Les aventures de Valentin - Vald

Flou

Pdv VALD

Tout est calme. La lumière traverse mes paupières, les bruits de la jungle mes oreilles. La fameuse « Clawid » doit se réveiller tous les jours avec ça. Elle a de la chatte. J'écarte mes draps, mes pieds cherchent le contact du sol et j'ouvre enfin les yeux. Merde, il est que 7h. Putain de décalage horaire. Les gars ont picolé toute la nuit et vont surement se lever plus tard. Si seulement j'avais du shit histoire de faire passer le temps. Mais non, je vais me contenter d'une douche et d'un petit dej.

Une heure plus tard, personne n'est levé, je me fais chier et ressasse des idées noires.

Y'a rien de mieux que la célébrité pour se sentir seul. Mes gars sont là, autour de moi en permanence, les journalistes ont les yeux braqués sur moi, les fangirls et les enfants aussi. Ça me donne juste envi de me tirer une balle. Je me lève mécaniquement et regarde par la fenêtre. Je vais aller faire un tour.

Marcher dans la jungle me fait du bien et à part quelque piqures de moustiques aux chevilles, je m'en sors pas mal. Je me souviens vaguement avoir entendu Merkus dire aux autres qu'il fallait se couvrir les chevilles dans la jungle mais je m'en bat les couilles. Je croise quelques serpents et pleins de trucs que j'avais jamais vu. Quand je reviens à la villa deux heures plus tard, j'ai le sourire. Les autres sont levé et je répond positivement quand ils me demandent si je suis prêt à enregistrer. Marti et Seezy sont déjà en train d'installer l'isolation à base de coussins de la cabine. Tout se met en place pour que je puisse niquer ce putain de game une nouvelle fois. Je me prépare mentalement, met de côtés mes états d'âmes et ma solitude pour me concentrer sur la musique.

J'entre en stud, la voix de Seezy dans mes oreilles :

- Tu le rentre d'un coup ce son, c'est bien ça ?

- T'es con mec, je vais faire ce que je peux.

- On compte sur toi !

Et effectivement, après deux-trois tours de chauffe, j'arrive à rentrer le morceau en un coup. Content, je lâche une petite série d'obscénités autotunés qui fait marrer Bachir, Merkus et Ad. Seezy et Marti sont déjà à fond dans le taff. Après deux heures à adapter la prod, le titre est validé.

Et on enchaîne, je suis méga chaud, l'équipe a pas encore faim alors je retourne en cabine. Seezy me balance une prod plus lente, un peu triste. Je ferme les yeux et souffle un coup, je sais que le morceau qui arrive est le plus sincère. Je vais parler de ce mur qu'il y a entre les autres et moi, de lits froids et de dégout. A défaut de me faire du bien, ça fera platine.

- Allez mec, j'envoie le beat, t'es prêt ?

- Ouai, chaud.

J'envoie le premier couplet, au calme. Comme la prod est lente, je respire facilement et les phrases s'enchainent, les yeux rivés sur mon phone. Mais ça ne dure pas. Sur le refrain, je m'emmêle les pinceaux et le son se coupe. J'ai chaud putain, faut que je sorte de là. J'ouvre la porte, me retrouve face à Merkus.

- Mec, ça va ? T'es tout rouge !

- Ouai, j'ai juste beaucoup trop chaud, ya moyen d'avoir une bouteille de flotte ?

- Tiens.

Je bois les trois-quart de la bouteille d'un coup et retire mon t-shirt.

- Allez on y retourne, je rentre ce son là en deux-deux et on va manger.

Je retourne dans la cabine, remet mon casque et la prod repart. La encore, je ferme les yeux. Le coup de chaud est passé mais j'ai le souffle court. Malgré tout, je place une, deux, trois phrases... A la quatrième, mon cœur s'emballe et je m'étouffe à moitié, incapable de finir. La chaleur remonte à la tête d'un coup. D'une main, je me tiens au mur et tente de calmer ma respiration, la voix de Seezy dans le casque :

- Oh V, ça va ? Reste avec nous !

- Ça va le faire, laisse moi le temps de me reprendre

- T'es sûr ? On peut aller manger maintenant...

Je le coupe, alors que de violents vertiges me font vaciller :

- T'inquiètes, je vais pas passer trois heures sur un son de merde... pour un album de merde... pour...

Ma voix s'éteint d'elle même tandis que tout devient flou. Je me retiens au mur pour ne pas tomber mais mes jambes flanchent et je perd définitivement conscience.