Les Contraires Font Paire

Chapitre 23

Chapitre 23

Point de vue de Lily

-Au revoir, me dit Matt en laissant ma main glisser.

Je jetai un coup d'œil à nos mains qui étaient, quelques instants plus tôt, entrelacés. Le contact de sa paume contre la mienne se remplaça par une froideur prévisible. Je mordis légèrement ma lèvre pour m'empêcher de laisser couler quelques larmes. Il était hors de question de me mettre à pleurer: ça ne ferait qu'empirer les choses. Alors, je ne prononçai plus un mot, me contentant de l'observer monter les escaliers de l'autobus avec lasse. Il devait partir. J'aurais voulu le rejoindre tout de suite et m'enfuir de tous mes problèmes. Mais selon ce que Matt m'avait dit, il avait ses propres démons à affronter au New Jersey, et moi j'avais les miens à River's Hood. Je levai les yeux lorsque je perçus un léger mouvement: Matt était assis à un banc, sur le rebord d'une fenêtre, et secouait légèrement sa main pour me saluer. Il ne souriait pas, il avait plutôt une mine déprimée. "Allez, Lily, pensais-je. Fais un effort." Je me forçai à sourire doucement en secouant la main à mon tour. Matt se mit à esquisser un léger sourire, et j'aurai voulu me retrouver dans ses bras pour l'embrasser à nouveau. L'autobus démarra et s'éloigna lentement. Je laissai mon regard perdu dans les yeux de Matt, jusqu'à temps qu'ils ne disparraissent, soyant trop loin pour les voir. Il avait promit de revenir dans deux semaines maximum. Mais c'était deux semaines de trop. Je laissai un soupir m'échapper en fixant toujours la direction dans laquelle l'autobus avait filer. Et dans la fraîcheur de cette journée, je me retrouvai sur un coin de trottoir à serrer mon manteau contre moi, seule et désespérée.

Point de vue de Parker

-N'oublies pas que demain matin tu rentres à 9h, Parks!

Je jetai un coup d'œil à ma patronne en lui souriant.

-Pas de problème, Lucie!

J'enlevai le tablier qui m'enserrait la taille et le déposai dans mon sac. Ça faisait plus de 3 ans que je travaillais ici, dans ce café, et d'aussi loin que je m'en souvienne, Lucie, ma patronne, m'avait toujours appeller "Parks". Je lui souris en sortant du café

-À demain!, lui lançais-je.

Lucie hocha la tête en me rendant mon sourire. C'était peut-être banal, mais j'adorais travailler au café et je ne quitterai mon emploie pour rien au monde, enfin pour l'instant. Je venais de finir de travailler, et j'étais un peu fatigué: j'avais hâte de me retrouver dans mon lit à écouter la télévision. Ça avait été une journée chargée et épuisante: d'abord, il avait fallu que ma sœur rapporte son copain à la maison et que j'entre dans la chambre dans un moment plutôt intime. Je me rappelais de la rage qui s'était emparée de moi à ce moment. Le voir là, dans la chambre de Lily, penchée sur elle m'avait mis en colère. Comment pouvait-il s'être permis d'entrer à la maison? Et bien je l'avais compris. La raison était aussi simple qu'absurde: il aimait ma sœur, peu importe ce que je pensais. Je l'avais vu dans la façon dont il la regardait et qu'il parlait d'elle. Si ça me plaisait? Pas du tout. J'aurais voulu qu'il quitte la vie de Lily, mais ça je ne pouvais pas, et ma sœur me l'avait bien fait comprendre. Je marchais distraitement dans le centre d'achat, regardant un peu partout. Le café dans lequel je travaillais était situé en plein cœur de la ville, dans un grand centre d'achat. Devant moi, une fille était de dos, elle marchait d'un pas plutôt assuré. Elle avait des cheveux bruns qui me faisait légèrement pensé à ceux d'Emily. Je passai ma main dans mes cheveux: Emily. C'était à la seule personne à qui je pensais depuis un bon moment. Tellement que le simple fait de voir des cheveux bruns me faisait penser à elle. Je me souvenais toujours de la fois où je l'avais revu après 4 ans, à cette fameuse fête. Elle m'avait eu l'air si fragile et maladroite, avec son petit air timide et doux, mais au fond, elle était le contraire de tout ça. Le simple fait de l'imaginer dans mon esprit me fit légèrement frissonner: je devais me rendre a l'évidence, j'aimais vraiment bien Emily. C'était bête puisqu'avant, au collège, je n'aurai jamais penser à elle comme petite copine. Maintenant qu'elle avait changé, je m'intéressais à elle, et je ne voulais pas qu'elle ne pense que je la trouvais attirante que pour sa beauté. C'était peut-être rapide, nous nous étions vus que quelques fois. Mais en moi, je savais parfaitement que ces quelques fois avaient suffi à tout mon être pour succomber à son charme. Lorsque la fille brune en avant de moi se tourna vers ma direction, je crus qu'on me jouait un tour. C'était elle? Vraiment? Je l'observai un moment avec les sourcils arqués. Et oui. C'était elle. C'était Emily. Elle me fit un sourire en me reconnaissant tout de suite et elle se mit à se diriger vers moi. J'avais l'impression qu'au fur et à mesur que nous nous voyions, elle devenait beaucoup moins timide.