Le camp des draveurs

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      La brume matinale dansait encore sur l'eau de la rivière aux endroits les plus calmes de celle-ci. Aucune brise. Le matin en était un humide et au loin, à l'horizon, se levait le soleil tout juste derrière les montagnes, donnant par sa couleur l'impression que ceux-ci étaient occupés par un incendie de forêt, mais sans la dense fumée. C'était le matin où le premier meurtre fut découvert. Le randonneur David Fournier se trouvait sur le sentier des chutes à Bull, à Saint Côme. Un endroit magnifique longeant une rivière qui fut jadis, un passage de tronc de bois contrôlé par des draveurs. L'un d'eux y avait d'ailleurs trouvé la mort en 1910. C'était un endroit où l'on pouvait croiser quelques petites falaises sur un côté de rivière, des cascades et une chute d'eau de 25 mètres de hauteur. Des paysages impressionnants et à la fois si paisibles. Le randonneur connaissait le sentier pour s'y être aventuré tous les matins depuis une semaine. À moins d'un kilomètre de lui se trouvait un petit chalet de bois rustique appelé le camp des draveurs, en hommage aux travailleurs d'autrefois. Le randonneur, originaire de la France et en visite au Québec, avait l'intention de s'y reposer. David était en voyage d'affaires pour conseiller de jeunes entrepreneurs dans une entreprise construisant des escaliers de bois. Mesurant 1 m 70, père de deux magnifiques enfants, Shana et Anaïs. Ses enfants étaient restées avec Noémie, sa femme, en France. Quel endroit merveilleux avec, pour accompagnement à sa marche solitaire, le son de la rivière en cascades et un écouteur sur une oreille, jouant du rap ; sa musique favorite.

Devant lui, dans le sentier, un objet. Quelque chose qui ne s'y trouvait pas habituellement. Une statuette directement placée dans le milieu du sentier. Une statuette de nain qui était là, sur le chemin, en ce matin de juin. David s'arrêta devant la petite statue qui ne dépassait pas 30 centimètres de hauteur. Peinte avec des couleurs vives et presque à la perfection. Le randonneur chassa quelques moustiques qui rôdaient autour de lui, avec l'une de ses mains qui fendaient l'air. Il roula les manches de sa chemise, laissant voir l'expression carpe diem tatouée sur son avant-bras. Il se pencha et prit sa trouvaille dans les mains, avant de poursuivre son chemin, tout en regardant cette chose étrange. Après une minute de marche, à nouveau il vit un nain de jardin. Il regarda autour de lui. Rien. À cette heure matinale, il n'avait vu aucune voiture dans le stationnement de l'accueil. Un de plus, mais cette fois-ci, il déposa celui qu'il avait en main sur l'herbe, à droite du sentier, près d'un plant de bleuets sauvages. Il ramassa le second pour le mettre avec le premier, se disant qu'il les ramasserait au retour. Durant ce kilomètre, pour le moins étrange, qu'il parcourut, sept nains furent retrouvés tout au long du sentier. Le dernier, il le trouva sur le perron du camp des draveurs, là où il désirait se reposer. Il ouvrit la porte, puis s'immobilisa immédiatement. Une personne se trouvait devant lui.


L'affaire WaltOù les histoires vivent. Découvrez maintenant