de lui apprendre des choses qui le passionnent.  Quand ils finissent leur repas, Severus va payer la note et propose à Lys d’aller marcher un peu dehors.  Lys lance un coup d’œil à Fanny qui acquiesce de la tête en se levant à son tour.  La rouquine accepte donc avec joie.  À cette date, il y a un orchestre au parc Saint-Mark, c’est là que Severus lui propose d’aller.  Il l’aide à mettre son manteau avant de mettre le sien, fait un signe de tête à la serveuse et tient la porte à Lys pour qu’elle sorte.
Rendu dehors, il lui propose son bras gauche.  Hésitante au début, Lys finit par glisser doucement sa main dans le creux du coude de Severus.  Ils continuent de discuter un peu en marchant et Severus voit Fanny qui les suit de loin.  Rendus dans le parc, Severus et Lys s’installent sur un banc pendant que les musiciens se préparent.  Ly rit doucement en écoutant la musique de fond en attendant le début du spectacle.  Des chansons de François Pérusse.
- Vous connaissez cette chanson?  Demande Severus, perplexe.
- En effet, dit doucement la jeune femme avec un grand sourire.  François Pérusse était très populaire quand j’étais en centre d’accueil à Chambly. 
Ils restent assis, blottit l’un contre l’autre et Lys laisse sa main autour du biceps de Severus sans s’en rendre compte.  Elle est visiblement de plus en plus à l’aise en sa présence et le Maître des Potions en est très heureux. 
Quand le concert commence, ils gardent le silence pour écouter la magnifique musique qui empli le parc.  Après un moment, Lys soupir de contentement, elle croise les jambes et pose sa tête sur l’épaule gauche de Severus.  Surpris, il tourne doucement la tête vers elle et sourit.  Ça se passe encore mieux qu’il le souhaitait.  Il retourne donc son attention sur le concert en pleine air en sentant le poids de la tête de Lys contre lui. 
Tout le long du spectacle, ils restent dans cette position et un fois de temps en temps, Lys resserre ses bras autour de celui de Severus.  Quand le concert se termine, Severus lui propose de la reconduire chez elle et Lys accepte avec joie. 
Une fois devant la porte, Severus est une marche plus basse que là où est la jeune femme.  Elle joue un peu avec ses clés en s’approchant de lui en lui disant qu’elle a adoré cet après-midi.  Elle est visiblement un peu nerveuse.  Lys approche son visage de celui de Severus.
- Je ne vous force à rien, vous savez, lui murmure le Maître des Potions avant que leurs lèvres ne se touchent.
- Je sais, répond la rouquine, c’est pour ça, en partie, que j’en ai envie.
Sans ajouter un mot, Severus pose ses lèvres sur celles de son âme sœur.  La sensation est une chose qu’il n’a jamais ressenti avant.  C’est comme si le monde se mettait à tourner autour d’eux.  Comme si ils étaient devenus, le temps de ce baiser, le centre de l’univers. 
Le baiser est chaste et doux.  Lys ressent un sentiment de sécurité et de compréhension qu’elle n’a jamais ressenti avant.  C’est la première fois qu’elle n’a pas peur de la proximité de sa vie.  Bien sûr, elle est loin d’être prête à passer le pas de sa chambre à coucher avec lui.  Mais pour une fois, elle ne crient pas ce contact physique.  Le recherche, même.  La main droite de Severus dans son dos ne l’oppresse pas, elle est juste présente.  Elle ne se sent pas prise au piège dans cette légère étreinte. 
- J’aimerais… j’aimerais beaucoup vous revoir, dit doucement Severus en reculant lentement son visage du sien.
- Moi aussi, répond Lys en rosissant légèrement.
- Que diriez vous du même endroit, à la même heure, dans trois jours.  Je n’ai toujours pas de téléphone, malheureusement.
- Ça me va, répond la jeune femme.  Voilà le mien, dit-elle en lui tendant un bout de papier.  Les cabines téléphoniques sont en voie d’instinction, mais il en reste quelques unes, si ça vous intéresse.
- Bien sûr, j’ai été très heureux de cette journée avec vous.  Au revoir, Lys.
- Moi aussi.  Au revoir, Severus.
Sur ce, elle le voit tourner le coin de la rue et disparaître de son champs de vision.  Une fois à l’intérieur, Fanny frappe à la porte pendant que Ténébrus s’accroche à une pierre du salon.
- Alors?  Demande sa cousine, impatiente.
- Il est… il est parfait, soupir Lys en se laissant tomber sur le divan.
- Tant que ça?  Demande Fanny en s’assoyant sur un fauteuil près d’elle en levant les sourcils de surprise sur ses yeux bleus. 
- Pour l’instant, du moins, il l’est.  Il est galant, brillant, poli, patient, cultivé…
- C’est bon, il est parfait, rit Fanny en se redressant sur le fauteuil.  Tu vas le revoir? 
- Dans trois jours, même endroit, même heure.
- Tu as besoin que je vienne?
- Je ne sais pas, avoue Lys en fronçant des sourcils.  Julien aussi était charmant au début.
Fanny essaye de la rassurer comme elle le peut.  Ténébrus est ravi de ce qu’il entend.  Il en a fait assez sans en faire trop.  Il n’a pas eu à y penser vraiment, à sa surprise, tout c’est passé très naturellement. 
- On s’est embrassé, lâche Lys après un moment de silence.  En fait, je l’ai embrasser, précise t-elle.
- Et comment tu vas avec ça?
- Je crois que je suis… que je suis contente de l’avoir fait.  C’était étrangement bien, avoue la rouquine.  Il a été doux avec moi, ne m’a pas serré trop fort, n’a pas été insistant ou empressé.  C’est comme si il me connaissait déjà par cœur.  Du moins, mes réactions.  Je n’arrive pas à l’expliquer.
- Je crois que je comprends, dit Fanny avec un sourire en coin.  Vous êtes peut-être juste extrêmement compatibles, dit-elle en haussant les épaules.
Elles continuent de discuter du rendez-vous de Lys et Severus pendant qu’elles préparent le repas du soir ensemble.  Vers 20h00, Fanny embrasse sa cousine et s’en va. 
- Bus, tu peux m’expliquer comment trois jours peuvent paraître si courts et si longs en même temps?  Soupire Lys après s’être mise en pyjama dans son lit.
La chauve-souris, suspendue à la tête de lit, ne peut pas vraiment l’expliquer, mais elle ressent la même chose.