Chapitre 9 / Un massacre

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 Le dimanche matin, je me réveillais dans un appartement toujours vide. Il était presque midi dans un silence de morts. Je déjeunais mes céréales sur le balcon malgré le froid du mois de novembre, étendu sur les sièges d'extérieur.

Pris d'une impulsion incontrôlable, je me mis à penser, sans pouvoir penser à rien d'autre, à Sergueï et à la raison de son emprisonnement. Après tout, je ne le connaissais pas, nous n'avions pas vraiment eu le temps de parler au Saphir. Rien ne me prouvait qu'il n'était pas un homme dangereux, peut-être même pire qu'Akim.

Mon PC posé sur mon ventre, allongé en travers de mon lit, j'hésitais une seconde avant de taper son nom et celui de notre ville. Il avait été incarcéré deux ans après Akim, n'avait même pas dix-huit ans.

Massacre de sa famille. Il avait tué son père, sa femme et le fils de cette dernière, de trois ans son cadet. Seule sa petite sœur, âgée de cinq ans avait survécu, cachée dans sa chambre, mais avait pris de sacrés coups tout de même. Elle avait dû être hospitalisée, pour ses blessures et le traumatisme. J'avais le même âge qu'elle quand Akim a été arrêté. Qu'était-elle devenue ? Que lui avait-on dit ?

Il les avait tués de sang-froid, brutalement, apparemment sans préméditation. Un coup de pression, un craquage ?

Le procès là encore avait été rapide et très médiatisé le temps de l'affaire. Puis comme tous les autres, cela s'était essoufflé. Après tout, il avait tout avoué, sauf le meurtre de son demi-frère, clamant qu'il avait cherché à le protéger, que les monstres, c'étaient ses parents, pas lui. Qu'il avait voulu protéger sa sœur, encore une enfant, préférant qu'elle grandisse loin de lui, dans une famille saine et qui l'aimerait. Alors il fut condamné, et l'affaire tomba dans l'oubli collectif ; une de plus parmi tout ce qui arrivait tous les jours.

Je cherchais plus d'informations sur sa sortie mais ne trouvait qu'un article minable d'un journal local. Il sortait après avoir purgé sa peine et obtenu un rabais pour bonne conduite et pouvait dire merci à un très bon avocat. On l'avait innocenté en effet pour le meurtre de son demi-frère, on évoquait à peine sa sœur depuis placée chez ses grands-parents qui, ayant maintenant grandi, avait pu témoigner en sa faveur. Le fond de l'histoire ne restait pas bien clair, sa libération semblait moins phénoménale que l'arrestation. Pour le collectif, il restait cet homme qui avait tué se parents sans même être majeur, au milieu d'un bain de sang.

Je refermais mon ordinateur sans en savoir plus, hormis qu'il avait tué des gens. Akim avait tué des gens ; pas les mêmes, pas de la même façon. Je restais un long moment inerte, à attendre. Quoi ? Rien. Pas même que l'on vienne me dire que tout cela était faux, j'y croyais. C'était bien lui, même si sur les photos il était bien plus jeune, plus frêle même s'il restait impressionnant.

J'attrapais mon téléphone, lançais l'appel, le téléphone vaguement coincé sur mon épaule, glissant à moitié dans ma couette.

« Allô ? Myron ?

- Je pourrai te parler ? »

Poupées Russes [BxB]  AUTO-EDITEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant