Plus parfait encore

74 3 0
                                    

Lys poursuit sa routine pour les deux jours suivants avec une impatience évidente.  Ténébrus semble toujours aussi calme que d’habitude, mais pendant la journée, Lys remarque qu’il arrive parfois qu’il disparaisse de sa vue.  Mais à chaque soir, elle est rassurée de le revoir perché, la tête en bas, dans le salon, la cuisine, son bureau… enfin, là où elle se trouve.  Elle se dit qu’il doit être plus à l’aise de faire comme chez lui sans la surveiller, maintenant, et qu’il se permet de faire comme chez lui.
Si Severus s’éclipsait ainsi, c’était qu’il s’était inscrit à l’Université en tant qu’étudiant comme candidat au Doctorat en chimie à l’Université Laval.  Il avait été obligé d’y aller au moins une fois en train et en bus pour pouvoir y transplaner à son aise.  Avec ses études de Maîtrise des Potions, il avait pris aussi le cursus Moldu de la même branche.  Il n’était pas le meilleur et le plus jeune Maître des Potions que le monde magique ait porté pour rien.  Mélanger techniques Moldues et Sorcières lui avait permis d’améliorer la potion Tue-Loup, d’inventer le Véritaserum, inspiré du Thiopental, commercialisé sous le nom de Pentothal.  Bien sûr, le Véritaserum était vraiment efficace, comparé au Pentothal. 
Avec une petite mise à niveau et quelques sorts de confusion, il était officiellement inscrit sur les listes de présences de l’Université.  Étudiant à temps plein, il avait trouvé un jeune étudiant de son âge qui lui enseignait tout ce qu’il avait à savoir sur le monde numérique.  Ce garçon, Guillaume, avait bien rit en voyant son livre, Internet pour les Nuls.  Ce garçon l’avait pris en pitié.  Severus ne s’en offusqua pas.  Tant qu’il lui enseignait ce qu’il avait à apprendre.  Il suiverait 5 cours, un par semaine de chaque matière, 4 heures par cours.  À chaque matin, il passera ses avant-midis à Québec, les cours de 7h00 à 11h00, le restera de la journée, il la passera dans la bibliothèque à faire des recherches. 
À 11h00, le jour de son second rendez-vous avec Lys, Guillaume remarque qu’il a l’air particulièrement nerveux.  Mais comme Severus ne parle jamais vraiment de lui, il n’ose pas poser de question.  Dès que le cours est fini, Severus s’excuse à Guillaume en lui disant qu’il ne pouvait pas resté aujourd’hui. 
Dans un coin tranquille, il transplane au même endroit que d’habitude à côté de la maison de Lys et entre par la fenêtre légèrement ouverte.  Elle est là, en train de se préparer en chantant des chansons de Noël.  Il a un sourire intérieur en s’installant sur une branche de laurier.
- Ah!  Tu es là!  S’exclame la jeune femme avec une main sur la poitrine en sursautant.  Je croyais que tu ne m’aimais plus et que tu étais parti, dit-elle en riant doucement.
Outré par cette affirmation, Ténébrus s’envole de son perchoir et vient se poser sur l’épaule gauche de Lys.  Stupéfaite, la jeune femme ne fait aucun mouvement, pour ne pas l’effrayer.  Elle lui sourit de toutes ses dents quand la petite bestiole caresse le cou de la jeune femme avec sa petite tête poilue.
- Tu sais, si je n’ai jamais osée te toucher avant, dit Lys dans un murmure, c’est que je pensais que tu étais comme moi.  Je voulais que tu te sentes libre et je ne voulais pas t’imposer quoi que se soit.  Je suis vraiment heureuse que tu ais appris à me faire confiance.  Moi aussi, je te fais confiance.  En fait, je crois que j’ai plus confiance en toi que la plus part des êtres humains que j’ai rencontré dans ma vie. 
Touché par cette déclaration, Severus blottit son petit corps dans le cou de la jeune femme avec douceur.  Lys sourit légèrement en continuant de se préparer, la chauve-souris en boule contre la peau tendre et chaude de son cou. 
Quand il est l’heure de partir, le volatil retourne se percher sur le laurier.
- Souhaite moi bonne chance, dit Lys avant de sortir de la pièce.
C’est dans une robe chaude qui lui arrive un peu en bas des genoux, violette foncée, cintrée à la taille avec une jupe ample, des collants pour garder ses jambes au chaud, des bijoux émeraudes et un manteau vert un peu plus long que sa robe, qu’elle sort de la maison. 
Severus arrive à la crêperie quelques minutes avant elle et s’installe à la même table.  Il est autant surpris que heureux quand il voit que Lys est venue seule.  Elle se sent assez en confiance avec lui pour venir sans Fanny. 
Ils discutent de tout et de rien. Lys lui parle du livre qu’elle est en train d’écrire et Severus de son inscription à l’Université.  Lys le félicite avec un sourire rayonnant et les yeux brillants de fierté. C’est bien la première fois que quelqu’un est fier de lui.  Ses parents en avaient rien à faire et ce n’est pas le Seigneur des Ténèbres qui allait lui donner une tape dans le dos quand il a reçu son diplôme. 
Après le repas, il propose une autre fois à Lys d’aller marcher.  Elle accepte avec joie et glisse sa main dans son bras sans aucune hésitation quand il lui présente.  Lys se fait un plaisir de lui montrer les commerces et les bâtiments historiques du cartier, l’emmène dans un espèce d’atelier d’art artisanal et un petit bistro pour prendre un café. 
Soudain, Lys a un petit regard malicieux par-dessus la tasse de son chocolat chaud.
- Est-ce que ça va?  Demande Severus, incertain de ce que ce regard veut dire.
- Vous avez déjà joué au Quilles, Severus?
- Pas du tout, avoue le jeune homme.
- Vous avez envie d’essayer?
- Pourquoi pas, c’est douloureux?  Demande t-il avec un sourire en coin.
- Juste pour celui qui perd, répond Lys avec le même sourire que lui.
C’est ainsi qu’ils vont chez la jeune femme pou monter dans la voiture et se rendre dans un petit salon de quilles d’un village quelconque.  Lys avait chercher un salon de quilles ouvert quelque part où il n’y aurait pas trop de monde.  Sous prétexte que moins de gens verraient l’humiliation cuisante de Severus.  Ce dernier avait levé un sourcil en la regardant intensément.
- Vous connaissez la chance du débutant?  Avait demandé le Maître des Potions.
- Vous connaissez ce truc qu’on appelle…  comment déjà?  Ah! Oui, l’expérience.
Elle se sentait assez à l’aise pour le narguer, c’était en bonne voie. 
- Vous pouvez me tutoyer, si vous voulez, avait dit Lys en conduisant.
- Si tu le fais aussi.
- Marché conclu.
Pendant le trajet, la musique de Noël en fond, après une heure de route, ils arrivent devant un immeuble pas très haut, mais fait en longueur.  Une fois à l’intérieur, Lys prit une allée de quilles et donna leur nom pour le compteur de points.  Comme il n’y avait que trois lettres qui entrait sur la ligne de nom, c’était écrit Lys et Sev.  La jeune femme rit doucement en se rappelant que c’est comme ça qu’elle l’avait appelé devant Fanny. 
La rouquine explique les bases de ce jeu au Maître des Potions avant de prendre une boule, mettre ses trois doigts dans les trous et la lancer sur l’allée.  Elle fait directe un abat.
- Tu peux faire mieux?  Demande la jeune femme en levant un sourcil avec un rictus.
- Je peux essayer, dit-il en la regardant intensément. 
Il en prend alors une et met ses doigts dedans.  Il s’installe devant la ligne de tire en regardant Lys.
- Tu veux que je t’aide?
- J’aimerais bien, en effet.
Sur ce, elle s’installe derrière lui, lui montre comment placer ses jambes, ses épaules et ses bras.  Elle passe ses mains légèrement sur lui, sans appuyer ou les laisser trop longtemps au même endroit.  Mais son toucher, bien que léger et hésitant, est des plus agréable.  Severus n’a jamais été du genre tactile dans sa vie.  Étant amoureux d’une femme qui ne l’aimait pas, devenu Mangemort et ensuite espion, les contacts physiques, il les fuyait comme la peste.  Certes, il avait eu des relations sexuelles, comme tout le monde.  Mais c’était uniquement physique, mécanique, hygiénique même.  Ses partenaires n’étaient pas là pour le combler, le satisfaire de douceur, pas de longueur en préliminaires.  Ce temps était maintenant révolus. 
Il sort de ses pensées quand les mains de Lys ne le touchent plus.  Il regrette déjà ce contact, mais sait qu’il ne doit pas insister.  Il lance alors la boule qui fait finalement un dalot. 
- Elle est belle, la chance du débutant, dit Lys en ricanant doucement.
Ce son est une musique des plus agréable aux oreilles du Maître des Potions.
- Tu as droit à un autre essais avant mon prochain tour, lui signal Lys en lui montrant l’écran des points.
Il s’élance alors avec une autre boule et fait tomber 8 quilles sur 10.
- Tu disais?  Demande Severus.
- Qu’elle était belle, la chance du débutant.  J’ai visiblement raison, dit-elle, malicieuse.
Severus lève les yeux au ciel avec un sourire en coin en allant s’assoir pour voir le prochain tour de Lys.  Elle fait un autre abat.
- Mais comment tu fais?
- J’ai été élevée par mes grands-parents et mon grand-père a toujours été un adepte de ce sport.  Alors je jouais souvent avec lui.
- Finalement, je crois que je vais effectivement vivre une humiliation publique, soupir Severus en se pinçant l’arrête du nez de sa main gauche.
- Je te promets de ne le dire à personne, lui murmure Lys en déposant une main sur son épaule.
Il tourne la tête et son regard se perd dans les yeux vert forêt de la jeune femme.  Leur visage se rapprochent et ils partagent leur deuxième baiser.  Comme après un moment, Lys ne se dérobe pas de son contact, Severus passe doucement sa langue sur la lèvre inférieure de la jeune femme, comme pour lui demander la permission.  Un éclair de panique passe alors dans ses magnifiques yeux.  Severus arrête alors tout mouvement et se recule un peu.
- Je suis désolé… je en voulais pas te faire peur, murmure le jeune homme.
- Ce… ce n’est pas toi, dit Lys, qui rougit d’embarras.  Je sais que c’Est probablement le cour normal des choses…  Mais, question contacts humains, je ne suis pas vraiment normale.
- La normalité, c’est surfait, Lys.  Nous sommes tous plus étrange que quelqu’un d’autre.  Je n’ai jamais vraiment fait ce genres de choses non plus.  Si tu ne veux plus me revoir, je vais comprendre.  Mais si tu acceptes de rester en contact avec moi, je te promets de ne jamais t’obliger à quoi que se soit.  Personnellement, j’aimerais beaucoup.
- J’aimerais aussi, dit Lys en s’assoyant à côté de lui, sans pouvoir le regarder dans les yeux.  Mais j’ai vécu des choses qui m’ont… qui m’ont marquée.  Des situation ou mon consentement était loin d’être un critère.  J’ai… j’ai fini par penser que ça ne servait à rien d’objecter et avec le temps, que mes choix de refus ne comptaient pas.  Que je n’étais juste pas autorisée à refuser ce genre de… de rapports.  Ça ne fait pas très longtemps que j’arrive à m’affirmer dans ce genre de situation.  Je ne sais pas comment l’expliquer autrement, soupir Lys en regardant ses doigts comme si ils étaient la chose la plus passionnante sur cette terre.
Severus passe alors doucement un doigt sous le menton de la jeune femme pour qu’elle relève la tête et le regarde.
- Je comprends, dit-il en la regardant dans les yeux.
Il essaie de faire passer toute sa bonne volonté et sa patience dans son regard.  Et il semble qu’il y soit parvenu, car moins de deux secondes plus tard, Lys était blottit contre lui.  Il passe alors un bras hésitant autour d’elle.  Il la sent se tendre un moment et se détendre doucement dans son étreinte. 
- Merci, murmure Lys, encore contre lui.
Il ne dit rien de plus, ce n’est pas nécessaire. 

Lily et TénébrusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant