Amarock (gigantesque esprit du loup)

10 1 0
                                    


     Il déchira un bout de lettre, un vieux papier jauni sorti du tiroir de son bureau. Sur celui-ci était écrit :

« Elle l'a vu, mais n'a rien dit. Elle a fait comme si rien ne s'était passé. Personne ne m'aidera ici. »

Assis sur une chaise de bois, un bout de tissu à la main, il entreprit de coudre. Une larme ruisselait sur sa joue. Celui qui avait confessé un meurtre s'apprêtait à en commettre un autre, le soir même de ce 31 octobre, jour d'Halloween, quatre mois après le premier. À la radio, près de lui, jouait un air qu'il ne connaissait pas par cœur, mais qu'il fredonnait quelque peu en l'entendant, sur la mauvaise tonalité et presque parlé.

...Je vous parle d'un temps, que les moins de vingt ans ... Hum en ces temps-là, accrochait ses lilas la la la ... fenêtres. Il était parfois à réfléchir aux paroles et en réfléchissant, connaissait un retard sur l'air de la chanson et sur la musique. Quand 19 h 00 sonna, il terminait de concevoir une robe brune et un bonnet, dans de vieux tissus usés par le temps. Il se leva et se dirigea vers l'âtre pour y insérer quelques buches d'érable, afin de garder la maison au chaud durant son absence et aussi, pour faire cuire le petit gibier dans une marmite de fonte, placée à même une pierre plate frôlée par la braise. Dehors, il prit place à bord de son véhicule et fit une révision de l'équipement nécessaire à son meurtre. À côté de lui, un mannequin de la grandeur d'un enfant de cinq ou six ans en papier mâché, qu'il avait confectionné la semaine précédente. Un sac avec des souris mortes, une boîte avec du verre brisé qu'il avait obtenu d'une caisse de douze bières, en les brisants une fois vides sur une grosse pierre. En passant le râteau à feuilles, il avait récolté les fruits de son défoulement. Un pot de colle à base de résine de sapin recueilli sur sa terre. Une citrouille et un rouleau de corde. La robe et le bonnet, plus quelques accessoires posés sur le siège arrière, destinés à la mise en scène. Lentement, il appuya sur l'accélérateur. Il remonta le long chemin de terre, en partant de sa maison faite de rondins et, une fois rendu sur la route principale, il prit à gauche et longea la rue et les demeures de ses voisins des dix dernières années. À cette heure, plus aucun enfant ne circulait dans les rues. Déjà préoccupés, sans doute, à supplier leurs parents de les laisser manger quelques friandises de plus, récoltées plus tôt de maison en maison. Cet aspect faisait partie de son plan. Plus aucun enfant dans les rues, sauf son petit compagnon mannequin, placé en position debout sur le côté passager. Plus loin, la voiture du meurtrier tourna à gauche. S'ensuivit une longue ligne droite, croisant maintes rues transversales. L'assassin prit la bretelle d'autoroute. 30 minutes plus tard, le pick up bleu se stationna sur la rue des Pins. Dans la boîte à gants, celui qui se ferait bientôt appeler Walt dans les médias, sortit un sac de friandises assorties, puis l'ouvrit en déchirant le haut à l'aide de ses dents. De sa poche gauche, il sortit un sac de plastique pour y insérer le sac complet de friandises qu'il fixa avec la poignée, à l'une des mains du mannequin haut de 85 centimètres environ. Il observa sa montre. Elle indiquait 20 h 12.

- On attend encore un petit peu ? dit-il à son compagnon de fortune.

Une maison en particulier l'intéressait, à peine à dix mètres de sa voiture. À l'intérieur, une lumière jaillissait de la fenêtre de gauche. Son cœur battit plus rapidement vers 21 h 00. La noirceur s'était bien installée. Il était temps de passer à l'action.


L'affaire WaltOù les histoires vivent. Découvrez maintenant