It must be love

22

Je bâillai. J'avais l'impression que mon corps était lesté. Le petit déjeuner roboratif que je venais d'avaler me pompait l'énergie au lieu de la booster.

Je rêvais d'une chose : m'allonger et piquer un somme, avec Chan Yeol à mes côtés, de préférence.

Un lit. Une petite commode. Des murs blancs, beaucoup de murs blancs. Une désagréable impression de déjà vu.

Nous revoici donc à la case départ ? Non, il était hors de question que tout celà recommence une nouvelle fois, nous devions aller de l'avant et au plus vite. Nos jours étaient comptés.

*****

« - Tu penses sortir d'ici rapidement ? »

La voix de Chan Yeol me sortit soudainement de mes pensées, me faisant sursauter par la même occasion.

« - On verra bien. » Soufflai-je en ramenant mes genoux contre mon torse, toujours assis sur le lit de l'étroite chambre immaculée.

Nous étions le lendemain de l'altercation qui avait eu lieu au Lycée. Chan Yeol avait lui aussi passé la nuit à l'hôpital, insistant lourdement pour rester à mes côtés, ce qui n'était pas pour me déplaire.

Ses parents avaient bien sûr été mis au courant des événements de la veille, comme quasiment toute la ville et une bonne moitié du pays, si ce n'était plus. Il faut dire qu'un étudiant pétant les plombs dans l'enceinte d'un Lycée avec un flingue entre les mains était plutôt chose rare ici et cela ne pouvait passer inaperçu.

Heureusement pour nous, notre identité n'avait bien sûr pas été divulguée, ce qui était plutôt rassurant pour l'avenir.

En l'espace d'un mois, ma vie avait complètement basculée. J'en venais même à regretter les moments où l'on m'extirpait de force de mon lit pour aller au Lycée, comme tout banal étudiant.

Je n'osais pas le dire à Chan Yeol, mais je voulais tellement que l'on me diagnostique une maladie incurable. Que celle-ci m'emporte dans les minutes qui suivent, balayant tous ces atroces souvenirs sur son passage. Était-ce seulement trop demander ?

« - Tiens, bois, ça va te faire du bien », me dit-il avec son sourire idiot sur les lèvres, déposant une tasse sur la petite table à côté du lit.

L'odeur du café était plus qu'alléchante, mais je savais pertinemment que le liquide était bien trop chaud pour être bu. Je fis signe à Chan Yeol de s'installer à côté de moi et déposai le sommet de mon crâne contre son torse, prenant le temps d'apprécier chaque battement de son cœur.

Il faut dire que rester ici des heures et des heures à regarder la ville par la fenêtre, ça vous mine le moral.

« - Tu es sûr que c'est une bonne idée de rester ici ? Je veux dire... Rester enfermé, sous surveillance... Je ne pense pas que ce soit la bonne solution, murmura-t-il doucement contre mon oreille, me provocant des frissons à chaque syllabe prononcée.

- Je ne sais pas qu'elle est la bonne solution. »

Il se redressa un peu plus contre le matelas, prenant appui sur son coude gauche et se mit à me fixer d'un air dubitatif.

Je faillis éclater de rire mais me retins. Ses expressions et ses réflexions étaient parfois incroyablement matures. J'avais quelque fois l'impression d'avoir en face de moi un grand-frère, alors que nous avions tous les deux le même âge.

Il était probablement la seule issue à tous les malheurs du monde, la seule promesse de retrouver un jour un semblant de sérénité.

« - Chan Yeol...