Église Saint-Joseph

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     Le géant venait de franchir les grandes portes de l'église, afin d'y faire deux confessions. Peu de gens se trouvaient à l'intérieur de cette grande église. Des vitraux magnifiques, un orgue somptueux au balcon. D'ailleurs, un homme y pratiquait une musique liturgique. Sur l'un des nombreux bancs disposés en trois sections sur toute la longueur de la salle, un homme dans la trentaine, cheveux mi-longs, était assis et récitait le Notre Père, en chuchotant la tête basse et les yeux fermés. Un homme dans la quarantaine sortit du confessionnal sur la droite et se dirigea vers le secteur où il y avait les cierges. Le curé était donc déjà disposé à recevoir les confessions de ses fidèles. Amarok entra dans la cabine d'où était sorti l'homme, quelques secondes plus tôt. À l'intérieur, une petite porte s'ouvrit sur le mur de gauche, au moment où l'amérindien posait les genoux sur le coussinet. Une odeur de cèdre régnait. Il reconnaissait cette odeur d'entre toutes. Le confessionnal était donc fabriqué de ce bois de qualité. La petite porte coulissante maintenant ouverte et ne laissant qu'un grillage entre les deux annonçait à l'arrivant que le prêtre était prêt à recevoir sa confession.

- Est-ce que vous êtes tenu au secret de confidence, mon père ? demanda le tueur.

Une voix presque chuchotante et calme lui répondit.

- Bien entendu, fils de Dieu.

- Même pour les pires péchés ?

- Oui.

- Dans ce cas, pardonnez-moi mon père, parce que j'ai péché.

- Je vous écoute.

- J'ai retourné une femme au monde des esprits. Elle ne méritait pas cette vie ici.

- Vous avez tué ?

- Oui père.

- C'est une lourde confidence.

- Elle le méritait, car elle a fait du mal.

- De quel mal parlez-vous ?

- Des sévices. Sexuels et physiques. Il y a trente-cinq années que cela a débuté.

- Je comprends ce ressentiment, mais pour ces actes, n'y a-t-il pas la justice des hommes et celle de Dieu pour les sévices que cette personne vous a fait subir ?

- Tout a été dit, mais rien ne s'est produit. Mon nom est Amarok, l'esprit des grands loups et j'ai pour quête de veiller au bien des miens. C'est ce que j'ai fait. Et pour corriger le tir, ce n'est pas à moi que les sévices ont été faits, mais à mon frère.

- Votre frère ?

- Oui, mais en souillant son sang, ils ont souillé le mien et celui de ma famille. Voilà le pourquoi de mon jugement dernier sur cette femme.

- Trente-cinq années plus tard ?

- Mon peuple dit que la vengeance est douce au cœur d'un indien. À l'époque j'avais huit ans et mon frère, onze ans. Un homme... L'émotion le gagnait. Il prit une grande respiration et continua :

- Il y avait cet homme, mais aussi cette femme, celle qui est née poussière et que j'ai retournée poussière, comme dit l'Église. Ils ont fait des choses terribles à mon frère. Cet homme était puissant et bien vu par la société, voire intouchable. Il disait à mes parents que mon frère se portait bien, mais ce n'était que des mensonges. Je recevais les correspondances de mon frère où il me décrivait les actes qu'il subissait. Mes parents ont tout tenté pour le sortir des griffes de ces ignobles, mais qui aurait cru la parole d'un autochtone, à cette époque où l'homme blanc prenait toute la place ? Cet être ignoble a fait plainte aux autorités. Notre famille a été dissoute. Ma petite sœur a été placée dans une famille d'accueil qui, heureusement, l'a aimée et chérie comme de bons parents. Moi, j'ai été aussi placé en famille d'accueil où on m'a battu. Le Tout-Puissant et cette femme, Annabelle, ont gardé main mise et libre cours à leurs vices, sur mon grand frère.

L'affaire WaltOù les histoires vivent. Découvrez maintenant