Un Amour impossible

Chapitre 9

POV de Binta la mère d'Aicha :

Je me rends compte que mes propos peuvent susciter l'indignation, mais je les assume fièrement, avec une honnêteté sans faille. Je suis consciente que mes pensées ne sont pas moralement correctes, mais il m'est impossible de tomber amoureuse d'un homme dépourvu de richesse, même s'il possède les traits séduisants du prince de Bel air. Une telle personne ne parviendrait guère à éveiller le moindre intérêt en moi. En revanche, un homme, même dépourvu d'attraits physiques, mais doté d'une fortune, pourrait faire naître des sentiments amoureux à mon égard. Pourtant, je ne peux prétendre posséder moi-même une telle richesse. Toutefois, il y a aussi la pression sociale exercée par ma famille. Je sais pertinemment qu'il existe des professions qui ne seraient jamais acceptées, et certains membres de ma famille n'hésiteraient pas à critiquer mes parents en insinuant qu'ils ont "acheté" un époux pour leur fille. "Ma fille a épousé un chirurgien, et toi, ta fille a épousé un... Impossible." Je vous prie donc de ne pas me juger, même si Mamadou Sarr est aimable et séduisant, mon amour s'est volatilisé depuis qu'il est plongé dans la ruine. Je suis pleinement consciente de ma matérialisme et je sais que cela ne peut être considéré comme une vertu. Toutes mes amies me le font remarquer, cependant, pour moi, un homme se doit d'être fort, puissant et riche, ou du moins disposer de ressources financières suffisantes. C'est ainsi, c'est ma nature profonde.
Cependant, je ne manifeste aucun désaccord quant à l'établissement d'amitiés avec des individus dépourvus de fortune. L'essentiel réside dans le fait qu'ils n'appartiennent pas à la classe ouvrière, car comme on dit, "les chevaux ne se mêlent pas aux ânes". J'ai une amie Oumou qui exerce la profession de concierge, mais elle est d'origine noble. Ainsi, ma préoccupation en matière de relations amicales ne réside pas dans la richesse, mais dans le maintien de la hiérarchie sociale, où chacun demeure à sa place ; les forgerons avec les forgerons, les griots avec les griots, et ainsi de suite.

Auteur
Binta, tiraillée entre ses aspirations matérialistes et les liens familiaux, a succombé à la tentation de l'argent au détriment de sa famille. Lorsque l'entreprise de son mari, Mamadou Sarr, a sombré dans la faillite, Binta Sarr a été envahie par l'anxiété et la peur de l'incertitude. La pression sociale et les jugements de son entourage ont exacerbé ses craintes et l'ont poussée à faire un choix .

Dans un moment de faiblesse et de désespoir, Binta a fait le choix d'abandonner son mari et sa fille pour rechercher une stabilité financière. Les promesses de richesse et de sécurité que lui offrait un autre homme ont ébloui son esprit tourmenté. Elle a cru que ce nouvel amant, dont les moyens financiers semblaient plus solides, lui apporterait le confort et le statut social qu'elle désirait ardemment.

Ce départ abrupt a laissé Mamadou Sarr dévasté et Aicha profondément blessée. Mamadou a dû se relever seul, affrontant la douleur de la trahison et le fardeau de la responsabilité parentale. Malgré la déception et la tristesse qui l'ont envahi, il s'est investi corps et âme pour assurer le bien-être et l'éducation de leur fille bien-aimée, Aicha.

Quant à Aicha, elle a dû affronter les conséquences déchirantes de l'abandon maternel. La tristesse, la confusion et le sentiment d'abandon ont teinté son parcours de vie. Elle a appris à se construire une identité forte et indépendante, se nourrissant de l'amour et du soutien de son père. Malgré tout, l'absence d'une mère aimante a laissé une blessure profonde en elle, l'obligeant à chercher la compréhension et la guérison tout au long de son cheminement personnel.

Binta, en revanche, s'est enorgueillie sur le sentier de l'opulence financière, mais cette quête insatiable a cruellement ébranlé son âme. Il lui faudra réaliser, peut-être trop tardivement, que les trésors matériels demeurent impuissants face au gouffre béant laissé par la déchirure familiale.