Chapitre 15

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Le jour suivant leur retour de Paris, sous un ciel radieux, Ousmane et son oncle se dirigèrent avec respect et excitation vers la demeure d'Aïcha pour demander sa main, une étape cruciale dans les coutumes africaines où la bénédiction des parents est essentielle pour le mariage. Le droit d'aînesse prévaut toujours dans les décisions importantes, et au Sénégal, le mariage implique l'approbation familiale. Les ruelles animées de guéréo semblaient témoigner silencieusement de l'importance de cette démarche.

À l'ombre de l'arbre à palabres, symbole de sagesse et de racines profondément ancrées, les deux familles se retrouvèrent. Les salutations, empreintes de chaleur, révélèrent le lien familial naissant entre elles.

Assis dans la cour, Ousmane et son oncle partagèrent humblement le but de leur visite avec le père d'Aïcha. Les mots, soigneusement choisis, exprimaient le profond respect d'Ousmane envers Aïcha et son sincère désir de la prendre pour épouse.

Les patriarches échangèrent des regards complices, conscients que cette rencontre scellerait non seulement le destin d'Ousmane et d'Aïcha, mais aussi celui de deux familles unies par un lien sacré.

Le père d'Aïcha, écoutant attentivement, partagea son avis avec bienveillance, posant des questions qui reflétaient sa prévoyance paternelle, assurant que la proposition était guidée par des intentions pures.

Au fil de la discussion, les sourires et les poignées de main scellèrent une entente tacite entre les deux familles. Les échanges étaient empreints de respect mutuel et d'une compréhension profonde des valeurs familiales et culturelles.

À la fin de cette rencontre mémorable, une atmosphère de célébration imprégnait la cour. Les décisions étaient prises dans l'unité, les bénédictions échangées étaient comme des graines plantées pour faire éclore un amour éternel.

Ainsi, cette discussion entre les deux familles était bien plus qu'une simple formalité. C'était le début d'une collaboration harmonieuse, tissée dans les fils des traditions et des aspirations partagées. Une alliance s'était forgée, préparant le terrain pour les festivités à venir et, surtout, pour un amour qui s'épanouirait sous la bénédiction des deux familles.

Le lendemain, de retour à Saly, les préparatifs du mariage commencèrent dans l'effervescence typique des unions sénégalaises. Ousmane était déterminé à faire de cet événement une célébration inoubliable, mais avant tout, il devait s'acquitter de la dot, une étape incontournable dans les mariages sénégalais. Elle est de rigueur dans tous les mariages au Sénégal, c'est un peu devenu obligatoire de donner une somme importante à sa future femme et la société veille à ce que ce soit fait devant une délégation de la mariée. C'est une reconnaissance en quelque sorte et aussi un moyen de permettre à sa future femme de bien préparer son trousseau pour le mariage.

Une semaine après la rencontre avec le père d'Aicha, les festivités débutèrent par une cérémonie de Khitbah, où les familles d'Ousmane et d'Aïcha se réunirent pour officialiser l'engagement devant Dieu et les hommes. Dans un cadre chaleureux, empreint de tradition, les aînés discutèrent des conditions du mariage, scellant ainsi l'union naissante.

En suivant les coutumes sénégalaises, Ousmane organisa une cérémonie de "Jour d'Après," où les familles se rencontrèrent pour planifier les festivités à venir. Dans cet échange de bénédictions et de joies partagées, l'excitation monta d'un cran.

Le jour tant attendu d'Aïcha était empreint d'une douce mélancolie, car elle aurait souhaité la présence chaleureuse de sa mère lors de cette étape significative. Malheureusement, un coup de téléphone n'a rien pu réglé . Malgré l'abandon de sa mère, Aicha a finalement décidé de l'appeler afin de l'implorer d'assister à son mariage. Au lieu de décliner poliment, sa mère s'est mise à débiter des inepties en affirmant que le sang de noblesse ne devrait jamais, sous aucun prétexte, se mélanger au sang de la basse classe. Elle prétendait que ce mariage serait non seulement une source de ruines, mais aussi une porte ouverte aux malédictions, arguant que les forgerons portent en eux une malédiction intrinsèque. Avant de raccrocher, elle a ajouté avec mépris : "Aïcha, les chevaux ne se mêlent point aux ânes."

Aïcha ne pouvait s'empêcher de ressentir l'absence déchirante de sa mère. Les préparatifs et les festivités étaient empreints d'une teinte de tristesse, chaque rituel rappelant la présence manquante de cette figure maternelle qui aurait dû être là pour partager ces précieux moments.
Cependant, Aïcha avait la chance d'avoir la présence réconfortante de sa grand-mère paternelle, de sa meilleure amie Mame Binetou et de ses "badiénes", les sœurs de son père. Ils étaient là pour soutenir Aïcha et lui offrir leur amour et leur soutien au cours de cette période importante de sa vie.

Les festivités du mariage Sérére traditionnel commencèrent par la "Nuit du Nguel," un spectacle authentique où les rythmes envoûtants des percussions emplissaient l'air. Les invités, drapés de tenues colorées, se livrèrent à une explosion de danses et de chants, créant une atmosphère électrisante.

Le lendemain , une festive cérémonie a débuté avec un buffet à volonté et une séance de photos avec la mariée le matin. Vers 17 heures, la plupart des hommes sont retournés à leurs occupations. Les femmes, surtout les aînées entourées de griots, prennent le relais avec la tradition semi-obligatoire du "ndawtal", un don que la famille du marié offre à celle de la mariée. Bien que les cadeaux aient autrefois inclus des objets pratiques, une tendance récente montre que l'argent a pris le dessus sur les biens matériels, avec des dépenses astronomiques. Le somptueux banquet en soirée a constitué le point culminant de cette histoire d'amour, scellée par les vœux échangés entre Ousmane et Aïcha devant famille et amis.

Aïcha, empreinte d'émotion, exprima son amour à travers une déclaration touchante, à laquelle Ousmane répondit par une promesse d'amour éternel. Un nouveau chapitre s'ouvrait pour ce couple, inscrivant ainsi une page mémorable dans le livre de leur vie commune.

Un Amour impossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant