Vendredi soir, 22h47
Le Saphir
Centre-ville
Le saphir était une boîte minuscule, mais pourtant toujours remplie. Située en plein centre-ville, beaucoup de gens comme nous venaient à pieds, l'alcool n'était pas cher et même si la musique n'était pas géniale, elle était dansante.
Comme toujours, il paya le videur pour que nous puissions rentrer tous les deux. La musique me fit battre en entier, tout mes organes en rythme, le plancher lui-même vibrant sous nos pieds. Les tables et la piste de danse étaient remplis, le bar était encombré. Dans le vacarme de l'endroit, Antoine me désigna une table haute, vide, avec deux tabourets.
Antoine gigotait sur sa chaise en rythme avec la musique, la main autour de son verre. Il en était au deuxième, moi au troisième en moins de vingt minutes. Je sentais que l'alcool me montait doucement à la tête, mes mains cessèrent de trembler, je me sentais détendu. Il scruta la salle depuis la petite estrade où nous nous tenions, il passait d'une personne à l'autre, d'un regard qui juge, sans arrêter de bouger.
Mais j'étais concentré sur une personne qui ne fut d'abord qu'un dos moulé dans une chemise noire et un cul à se damner dans un slim gris. Puis la personne se retourna, le dos devint une montagne de muscles, et deux yeux que même de loin, je devinais être d'un bleu cæruleum, vibrant et incroyable. Deux yeux qui, parmi la foule, me trouvèrent aussi, me détaillaient sans vergogne. Je finis mon verre cul sec, pour que ce soit l'alcool et non lui qui me donnait aussi chaud, qui me faisait ressentir cette sensation si grisante dans mes reins.
Antoine soupira bruyamment en face de moi en me lançant un regard de chien battu.
« Viens danser avec moi ! »
Je rigolais sans même m'en rendre compte, je me sentais flotter sur un nuage de vodka.
« Moi avec toi ou toi avec la jolie blonde là-bas ? »
Il n'avait pas besoin de suivre mon regard pour savoir de qui je parlais et ne pris d'ailleurs pas la peine de me répondre, il me tira par les bras pour que je me lève. Je le suivis sans résister jusque sur la piste de danse où nous nous faufilâmes entre les corps enlacés qui se déhanchaient, indifférents à notre passage. Je n'aimais pas la foule, mais parmi eux, je cherchais un regard qui attirerait le mien encore une fois, je cherchais une chemise noire qui avait déserté le bar à peine avais-je tourné les yeux. Je sentais la présence d'Antoine au milieu des autres, je sentais encore son parfum, je savais que c'était lui qui frôlait mon bras. Mais il suivait des yeux une petite brune désormais, engoncée dans une robe d'un rose criard que je trouvais horrible. Ses courbes me laissaient indifférent, son sourire me laissais froid, je trouvais son maquillage plat et inutile. Elle ne me voyait pas, n'avait d'yeux que pour lui de toute façon. Et en coup de bassin, un mouvement de jambe, il disparut dans la foule pour la rejoindre. Je regardais une seconde leur petit manège, le jeu de séduction qui commença, comme il n'osait pas encore trop s'approcher d'elle et comme son regard brûlant à elle évitait le sien. Puis en un clignement d'œil, ils n'étaient plus là, disparus dans une étreinte qui les fondit dans les autres couples.
J'avais envie de sortir de là, de remonter à notre table, ou mieux, de sortir m'en griller une. Mais je n'eus pas le temps d'y songer plus longtemps, deux mains se posèrent sur mes hanches iridescentes. Je tournais doucement la tête, presque peu intéressé par la personne, car je sentais que les mains étaient masculines et c'était tout ce qui me convient. Mais par-dessus mon épaule, c'étaient deux yeux terriblement bleus. Un bleu comme je n'en avais jamais vu, surtout de près, surtout frangés de cils bruns très fournis. Un sourire vorace sur le visage diaphane et glabre qui me dévorait littéralement. Son parfum entra en moi, comme un souffle nouveau, piquant, un coup de poing qui m'anesthésia le cerveau. J'avais chaud.
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Poupées Russes [BxB] AUTO-EDITE
Ficción GeneralSi Myron a toujours refusé d'être un Volk, un "loup", cette meute qui a mené son frère en prison, aujourd'hui tout se remet en question. Par peur de son frère Akim, par amour pour Sergueï, jusqu'où Myron est-il prêt à aller pour sa liberté ? Après...