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- Bonjour et bienvenue à « On parle d'actualité ». Ici Marc Chamberland, votre animateur. Merci de syntoniser votre poste de radio numéro 1 dans les sondages. Aujourd'hui, notre sujet du jour concerne l'affaire Walt. Quels mystères, tout de même ! Avec la découverte du corps sur le lac Maskinongé, nous en sommes à trois meurtres de perpétrés. Les autorités policières confirment que ces affaires sont reliées, mais refusent de dévoiler les détails. C'est quand même un secret de polichinelle que les trois premiers meurtres avaient pour mise en scène, si je puis m'exprimer ainsi, les personnages de Blanche-Neige, Cendrillon et Aladin. Mais qu'est-ce qui peut passer par la tête d'un fou pour commettre des meurtres basés sur des personnages de Disney ? Bizarre et terrifiant à la fois. Sommes-nous en sécurité et que doit-on penser de tout ça ? C'est la question que je vous pose aujourd'hui. On prend un premier appel. Bonjour, qui parle ?

- Roger.

- Bonjour, Roger, vous êtes d'où ?

- Montréal.

- Roger de Montréal, bienvenu à « On parle d'actualité ». Roger, vous pensez quoi de tout ça vous, comme citoyen ? Vos impressions sur le sujet ? Roger, je vous écoute.

- Ben moi je pense que c'est bizarre, comme vous disiez tantôt. C'est sûr que dans les deux premiers meurtres, on aurait pu penser qu'il s'en prenait juste aux femmes, mais là, maintenant, les perceptions changent avec le gars qui a été trouvé sur la glace, à Saint-Gabriel-de-Brandon.

- Bon point Roger, bon point, vous faites bien de le souligner. D'autant plus que la police là-dessus émet très peu de commentaires. D'ailleurs, l'affaire Walt en tant que telle, on en sait très peu de chose n'est-ce pas ? On nous tient tous dans l'ignorance, le plus possible, du côté des autorités policières.

- Oui, et puis, entre vous et moi, c'est assez effrayant. Je veux dire, est-ce que c'est tous les citoyens comme moi qui doivent craindre ce fou-là ? On n'est plus en sécurité nulle part en ce moment, je veux dire, une victime dans le bois en pleine campagne, l'autre chez elle en ville, et là sur un lac à côté d'un village et dans les montagnes. Je veux dire, la seule place où je me sentirais sans crainte c'est dans un avion. C'est à peu près la seule place.

- On comprend les craintes des gens, c'est certain, quand on regarde l'ensemble de toute cette affaire. En même temps, moins on en sait, plus on se pose de questions. Et plus on se pose de questions, plus les citoyens comme vous et moi, devenons tous craintifs. Ça se comprend. Merci Roger, d'avoir appelé. On passe à un autre appel. Bonjour, qui parle ?

- Je ne suis pas fou.

- Pardon ?

- Je ne suis pas fou. La personne qui vient de parler dit que je suis fou. Vous avez dit aussi, au tout début, que j'étais fou, mais je ne le suis pas.

- Qui parle, monsieur ?

- Dire mon nom serait imprudent pour la suite des choses, mais appelez-moi Walt.

- C'est une blague ?

- Non.

Il y eut un silence. À l'oreille de l'animateur, le régisseur lui dictait de poursuivre. De lui poser des questions.

- Vous dites que le tueur de cette affaire c'est vous ?

- Exact.

- OK, alors parlez-nous. Dites-nous pourquoi.

- Je ne suis pas fou.

- Oui, ça, vous nous l'avez mentionné d'entrée de jeu, mais dites-nous pourquoi, car en ce moment, si vous êtes bien celui que vous prétendez être, vous êtes une source de crainte pour tous les citoyens du Québec. Ils ont peur, et ce que vous faites est de nature horrible, monsieur. Ils veulent savoir s'ils peuvent vaquer à leurs occupations sans crainte et savoir pourquoi. Les citoyens n'aiment pas être dans la crainte et le doute.

- Il y a en chacun de nous deux loups qui se livrent quotidiennement une bataille, monsieur. Le premier représente la sérénité, l'amour et la gentillesse. Le second loup représente la peur, l'avidité et la haine. Celui qui gagne sera toujours celui que l'on nourrit. S'ils n'ont rien à se reprocher, ils peuvent nourrir le loup serein et aimant, sans crainte aucune.

- Vous ne répondez pas à ma question. Encore une fois, si vous êtes celui que vous prétendez être, auteur de trois meurtres, peut-être plus, qui sait ? Dites-nous, pourquoi vous tuez ces gens ? Vous êtes en train de dire, par votre réponse, que ces gens avaient quelque chose à se reprocher ? Acceptez-vous de nous parler un peu de vous ? Si je puis me permettre, je vous conjure de vous rendre aux autorités policières, parce que rien, m'entendez-vous ? Rien ne justifie le meurtre.

L'animateur avait une certaine nervosité dans la voix. Après tout, on ne parlait pas à un tueur tous les jours. Il n'obtint aucune réponse. L'appelant avait raccroché.

L'affaire WaltOù les histoires vivent. Découvrez maintenant