Voici une nouvelle fiction ! Avant toutes choses, un petit avertissement; cette histoire aura un rythme, un langage et des passages plus brusques, violents, grossiers. Je le sais, cela fait partie de l'histoire et des personnages. Des passages sexuels seront clairement explicités, si cela vous gêne, il vous faut partir maintenant. Pour les autres, bonne lecture !
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Akym et moi avons dix ans d'écart, et pas le même père.
Le père de Akym est mort, le mien est inconnu. Maman m'a dit qu'il était américain, de New-York, et travaillait dans les affaires. Puis papa était brésilien, il faisait de la photo. Puis de l'est, il avait fui la guerre. Papa changeait d'origine tous les ans, et souvent, au gré des amours de maman pour un acteur ou une vedette. Ma mère était fan de Nicos Aliagas ; papa était grec. C'était aussi simple que cela.
En réalité, papa s'appelait Kerim Kalamovitch, il était mécanicien d'engins lourds, il n'avait pas fui la guerre, mais ma mère mythomane, mon frère fou, et du coup, moi, innocent. J'appris la vérité à douze ans, sans plus d'émotions finalement, moi qui ne m'étais attendu à rien après tellement d'histoires. Mais ça, c'en était une autre d'histoire.
J'avais cinq ans quand Mme Cary, ma maîtresse de maternelle est venue me chercher dans la cour de récréation alors que j'attendais mon tour de toboggan. Sa main fine et chaude, elle avait serré la mienne très fort et j'avais essayé de me dégager mais elle avait serré plus fort pour m'amener dans le hall de l'accueil. Maman était là, entourée de deux policiers, et elle pleurait. Akym était là aussi, et lui ne pleurait pas. Pourtant, lui aussi était entouré de policiers, les mains attachées dans le dos.
« Viens là p'tit frère, serre moi fort, parce qu'on m'emmène dans un endroit spécial. »
J'ai serré mon frère, très fort, de mes petits bras potelets d'enfant, et moi aussi j'ai pleuré. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait, je pleurais parce que maman le faisait et Mme Cary aussi, que les policiers me faisaient peur, et que Lola Duquesne m'avait piqué mon goûter ce matin-là.
« N'écoute pas les gens et ce qu'ils disent sur moi p'tit frère. Je t'aime.
- T'aime Akym. »
Mon visage ravagé de larmes, je lui faisais des adieux humides et morveux. Il ne put pas ébouriffer mes cheveux comme il le faisait d'habitude comme il était menotté. Et les policiers l'ont emmené, maman m'a pris avec elle pour rentrer à la maison. Elle a pleuré toute la journée, puis celle d'après, puis toute la semaine. J'ai pleuré aussi, un temps.
J'avais cinq ans quand Akym, mon grand frère, mon modèle, a été arrêté, au milieu de la rue, avec deux autres garçons de son âge ou presque. Procès expresse, centre de redressement fermé, puis transfert en prison quand il eut l'âge. J'avais fini par apprendre que c'était là, « l'endroit spécial », où il était parti. Que c'était l'endroit où l'on met les gens qui sont méchants, dangereux. Si j'étais d'abord trop jeune pour lui rendre visite, je refusais ensuite de moi-même de le voir.
Il m'avait demandé de ne pas écouter les autres, mais ce n'était pas facile, quand les autres ne vous en laissaient pas le choix. Et quand on en parle partout. Et quand l'affaire est aussi lourde. Aussi horrible. Tout le monde savait, alors j'ai fini par savoir aussi.
J'avais neuf ans, quand une graine de ressentiment, de haine, de dégout, est née en moi. Maman pleurait encore son fils bien aimé sur l'autel de la justice qu'elle jugeait injuste, refusant de toucher à sa chambre, d'entendre son nom prononcé d'une bouche impure. Mon enfance a été sacrifiée à ce frère absent, on m'associait à lui, on ne me laissait jamais oublié qui il était, ce qu'il avait fait.
Alors j'ai tout fait pour que la vie m'épargne, que le destin oublie cette parenté que l'on m'imposée. J'ai travaillé comme un forcené pour doubler ma moyenne et être le meilleur, toujours, en tout, j'ai sauté une classe et me suis inscrit dans toutes les options que mon emploi du temps pouvait supporter, j'ai obtenu une bourse colossale pour aller dans un lycée privé où personne ne me connaissait, ne connaissait le lien qui m'unissait à Akym. Jamais ce nom n'a franchi mes lèvres. J'étais un autre, un inconnu au milieu de la foule, frère de personne. J'aimais ce lycée où seule la popularité importait et où je m'efforçais de n'être justement personne.
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Poupées Russes [BxB] AUTO-EDITE
Fiksi UmumSi Myron a toujours refusé d'être un Volk, un "loup", cette meute qui a mené son frère en prison, aujourd'hui tout se remet en question. Par peur de son frère Akim, par amour pour Sergueï, jusqu'où Myron est-il prêt à aller pour sa liberté ? Après...