Respire

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Pdv Chloé


Depuis une bonne heure, Valentin continue de planer. Sa tête n'est pas fixe, il gigote et sourit comme un con mais sans parler. Des fois, son sourire se défait un peu et j'ai l'impression qu'il va se mettre à chialer. Puis son regard se perd à nouveau. 

Simplement assise à ses côtés, je le laisse tranquille. La machine m'indique ses constantes. Allongé sur le lit en étoile de mer, son corps a séché tout seul. Il ne manque qu'un détail qu'il va falloir finir par régler.

- Mec ? Tu veux pas changer de caleçon ? Il est encore trempé.

- Mmmmh... Oui je veux bien. Mais c'est toi qui fait !

Il avait prit une voix d'enfant. La fièvre l'a visiblement mis dans un état second. Je hausse les épaules, au fond plutôt contente qu'il ne panique pas. J'ignore encore que ça ne va pas durer. Dans son sac, je lui trouve un caleçon sec et m'approche de lui. Il tend sa main vers moi, la pose sur ma joue. La mienne attrape son poignet et on reste quelques secondes, yeux dans les yeux, nos deux pouces caressant la peau de l'autre. Peu à peu, l'expression de son visage change. Son sourire s'évanouit pour laisser place à une mine inquiète et triste. Il me regarde toujours quand il murmure :

- J'ai peur.

Je sers plus fort sa main. En y repensant bien, j'ai pas eu le temps de vraiment lui expliquer ce qu'il lui arrivait. Je prend une expression rassurante.

- Y'a aucune raison... On a tout ce qu'il faut pour que tu te réveilles demain, après-demain et après-après-demain... et après-après-après demain.

Il sourit, moi aussi. Mais je prend un ton plus sérieux pour continuer.

- Tu vas pas mourir tu sais... J'ai déjà soigner pas mal de gens, dans des conditions bien pires. T'as eu une grosse montée de fièvre et on l'a fait retomber. Tu peux avoir d'autres symptômes pas cool, je pourrai les gérer... Tes potes sont là et je suis là, on te lâche pas... Promis.

Nos yeux ne se quittent pas, il a besoin d'entendre ce genre de choses. Je continue.

- T'arrives à me dire comment tu te sens ?

- Fatigué surtout, à bout de force...J'ai dit des trucs chelous... avec la fièvre ?

Sa question me fait carrément rire.

- On peut dire que t'as le sens des priorités toi... T'inquiètes, t'as tenu que des propos incompréhensibles. Tu peux dormir tranquille... D'ailleurs, il faudrait vraiment que tu dormes maintenant, il est plus de 2 heures.

- Pas d'after ce soir ?

- Non.

- Ok.

Il ferme les yeux, puis les ré-ouvre un temps après.

- Tu dors où toi ?

- Juste là, si t'as besoin tu me réveilles, t'hésites pas.. D'accord?

- Ok... Merci Chloé.

- T'inquiètes, dors maintenant.

Je pose ma main sur ses yeux pour le forcer à les fermer, à la fermer aussi. Très vite, je sens son corps qui se détend... De toute façon, il était exténué. J'attend un peu avant de me dégager du lit. Il ne bronche pas quand je lui change son caleçon, preuve de son sommeil. Peu après, je m'installe dans le fauteuil avec une couverture et un coussin. Je suis exténuée aussi.

Au petit matin, je dors toujours profondément. Dans mon rêve, je suis dans un grand château, très sombre et silencieux. J'entend seulement une voix qui m'appelle. Je la cherche. Au début, j'ouvre tranquillement chacune des portes que je trouve, m'attendant à chaque fois à trouver l'origine de la voix. Mais à chaque fois, la pièce est vide. Petit à petit, je panique, me mettant à courir et à crier après cette voix. J'ouvre des portes, encore et encore mais je ne trouve rien... Les larmes coulent sur mes joues et je m'effondre au milieu d'un couloir. La voix commence à changer, se transforme en respiration saccadée. Brusquement, j'ouvre les yeux, reviens à la réalité. Mais le même son parvient toujours à mes oreilles.

Une seconde plus tard, je me précipite sur Valentin réalisant qu'il est à l'origine du bruit.

Il respire très mal, les deux mains agrippant sa poitrine. Je l'attrape par les épaules et l'appelle. Il ne répond pas malgré que ses yeux soit à demi-ouvert. La bouche ouverte, il cherche son air et panique. Sur le bureau, je choppe en vitesse une bouteille de gaz, le masque et branche le tout.

- Val... Valentin !Ecoute-moi ! Je peux t'aider à respirer...

J'attrape sa tête entre mes mains, obligée de forcer pour la garder droite, et tente de lui poser le masque.

- Laisse-toi faire... Ça va... Inspire, voilà c'est bien...

Je lui tiens le masque sur le visage. D'abord, il attrape mes mains et essaye de me faire lâcher prise mais j'ai bien plus de force que lui à ce moment. Ma voix, même apeurée par ce réveil brutal, continue de le rassurer. Je lui explique que l'oxygène fait du bien à son cerveau, qu'il doit simplement se concentrer sur son souffle... Petit à petit, sa respiration ralentit et retrouve un rythme presque normal. La machine indique que ses constantes restent stables. Ses yeux sont maintenant grand ouvert et je lui soulève délicatement la tête pour fixer le masque. Après ça, nos quatre mains se rejoignent sur son torse tandis que je n'arrête pas de lui parler. Mes mots s'étant transformé en murmures.

- Respire mec...

Les aventures de Valentin - ValdOù les histoires vivent. Découvrez maintenant