La prochaine victime

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     Annabelle Marceau était arrivée avec ses parents à un très jeune âge au Québec. Aujourd'hui, elle était une femme encore jolie malgré le début de la soixantaine. Longue chevelure teinte en blonde. Mince, peu de rides. Elle s'occupait du centre communautaire de sa région. Elle servait, cet après-midi, les repas aux sans-abris du quartier. Une soupe bien chaude pour réconforter des températures encore froides de février et du poisson avec légumes et riz, en repas principal. La file était longue. Un homme se présenta à elle pour recevoir la soupe d'orge affichée au menu du jour. Elle la lui servit avec un joli sourire. Mais l'homme resta devant elle, la fixant du regard. Il venait de retrouver sa cible après des mois de recherche. La seule qu'il n'avait pas retracée jusqu'à maintenant.

- Je peux faire autre chose pour vous, mon bon monsieur ?

- Vous êtes d'origine française ?

- Oui, mais je n'ai presque plus l'accent avec les années, répondit-elle en se méfiant du visage sévère que le géant affichait.

- Vous avez un proverbe chez vous que j'aime bien et qui dit que la vengeance est un plat qui se mange froid.

La femme et les deux ou trois personnes suivantes dans la file se regardèrent sans comprendre, mais l'autochtone continua :

- Nous avons aussi un proverbe qui, en quelque sorte, abonde dans le même sens et qui dit que celui ou celle qui sème le vent récolte la tempête.

Sur ces derniers mots, il s'étira le bras et versa au sol, au pied de la femme, son bol de soupe en la regardant droit dans les yeux. Il déposa son bol et quitta l'endroit, sans que personne ne puisse dire un mot, craignant la forte stature de l'homme à la longue tignasse noire.


L'affaire WaltOù les histoires vivent. Découvrez maintenant