La deception

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Deux mois s'étaient écoulés depuis que j'avais entamé mon travail auprès des Sarrénes. Les Sarrénes, cette famille sérère du Sénégal dont le nom résonne avec prestige et grandeur. Bien que leur nom de famille soit Sarr, dans le dialecte wolof, on les désigne communément sous le nom de "Sarrénes".
Le travail manuel était ardu, mais je m'efforçais de donner le meilleur de moi-même afin d'apporter une aide à ma mère tout en comblant les désirs d'Aïcha.

Ce matin-là, je m'étais réveillé en retard, une situation inhabituelle pour moi. Je présume que la fatigue en était la cause. J'ai partagé le petit déjeuner avec ma mère, et nous avons longuement échangé sur mon travail, ma vie personnelle et bien d'autres sujets encore. Elle m'a proposé de me donner l'argent de la tontine, une somme de 150 000 francs CFA, afin que je puisse aller à l'université. Cependant, je ne pouvais décemment accepter son offre. Nous peinions déjà à joindre les deux bouts et étions lourdement endettés. Mon désir était de subvenir aux besoins de ma mère plutôt que de représenter un fardeau pour elle.

Après le déjeuner, je me suis dirigé vers mon lieu de travail. C'était un dimanche matin, et toute la famille Sarréne était présente, ainsi qu'un individu que je n'avais jamais rencontré auparavant, probablement un ami de la famille.

Moi : Assalamou alaykoum.

Patron : Aleykoum salam. Cela fait longtemps, Ousmane. Avec le travail, je suis rarement à la maison. Viens donc déjeuner avec nous. Au fait, je te présente mon neveu, Balaye, le cousin d'Aïcha.

Son épouse ajouta : "Dieukeur yonou yalla", me regardant avec dédain, comme si elle savait que j'entretenais une relation avec sa fille.

Moi : Merci, Monsieur Sarr, mais j'ai déjà pris mon petit déjeuner avant de venir.

Patron : Bien entendu, je comprends. Après cela, tu m'accompagneras en ville. J'ai besoin d'acheter de nouveaux meubles pour le salon.

J'acquiesçai d'un signe de tête, mais mon esprit était ailleurs. J'étais abasourdi, repensant aux paroles de Madame Sarr. Ce Balaye était vraiment louche, mais bon, peut-être que je me trompais à son sujet.

Ce soir-là, Aïcha, avec sa grâce habituelle, m'a gracieusement convié à une soirée. Ensemble, nous nous sommes rendus dans un établissement gastronomique, accompagnés de ses acolytes. Pour ma part, c'était une première expérience culinaire en ces lieux raffinés. Hélas, je ne possède pas les ressources nécessaires pour m'offrir de tels luxes.

En toute sincérité, les compagnes d'Aïcha ne m'inspirent guère d'affection à l'exception d'une d'entre elles, Mame Bintou, que je connais personnellement car nous étions au même lycée.
En ce qui concerne les autres, je les compare à une pomme de terre pourrie dans un sac, craignant que leur influence ne contamine inévitablement Aïcha. Je m'interroge sur le choix de fréquenter de telles personnes.

Leurs caprices et leur attachement excessif aux biens matériels ne correspondent pas à mes valeurs. Cependant, je ne veux pas, et ne peux pas, décevoir Aïcha. Dans cette relation, c'est mon modeste porte-monnaie qui en subit les conséquences les plus douloureuses. Je suis contraint de quémander encore et toujours à mes collègues de travail, ne parvenant même pas à les rembourser pour les dettes que j'ai contractées. Pourtant, ils refusent de me voir humilié et me prêtent généreusement de l'argent, tout en m'indiquant clairement que ce sera la dernière fois.

Une fois arrivés au restaurant, nous nous sommes plongés dans une conversation animée avec ses amies. Mais voilà qu'à un moment donné, elles se sont éclipsées, me laissant face à l'addition. Je me suis alors retrouvé contraint de régler une note exorbitante de 15.000 Francs CFA en une seule soirée. La colère s'est emparée de moi, même si Aïcha, dans un geste aimable, a proposé de partager l'ardoise. Pourtant, mon cœur n'a pu accepter une telle offre, car le cœur a ses raisons que la raison elle-même ignore.

Un Amour impossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant