CHAPITRE 1 - Le retour (version upgradée)

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Gare de Birmingham, 18 janvier 1944 - 9h00


"Le train numéro 20 747 en provenance de Londres arrive voie 9. Veuillez vous éloigner de la bordure du quai, merci."


Le train de Londres allait arriver, et Rebecca Gray en descendrait. Elle était vivante, contre toute attente. Treize ans plus tôt, la police l'avait déclarée morte à six ans, seule et affamée. Ma tante Polly ne s'en était jamais remise. Becky, comme nous l'appelions, était sa fille et donc ma cousine germaine. Deux ans plus tôt, Polly était retombée dans la dépression, nous accusant d'avoir survécu alors que ses enfants, Michaël et Rebecca, avaient disparu.


La gare de Birmingham, massive et imposante, s'élevait telle une cathédrale de fer et de verre, un témoignage de la modernité et de l'industrie triomphante. Ses arches majestueuses s'élançaient vers le ciel gris, encadrant des verrières teintées de la lumière blafarde d'un matin d'hiver. Les colonnes de fonte, ornées de motifs victoriens, semblaient soutenir le poids du monde. Le vent froid sifflait à travers les recoins de l'édifice, apportant avec lui des échos lointains et des murmures indistincts.

Les quais, bordés de pierres usées par le passage incessant des trains et des voyageurs, étaient animés par une foule pressée et disparate. Le sol, jonché de feuilles mortes et de détritus, portait les stigmates d'une ville en guerre. Les affiches de propagande, décolorées et déchirées, rappelaient à tous la présence oppressante du conflit qui déchirait l'Europe.

- Tchiiii...

Le train s'arrêta enfin; des passagers maigres, des survivants d'Auschwitz et d'autres horreurs nazies, en descendirent. Hitler était mort, mais les cicatrices de ses atrocités restaient.

Je me demandais si je reconnaîtrais Rebecca parmi cette foule, mais je savais qu'elle m'attendrait. Après avoir patienté cinq, dix puis quinze minutes, je la vis enfin. Elle ressemblait tellement à Polly... Impossible de la manquer.


Trois semaines plus tôt, un dimanche ordinaire, Polly avait pris le journal du jour et commencé à le lire. Pendant ce temps, je m'étais préparé à sortir pour rejoindre ma femme qui préparait la fête de fin d'année. Plus tard, nous étions allés boire un verre au Garrison. Une heure après, Polly entra en trombe dans le pub, brandissant le journal et criant :


- Elle est vivante ! Elle est vivante !


Les occupants du bar comprirent d'un regard qu'il était temps de partir. Une fois seuls, je me tournai vers Polly, désormais calmée et perplexe :


- Qui est en vie, Polly ? demandai-je sans grand enthousiasme.


- Ma fille, Thomas ! Rebecca Gray, déclarée morte et enterrée par tes foutus flics !


Ma tante n'était pas connue pour son tact. Colérique et quelque peu antipathique, elle manquait souvent de diplomatie, mais elle avait toujours été une mère de remplacement parfaite.


Sachant que Polly avait souvent espéré le retour improbable de sa fille après celui de son fils, Grace et moi n'avions que peu d'espoir. Ma femme tenta alors de raisonner Polly :


- Polly, avec tout le respect que je vous dois, il y a beaucoup de familles Gray en Angleterre et des Rebecca encore plus.


Polly la regarda avec colère et déclara :


- Vous me décevez. Regardez le journal ! La dernière page !


À contrecœur, nous découvrîmes une liste de rescapés des camps.


- Polly, tu vas trop loin cette fois ! Elle n'est pas juive.


Après plus d'une heure de discussions, Polly me força à contacter sa supposée fille, ce que je fis le lendemain.


Un bruit sourd me ramena à la réalité, sur le quai enneigé de la gare, face à Rebecca Gray. Je m'avançai vers elle :


- Bonjour, tu dois être Rebecca Gray ? Je m'appelle Thomas Shelby, ton cousin. C'est moi qui vais te ramener chez toi. Tu as fait bon voyage ?


- Euh... Bonjour, oui, merci.


Nous nous dirigeâmes vers la voiture et fîmes le trajet vers la résidence Shelby dans un silence total.

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Hey, hey !

Je suis super contente d'enfin vous présenter mon premier livre que j'avais écrit sur papier et qu'enfin je publie. Je pense qu'au début les publications seront irrégulières mais ça devrait s'arranger.

J'espère qu'il vous plaira !

Bisous, @recitdunsoir

Au nom du sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant