Pdv de June
Après qu'Esther m'ait raconté que sa mère lui avait dit qu’elle partirait, nous ne nous sommes pas lâchées d’une semelle.
Nous squattons une semaine chez moi, une semaine chez elle, etc…Nous dormions -si je peux appeler ça comme ça - ensemble toutes les nuits.
Nous avons dit à tout notre entourage que nous étions ensemble. Ça s’est bien passé, par rapport à ce que je pensais.
Natalia nous a laissé tranquille. Elle ne nous a pas accordé la parole depuis la dernière fois.Les week-ends, nous faisions des escales en famille dans les grandes villes alentours ou nous partions nous baigner dans le lac du village.
Le jour où elle est partie. J’ai cru me déchirer de l’intérieur. Lui dire “adieu” a été horrible pour moi. J’en ai pleuré pendant des jours. Je faisais des cauchemards et me réveillais les nuits, trempées de sueur en criant son nom.
Je suis vite devenue insomniaque, je ne dormais plus. Je ne mangeais plus aussi et passais mon temps à pleurer.
Ma mère m’a déscolarisé pendant plus de deux semaines. J’ai vu un psychologue, de plus, mes pouvoirs ont augmenté : j’entendais les pensées des gens rien qu’en posant mes yeux sur eux.
Après ça, ma mère m’a donné l’adresse de l’école de Esther. Je lui ai envoyé une lettre.Aujourd'hui, nous sommes Mardi. J’ai repris les cours cette semaine, c'était horrible sans elle.
Il est 19h30. Ma mère ne va pas tarder à rentrer de son travail.
Pendant ce temps, je suis assise sur le sofa du salon. Le regard dans le vide. Une paquet de chips “goût vinaigre” dans les mains.
La porte d’entrée s’ouvre. Ma génitrice avance dans le salon, le sourire aux lèvres, un bout de papier à la main. Elle dit, joyeuse :— T’as du courrier, ma chérie !
Je me lève, faisant tomber le paquet par terre, et lui arrache le papier des mains.
— Fais quand même gaffe !! Je sais que ce n'est pas toi qui passe le balais mais quand même…
Je ne lui réponds pas et fonce m’enfermer dans ma chambre.
Je m’écrase sur mon lit et commence à lire les trois pages :Elle me raconte tous les jours qu’elle a passé à sa nouvelle école spécialisée. Elle raconte tout en détails.
Elle me parle de son frère -des fois très chiant mais qu’elle adore- et de l'adorable copine de celui-ci.
Elle me parle des profs, ceux qu’elle apprécie et ceux qu’elle déteste. Ceux que j’aurais adoré et ceux que je n’aurais pas aimé.
Elle me décrit les paysages : l’école se trouve au cœur d’une forêt perdue -Esther est donc aux anges-, l’école est luxueuse, pareille à une villa, les élèves sont tous intéressants ; elle s’est fait une dizaine de bons amis.
Mais elle me dit aussi que je lui manque à en mourir… Ma voix lui manque, mes “phrases philosophiques” lui manque, ma mauvaise humeur lui manque, mon corps lui manque.
Bref, elle a finit sa lettre avec un “je t’aime”.Dans l'enveloppe se trouvait aussi un coquelicot fragile et fané.
« Il faut que je lui réponde ! » pensais-je alors.
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Powers
Fantasy"Cheveux bleus" l'appellent-elles. C'est une fille qui préfère la compagnie d'un bon livre ancien à un humain. Avant ça, sa vie aurait continué à être simple. Anodine comme un grand nombre d'entre nous. Mais un accident vient la bousculer, la chan...