Chapitre 6: Inattendu

2K 162 4
                                    

Je craignais des yeux plusieurs fois, persuadés que mon cerveau n'assimilait pas la bonne information, j'avais beau chercher une explication rationnelle je n'en trouvais aucune, comment est-ce possible, Isheer atterrit à mes cotés, fourrure fièrement dompté et regard interrogatif sûrement dû à mon regard estomaqué. Je restais plusieurs minutes sans réaction et c'est en le voyant se retransformer et se diriger vers la trappe du bâtiment que je réalisais petit à petit que c'était réel.

- Tu es un lion? Juste un lion. Dis- je hébété .

Isheer tourna sa tête dans ma direction avec un air blessé.

- Je suis un très bel animal, merci de me dévaloriser ainsi. Répliqua Isheer en croisant les bras sur son torse.

- Pardon, je ne voulais pas dire ça de cette façon je suis juste étonné. Enfin ton odeur est si particulière , et ce n'est pas celle d'un lion. M'excusais-je  rapidement.

Isheer leva un sourcil surpris .Puis haussa les épaules avec indifférent.

C'est sans doute parce que je suis plus fort que ceux qui tu as rencontré. Répondit-il avec prétention en ouvrant la trappe.

- Mouais.

Je n'étais vraiment pas convaincu par sa justification. Mais j'étais rassuré qu'il ne me tiennes pas rigueur sur mon offense à propos de sa transformation. Critiquer un métamorphe sur sa forme animale est pris très au sérieux, par conséquent il arrive souvent que de violente bagarre éclate pour cette raison et même si je pensais qu'il était une créature plus imposante me battre contre un lion n'est pas pour autant moins dangereux.

Je suivis donc Isheer et nous nous retrouvions dans un couloir délabré où se trouvaient trois portes d'appartements en bois vieillis et une porte en métal qui était la porte de la cage d'escalier. Les trois locataires étaient une vieille dame d'une soixantaine d'années vivant seule et qui était un peu sourde, un garagiste qui passait un peu trop de temps dans les bars  et l'appartement de notre criminel. Nous n'avions donc pas a craindre de nous faire remarquer pour l'instant et c'est en longeant le couloir que j'entendis des voix, elles étaient faibles et inaudibles pour un simple humai , mais je réussissais à les percevoir et vu l'arrêt de mon coéquipier, lui aussi . 

- C'est surement les filles qu'il cache dans la cave. Me dit -il en frissonnant.

- Ce sont bien elles . Confirmais-je en sentant l'odeur de peur s'engouffrer dans mes poumons au fur et à mesure que j'avançais.

La porte n'émit aucun bruit lorsqu'elle fut ouverte en revanche les marches en fer un peu plus et nos pas étaient mesurés pour ne pas éveiller les soupçons du proxénète. Arrivé au niveau du rez-de-chaussé je pouvais apercevoir la boutique de l'autre côté  du hall. Je fis un signe de tête à Isheer en direction du magasin pour l'informer que je m'en occupait mais il émit un refus de la tête en me pointant du doigt l'escalier pour atteindre la cave. Je fronçais des sourcils, c'était toujours moi qui m'occupais de mettre hors d'état de nuire les cibles . 

Il s'en ficha et commença à se diriger vers la boutique en m'adressant un clin d'œil , mon poing partit tout seul pour atterrir sur son épaule, il m'énervait avec son côté sûr de lui. En m'adressa un regard outré par-dessus l'épaule il continua dans sa direction et je me résignais à prendre la porte du sous sol et  descendre doucement le petit escalier de bois, l'odeur était infecte, un mélange de sang , d'excréments, de moisissures et d'angoisse. Malgré la faible luminosité qui provenait de la porte mes yeux s'adaptèrent immédiatement, le visuel n'était pas mieux que l'odeur des vingtaines de filles était attachées aux poignets et aux chevilles par de grosses cordes, leurs habits étaient pour la plupart déchirés et tachés , elles pleuraient en se recroquevillant autant que possible, le spectacle était horrible. Ce n'était pas la première fois que j'assistais a ce genre de spectacle mais jamais je ne mis habituerais, qui le pourrait .

En me dirigeant vers la première fille, à peu près la vingtaine des cheveux noirs très court , un tee-shirt gris déchiré au niveau de l'estomac et une grosse entaille aux niveaux de la cuisse droite, je sortis  mon portable pour envoyer un message à Mr Sirgel.

"Les filles sont bien là, je les fais sortir"

Je m'accroupis ensuite en face de la  première victime qui tremblait sans oser me regarder .

- Bonjour , je m'appelle Kaya, je travaille pour le gouvernement, je suis envoyé içi pour vous  faire sortir , tout va bien aller à présent . Chuchotais-je assez fort pour que toutes les filles présentes puissent m'entendre.

Les cordes n'étaient pas simples à couper, elles étaient épaisses . Lorsque j'arrivai à la treizième fille qu'un tir résonna dans le bâtiment. Mon geste se suspendit au dessus des chevilles de la femme blonde, ce ne fut que lorsque l'odeur d'Isheer se rapprocha que je repris a découper ces entraves. S'il l'avait tué cela signifiait qu'il avait récolté toutes les informations nécessaires sur ce trafic, enfin j'espérais vraiment qu'il l'avait fait.

- Tu as réussi à apprendre tout ce qu'il fallait? Demandais-je sans m'arrêter dans mes gestes et passant à la fille suivante.

- Oui ne t'en fais pas, j'ai tout. Dit-il en s'accroupissant à mes côtés en sortant un canif de sa poche.

Au moment où toutes les filles furent libres, je me relevais et me dirigeai vers l'escalier.

- Des voitures vous attendent devant le bâtiment , des agents vont vérifier votre état physique et psychologique et vos proches vous rejoindront par la suite. Dis-je calmement.

Les filles se mirent en ligne et montèrent prudemment les escaliers, la tête baissée et pour beaucoup avec encore des tremblements.

Lorsque j'émergeais à mon tour de la cave je pus observer la prise en charge des filles par des agents et médecins de l'agence qui se dépêchait de leur mettre des couvertures de survie en les installant dans de  gros 4 x 4 noir blindé.

- Elles seront surement traumatisées à vie. Fit Isheer derrière moi.

- Oui elles le seront mais ça aurait pu mal tourner à cause de toi.

- A cause de moi et pour quelle raison. Il fronçait les sourcils dans une incompréhension, qui m'énerva.

- C'était à moi de m'occuper de la boutique et de l'interrogatoire, tu devais t'occuper des filles , ton cirque aurait pu nous faire repérer et mettre en péril la mission. M'exclamais-je furieuse en me retournant vers lui .

- Tout était sous contrôle. Répondit-il.

- Ne refais  plus jamais ça. Ma voix claqua dans la nuit et je m'empressai de rejoindre une voiture sans attendre sa réponse.



La TraqueuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant