-7-La Rose des mers

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—On nous suit, murmura Joe à ses hommes, restez sur vos gardes mais ne sortez pas vos armes.

Les pirates hochèrent la tête, bien qu'une légère tension eut pris possession de leur corps. Les minutes s'égrainèrent sans que rien ne se passe, si bien que les forbans crurent que leur capitaine avait eu tort. Soudain, une masse apparut devant Joe. Cinq autres suivirent et le petit groupe fut encerclé par des bandits vêtus de pantalons sombres et de chemises autrefois immaculées. Tous semblaient être armés jusqu'aux dents.

—J'crois bien qu'vous n'irez pas plus loin, dit l'un d'eux avec un sourire carnassier.
—Et qui va nous en empêcher, demanda Joe en s'avançant l'air nullement effrayé.
—T'as pas bien compris, gamin. T'es pas en position de force ici. On les emmène au chef qui saura quoi en faire, cria ensuite le bandit à ses compagnons.

Sans résister, Joe se fit conduire avec ses hommes auprès du chef de cette escouade. Arrivés à un campement, leurs armes leurs furent retirées et le groupe séparé : l'équipage fut envoyé dans une cage en bois où d'autres prisonniers étaient déjà enfermés tandis que lui fut conduit auprès de ce chef. Il se fit pousser jusqu'à ce qui ressemblait à une case. Quand il entra, une silhouette assise dans l'ombre se leva et s'approcha, le visage dissimulé par un ample chapeau.

—Qui-es-tu, demanda le chef.

Joe fut surpris d'entendre une voix féminine aussi répondit-il froidement : "Je parlerais qu'au chef de c'groupe".

La femme éclata d'un rire froid et s'approcha. Elle souleva son couvre-chef et le capitaine put alors la voir. Il fut surpris de voir qu'elle devait à peine être plus âgée que lui. Mais il le fut plus encore en la détaillant : Elle était elle aussi vêtue d'un pantalon brun et d'une chemise blanche. Un foulard rouge ceignait ses hanches tandis que son visage à la beauté dissimulée par des traits durs était encadré par des boucles rousses surmontées d'un chapeau noir. Une rose séchée était piquée dans ce dernier.

—Je suis le chef. Je répète pour la dernière fois : qui-es-tu ?
—Libère mes hommes et je répondrais.
—Tu n'es pas en position de négocier alors ne m'oblige pas à répéter ma question.
—Dans ce cas ne m'oblige pas à répéter ma réponse.

Joe vit la rage s'installer sur le visage de celle qui se disait chef.

—Je ne vais pas rester calme très longtemps, siffla-t-elle tout en foudroyant le jeune homme du regard.
—Je ne savais pas qu'une femme pouvait être pirate, répondit-il d'un air narquois.

Avisant la longue épée et le pistolet accrochés aux hanches de la femmes ainsi que le mousquet posé non loin d’elle, le capitaine cru plus sage de répondre à la question.

—Je suis Joe. Joe Turner, nouveau capitaine de l'équipage de William O'connor, dit-il finalement avec un sourire en coin.

Reprenant son calme, la jeune femme se redressa et le regarda dans les yeux.

—Mon nom est Jessie James, mais je suis plus connue sous un autre nom, dit-elle d'un air pédant.
—La Rose des mers, chuchota Joe en avisant la rose qui était en effet accrochée sur son chapeau.

Jessie James, plus connue sous le pseudonyme de la Rose des mers était en ces temps la seule femme pirate. Devenue capitaine, elle était désormais crainte dans le monde entier et se faisait un plaisir de ne cacher son identité que pour surprendre ses cibles.

—Capitaine tu dis ? Et où est ce cher William ?
—Au fond de l'eau. Je suis son fils adoptif et ai été élu capitaine à sa mort.
—Son fils adoptif, comme c'est mignon, s'amusa-t-elle, mais que fais-tu là ? Oh, je sais. Tu es venu chercher le Trésor des Pirates n'est-ce-pas ? Il semblerait que tu aies été pris de vitesse. Le voilà sous tes yeux.

Joe TurnerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant