La rencontre

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Le 03 août 2009, alors que je venais juste d'avoir vingt ans . Les jours de gloire qui accompagnaient l'obtention de mon baccalauréat virent l'émergence de cet amour inopportun. Hélas, en cette période au Sénégal, les allocations académiques se firent chiches, ne pouvant combler les aspirations de chacun.

Privé des moyens nécessaires, mes aspirations d'études supérieures furent brutalement éteintes. Telle une comète déchue, mon destin prit une autre trajectoire. Je me résignai donc à embrasser la condition de jardinier au sein des éminentes "Sarrénes", troquant mon savoir pour une maigre somme mensuelle de 30 000 francs CFA. C'est demain que cette nouvelle phase de ma vie débutera..

À l'aube de ce matin, fidèle à ma routine, je me suis éveillé de bon matin et me suis dirigé, comme à l'accoutumée, vers la mosquée en compagnie de mon oncle tonton Ablaye pour accomplir la prière de l'aube. Une fois cette offrande spirituelle accomplie, je me suis hâté vers mon lieu de travail, soucieux de faire bonne impression en cette première journée.

C'est ainsi que le destin m'a conduit à croiser le chemin du patriarche, une figure éminente, respectée et sans doute enviée au sein de notre quartier, du fait de sa prospérité financière.

Moi: Bonjour, Monsieur Sarr.

Lui: Bonjour, jeune homme. Tu dois être Ousmane, le jardinier.

Moi: Oui, monsieur.

Lui: Je dois m'en aller à Dakar immédiatement, mais ma femme est à l'intérieur. C'est elle qui gère les affaires de la maison.

Intrigué, je me suis dirigé vers sa femme. À ma grande surprise, elle m'a refusé l'entrée en invoquant l'interdiction réservée aux employés . Elle m'a alors exposé les tâches ardues qui constituaient le cœur de leurs responsabilités, son visage affichant une expression tendue qui a suscité en moi une appréhension profonde, au point que j'ai hésité à croiser son regard.

Moi: Quand est-ce que je commence ?

Elle: Tout de suite. J'espère que tu as bien compris que le moindre faux pas entraînera ton renvoi.

Moi: Oui, madame.

Cette dame incarne parfaitement le mépris que les riches ont envers les moins fortunés. Le monde est injuste, mais j'ai besoin de ce travail pour subvenir aux besoins de ma mère qui vit dans une extrême pauvreté. Je me répétais ces pensées dans ma tête tout en arrosant les fleurs.

Soudain, comme dans une scène théâtrale, un cortège de jeunes femmes se dressa comme un mirage, une vision féerique sans pareille. Elles étaient cinq, peut-être six, les détails s'évanouissant dans les méandres de ma mémoire. Cependant, l'inoubliable demeure, gravée comme une estampe d'une beauté indescriptible, surtout incarnée par l'une d'entre elles, que je suis sûr d'être la plus resplendissante, voire l'incarnation suprême de la grâce. Oui, la fille du patron. Lorsque nos regards se sont entrelacés, une force irrésistible a engendré un coup de foudre émotionnel, une sensation insondable dans sa quintessence. L'explication m'échappe, car cette émotion m'était totalement étrangère.

Elle fit une pause, laissant ses amies continuer à avancer tout en me regardant pendant quelques milli-secondes, avant que sa mère l'appelle en criant : "Aïcha, laisse le jardinier travailler."

Plus tard, j'entendis sa voix s'élever tandis qu'elle interrogeait sa mère sur ma présence dans le jardin. Sa mère lui répondit simplement qu'il s'agissait du nouvel jardinier de la demeure. Après avoir accompli mes tâches et quitté les lieux, je fis une rencontre fortuite sur le chemin du retour : Aïcha, la fille de mon employeur. Était-ce une simple coïncidence ou bien le fruit du destin ? La question demeure, me laissant songeur. Mais qu'est-ce donc que le destin ? Une force supérieure qui semble, d'une manière inéluctable, régir les événements de la vie humaine ; une fatalité brève et implacable.

Un Amour impossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant