Lettre d'adieux

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Voilà, on est à la fin. Et je vous dois quelques explications.

Cette lettre aurait réellement dû être une lettre d'adieux. Nombreux d'entre vous l'ont devinez mais j'avais bien prévu de me suicider. J'avais prévu de faire ça aujourd'hui exactement, je le planifiais depuis des mois. Mourir le jour de mes 25 ans ça me semblait être parfait.

J'avais pas prévu d'écrire ces lettres au début et un nouveau commentaire sur 30 lettres et l'idée de vous dire au revoir m'a poussé à le faire. Le jour même j'ai commandé ma cover et le lendemain est arrivée la première lettre. J'avais prévu de les laisser derrière moi en guise d'adieux donc, et comme je l'ai dit je voulais que mes proches les lisent aussi à ma mort.

Ecrire ces lettres ça m'a beaucoup aidé. Parce que vous avez réagi si merveilleusement. Vous vous êtes inquiétez en masse et alors même que j'étais au plus bas j'ai reçu tant de si gentils et adorables messages que évidemment ça m'a rebooster un peu. Puis écrire ces lettres ça m'a un peu aidé aussi. Il y a des choses que j'aimerais faire encore. Et puis aujourd'hui j'ai 25 ans, ça veut dire qu'il me reste un an pour vraiment faire une croix sur tous ces rêves et que peut-être je peux laisser une dernière chance à la vie. Alors voilà je ne vais pas mettre fin à mes jours aujourd'hui. Je vais essayer de vivre. Je me donne un an. Et si le 16 mai prochains rien ne change, alors je mourrais. Il n'y aura pas de lettre d'adieux cette fois, mais sachez que je vous aime.

Vous allez probablement m'envoyer des messages ou tenter de me faire changer d'avis ou me dire une fois de plus que j'ai le temps, alors laissez moi vous expliquer quelques petites choses :

 J'ai jamais été heureuse, je me suis jamais sentie aimé et cela depuis toujours. Mais j'avais des rêves et des espoirs. J'ai eu 18 ans et je me suis dit que le cauchemar était fini, plus rien ne me forçait à rester en contact avec ce qui m'avait pourri la vie jusque là. Je suis parti de chez moi, pensant que je ne reviendrais jamais vivre chez mes parents, dans mon esprit après l'Espagne j'enchaînerais avec l'Angleterre où je m'installerais, trouverais un travail, me marierais à 23 ans grand max, et à 25 ans maximum j'aurais mon premier enfant et je deviendrez mère au foyer. 

Un jour alors que j'avais 15 ans j'ai rendu sa balle à un petit garçon qui l'avait envoyer un peu trop loin. C'est un geste anodin que j'avais fait des centaines de fois. Ce petit garçon m'a fait un sourire en me disant merci, encore une fois ce n'est rien et pourtant ce moment restera graver en moi. Parce que j'en ai eu des frissons dans le creux de mon ventre. A l'époque je rêvais déjà d'être maman, pas pour toute suite bien sûr, mais c'était la première fois que cette envie devenait physique. Quand je parle de ce désir d'enfant qui n'est toujours pas comblé, qui me fait souffrir on répond toujours que j'ai le temps. Mais vous ne comprenez pas. La plupart d'entre vous vois sans doute la maternité comme quelque chose de lointain, qui arrivera, mais vous n'êtes sans doute pas prêtes. Moi je le suis. Moi je le suis depuis de nombreuses années. Et pire que ça mon corps l'est aussi, mon corps me le réclame tellement que ma soeur pense que je fais une grossesse nerveuse depuis l'âge de 20 ans. Alors vous tous, vous ne comprenez pas la douleur que c'est de se réveiller chaque matin et de savoir que dans mon ventre ne pousse toujours pas la vie. Et que rien ne me permets de croire que ce sera le cas dans le futur. C'est un poids énorme sur mes épaules, un vide terrible dans ma vie. J'en suis arrivée à un point où je ne supporte plus les enfants des autres parce qu'ils ne sont pas à moi. Où je ne peux plus croiser un bébé dans la rue sans éclater en larmes. J'en deviens folle.

Alors je me disais que j'avais le temps, quand j'avais 18/20 ans. Même après. J'ai espérer. Longtemps, très longtemps. Mais la vie a été une garce avec moi, comme elle l'avait été avant. Après l'Espagne j'ai dû retourner vivre chez mes parents. Aller en Angleterre a été très difficile et je ne m'y suis pas installé, j'y ai vécu et je sais que je ne pourrais pas y être heureuse pour moi. J'ai eu 23 ans, un jour déjà difficile mais bon je me disais que c'est pas grave je pouvais encore me marier à 24 ou même en début de 25 ans, ce serait un peu précipité mais j'aurais encore le temps si j'enchaînais tout de suite avec un enfant. Sauf que ça fait plus de 10 ans que je suis célibataire, que je n'ai jamais eu de rendez-vous galant, que depuis mes 18 ans je n'ai pas rencontrez un seul garçon que je ne connaissais pas avant et que je vis toujours chez mes bourreaux de parents et j'ai postuler et postuler à je ne sais combien d'offres d'emploi, j'ai fais quelques entretiens mais depuis mes 19 ans que je suis en recherche d'emploi je n'en ai jamais trouvé, j'ai été refusée jusque chez Macdo où on est sensé accepter tout le monde.

Lettres d'adieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant