Frustration

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Pdv Vald

Histoire de quand même passer mes nerfs, je choisis un morceau bien vénère. On bosse dans un sérieux absolu et je sais que c'est à cause de moi. Seezy a une voix presque hésitante dans le casque et même Merkus, qui me casse habituellement les couilles sur les détails, la ferme.

Je rentre le son en deux-deux et m'attaque aux autres. A la pause déjeuner, les gars mangent tous ensemble pendant que je reste dans le salon, à travailler mes textes...

C'est seulement vers le soir que j'arrive un peu à me détendre. On sort des bières et j'en bois trois quasiment d'affilé. Je sais que je devrais pas. Bachir me regarde d'un air inquiet mais aucun des membres de l'équipe me sermonne. Je crois qu'ils préfèrent me voir bourré que de mauvaise humeur...

Quelques heures plus tard, j'ai bien mal à la tête. J'évite de le montrer et prétexte la fatigue pour aller me coucher. Ad me demande si il veut que je dorme avec lui, la réponse est non. Il n'insiste pas. En m'allongeant, je ressens quelques vertiges, moins violent que ces derniers jours mais bien présents quand même. Il reste un peu de tisane sur la table de chevet, je l'avale et me force à dormir.

La nuit passe tant bien que mal. C'est Ad qui me fait émerger en me secouant.

- Mec, réveille toi putain !

- Quoi ? Quoi ? qu'est ce qui se passe ?

- Tu criais dans ton sommeil, ça va ?

Etonné, je m'assois dans mon lit. Le matelas est trempé, les draps sont à moitié par terre... Merde, j'ai du sacrément m'agiter cette nuit. Sans m'avertir, Ad plaque sa main sur mon front.

- T'as masse de fièvre mon gars, je vais aller chercher Chloé...

- Nan ! Hors de question... Je vais bien.

- Mais t'es brulant ! Nan tu vas pas bien. C'est pas parce que vous vous êtes engueulés qu'elle viendra pas t'aider.

- Si, justement.

Ma réponse surprend mon meilleur pote qui reste bloqué deux secondes. Faut que je trouve une solution. Je reprend :

- Ecoute, je vais me recoucher encore une ou deux heures. Si ça va pas mieux d'ici là, tu pourras aller chercher Chloé... Ok ?

- Ok..

Il me laisse me rendormir et deux heures plus tard, je vais beaucoup mieux. Après avoir avalé une autre tasse de tisane en guise de petit déjeuner, on se remet au boulot. Mon équipe évite soigneusement de parler de ma « crise » matinale et on travaille là encore dans un sérieux qui ne nous ressemble pas.

La journée passe sans que le nom de Chloé ne soit mentionné. Mon humeur ne s'améliore pas mais l'album avance. Vers 20h, on s'arrête pour l'apéro. Une bouteille de Jack apparaît sur la table et j'enchaîne les verres en pensant être discret. Bachir et Ad échangent des regards tendus, comme des poules qui couvent. Petit à petit, l'alcool aidant, je m'amuse de la situation en me demandant qui aura les couilles de m'arrêter. C'est peut-être après mon sixième ou septième verre que Bachir se décide.

- Bon mec, tu veux la finir tout seul la teille ou quoi ? Y'a deux jours t'avais 40 de fièvre et là tu fais le malin ?

Silence autour de la table. Tous les yeux se braquent sur moi alors que les miens restent fixés sur Bachir. J'attendais que ça. Qu'on me cherche... pour me trouver.

- Bah ouai, je vais la finir tout seul. T'as un problème avec ça ? Ou peut être que c'est avec moi que t'as un problème ?

Je m'étais levé en disant ça, me dirigeant vers Bachir, menaçant. Marti et Merkus, tous les deux à côté de moi me font retomber sur le canapé. Je me dégage violemment.

- Putain mais c'est quoi c'est votre problème bande de tarés, allez tous vous faire foutre !

Je me relève et me dirige en titubant vers la porte d'entrée. Seezy essaye de me retenir mais je le repousse. Putain, ces bâtards comprennent rien et me traitent comme un gosse. Ils gagnent tous leurs salaires grâce à moi et osent m'interdire de picoler.

Après avoir lancé quelques insultes, je claque la porte. La nuit et le silence m'englobent d'un coup et me font redescendre. Je marche sur le chemin qui mène chez Chloé. Arrivé à la clairière, j'hésite. De la lumière sort de sa cabane. En toute logique, je devrais aller toquer et m'excuser de mon comportement mais rien n'y fait, mes jambes refusent d'avancer. Au bout d'un bon quart d'heure planté là, je fais demi-tour. Je suis à moitié bourré, elle comprendrait pas. D'ailleurs, je saurais pas quoi lui dire.

En re-rentrant dans la villa, re-claquement de porte, j'évite soigneusement le regard de mes potes et vais me coucher, frustré.




Les aventures de Valentin - ValdOù les histoires vivent. Découvrez maintenant