Chapitre 7 / Le retour du roi

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Avant Akim, il y eut Dimitri. Dimitri, qui, bien avant ma naissance réussit à instaurer dans le quartier de la Maladrerie, la Mafia Russe. De nombreux refusèrent d’y croire, de prendre au sérieux cet homme qui ne sortait de nulle part et se prenait soudain pour le Tsar devant qui il fallait plier le genou. Mais notre ville connu bientôt une vague de crime, d’agression, de meurtre, tous plus violents, plus sanglants, plus spectaculaires les uns que les autres. Et on prit Dimitri au sérieux. Il fallut près de vingt ans pour l’arrêter

On le dit fou, haineux envers le monde entier, on le dit fils du démon, réincarnation d’Hitler, raciste, antisémite, homophobe, et bien d’autres choses. Il n’était en tous cas pas fou. Dimitri réussit à rallier bien des gens à sa cause. Certains par choix, par admiration de ce qu’il était ; intelligent, calculateur et amateur d’art. D’autres, par peur de ce qu’il était ; froid, sanguinaire et effrayant. Dimitri installa un climat de peur et de respect de sa personne à la Maladrerie et bien au-delà. Les petites guerres de clan qui existaient jusque-là n’avaient soudain plus aucun sens face à son règne. Tous ceux qui ne rentraient pas dans ses rangs et qui croisaient son chemin, méritaient de mourir. Et ceux qu’il appelait ses disciples s’en donnaient à cœur joie.
Et ainsi arriva Akim. Il n’était certes pas le seul à avoir rejoint les rangs, mais il était le meilleur.

En prenant la place de Dimitri, Akim ne se fit pas que des amis. Comme son maître, il réussit à rallier plusieurs personnes à sa cause, parce qu’il arrivait à se faire craindre et respecter et arrivait à faire plier bien des gens sous son autorité. Quand Akim fut arrêté, il était évident que beaucoup de personnes furent soulagées de le voir partir, persuadé qu’il n’était pas près de revenir, et que même alors, quelqu’un d’autre aurait pris sa place. Mais personne ne le fit. Akim avait quinze ans, quand le tribunal, au vu des faits qui lui étaient reprochés et de la gravité de ceux-ci, décida de le considérer comme adulte au regard de la loi. La peine qui fut prononcée, le condamnant à dix ans de prison ferme dès sa majorité, en plus des trois ans d’enfermement dans un centre pénitencier pour jeune délinquant, et de la conditionnelle restrictive qu’il subissait maintenant, semblait avoir dissuadé tout successeur. Mais aujourd’hui, Akim revenait comme un roi, qui savait que son trône était resté inoccupé, et ainsi ; il le récupérait.

Salon de l’appartement
19h36

Je sentis le bras d’Akim s’abattre sur mes épaules, m’attirant vers lui. J’étais incapable de bouger, de réagir, quelque chose en moi semblait tourner de travers soudain. 
Ça, c’est Myron, mon petit frère. Et ça, c’est Volk, qui sera chargé de veiller sur toi.
-Pardon ?”
Je m’éveillais, me dégageant de l’étreinte de mon frère. “Volk” lui ne bougea pas, le regard incroyablement froid qui me perçait de là où je me tenais. Il n’était pas le même, je me trompais, le confondais. Pourtant c’était presque la même chemise, c’était bien la même carrure qui glaçait d’effroi rien qu’à le voir. Ca ne pouvait être que lui, ce Volk. Le loup. Ce regard lupin et cette fournée animale qui le rendait terrifiant.
«  C’est une vraie tête Volk. Comme toi. Crois pas que je sais pas. Mon p'tit frère est à Sartre, au milieu de tous ces petits merdeux de bourgeois. »
Il passa mon visage entre ses doigts, déformant ma bouche comme un O de surprise.
« Tu dois en faire tomber d'la meuf. »
Je grimaçais mais cela passa inaperçu. Le regard bleu ne vacilla pas même une seconde et je me sentais minable.
« En tous cas, Volk te protégera. Certains fidèles ne semblent pas ravis du retour du roi. C’était lui qui veillait sur moi en taule, il fera pareil avec toi. »
Un violent frisson de dégoût me prit. J'étais déjà horrifié qu'il soit associé à mon frère, mais en plus, il avait sans doute commis des actes tout aussi horribles.  Et je ne pouvais croire qu’il m’avait plu, ne serait-ce qu’une seconde.

Je quittais le salon pour aller dans ma chambre, m'enfermant. Je voulais cogner quelque chose ou quelqu'un.  Comme un lion en cage, je tournais, jusqu’à étouffer. J'attrapais mes baskets, jenfilais mon short avant de repartir en sens inverse.

Mais au milieu du couloir, alors que je les pensais partis, mon corps percuta le sien. Je refusais de le regarder mais il m’empêcha de passer.
« Comme on se retrouve poupée. Le monde est petit. »
Je tentais de le repousser même si je savais le geste inutile. En effet ses deux mains me saisirent par les hanches, Il me tourna, mon dos contre le mur.
« Laisse moi passer. »
Il ne partageait visiblement pas mon avis.
« J'ai rêvé de ton odeur. »
Il plongea sa tête dans mon cou, inspirant longuement. Je jetais un coup d'œil au bout du couloir, vers le salon et la cuisine pour m'assurer de ne pas voir Alim débarquer.
Sans que je ne m'y attende, il déposa un baisser des plus légers, presque un courant d'air sur ma gorge. Je me tordis entre ses mains sans pouvoir me contrôler.
«  Lâche-moi putain ! »
Je hurlais. Aussitôt, il obéit et je m’enfuis. Je me dégageais de lui et claquais la porte d’entrée de toute ma rage que je ne contenais plus.
Il me dégoutait. Je me dégoutais

Poupées Russes [BxB]  AUTO-EDITEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant