Chapitre 25 : La fin d'un équipage

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Ce fut la lumière du soleil matinal qui extirpa Joe de ses pensées. Lui qui avait trouvé le soleil si beau et le firmament si réconfortant se retrouvé soudainement vide de toute émotion en se rendant compte qu'avec le soleil, c'était un jour nouveau qui était arrivé.

« Capitaine ? »

L'interpellé releva soudainement la tête. Il dû prendre quelques secondes pour calmer les battements de son cœur et ainsi éviter à sa voix de flancher.

—Qu'est-ce qu'il y a, Billy ?

—Je... Je voulais profiter de cette dernière journée pour te dire que... que je ne regrette pas de t'avoir suivi, à aucun moment. T'as été un bon capitaine et...

Billy s'interrompit, ne sachant comment terminer sa phrase. Lui qui était si bourru et si peu démonstratif avait voulu exprimer à ce qu'il ressentait, mais il lui semblait qu'aucun mot ne convenait suffisamment. Ce fut Edward qui vola à son secours :

—Il a raison Joe, je pense parler au nom de tous en disant que depuis trois ans t'as été un vrai chef et exemple pour nous tous.

—Pour avoir bien connu William, je peux t'assurer qu'il aurait été fier de toi, gamin, poursuivit une voix que le capitaine identifia comme étant celle de John.

Un à un, les pirates firent entendre leur voix pour montrer à leur capitaine qu'ils étaient fiers de lui, fiers de l'avoir suivis et qu'ils le feraient encore si tout aurait été à refaire, le tout sous les yeux des autres prisonniers qui assistaient, curieux, à cette véritable déclaration d'amour mais aussi de fidélité de la part d'un équipage à son capitaine.

Ce dernier, ému, ne sût d'abord que répondre. Il prit alors le temps de s'agenouiller près de la grille pour pouvoir regarder quelques-uns de ses compagnons.

—Non, c'est à moi de vous remercier. De vous remercier d'avoir toujours été là pour moi, de m'avoir soutenu quand même moi, je n'y croyais plus. Mais je vous demande aussi pardon. Je n'ai pas été à la hauteur : c'était à moi de veiller sur vous et de vous protéger. Et tout ce que j'ai réussi à faire c'est de tous vous emmener vers la mort. Si c'était possible, je me sacrifierai cent fois pour chacun de vous. Mais ces chiens veulent tous nous voir balancer au bout d'une corde. Alors j'ai une dernière demande à vous faire : lorsque vous serez face à eux, ne baissez pas les yeux, regardez-les en face et montrez-leur qu'on ne tue pas les pirates aussi facilement. Qu'il en restera toujours car ils peuvent tuer des hommes, ils ne tueront pas notre soif de liberté et d'indépendance. Restez fiers et droits, pour la liberté, pour moi, pour vous, pour les pirates.

A peine eut-il répondu qu'au fond du couloir, autant de geôliers que de condamnés apparurent. Il était l'heure pour eux de saluer la faucheuse.

Docilement, ils les suivirent. Les paroles du capitaine résonnaient encore dans les esprits des autres prisonniers. Aussi, à peine fut-il hors de sa geôle qu'il l'acclamèrent et scandèrent ses derniers mots. Un sourire aux lèvres, le Joe taquin renaquit de ses cendres et parcouru le couloir sombre d'un regard fier vers les prisonniers puis les autres. Les acclamations suivirent tout au long de sa sortie, les gardes ne parvenant pas à faire revenir les silence.

Une fois dehors, Joe savoura une bouffée d'air libre puis se marcha d'un pas déterminé vers les planches entourées par une foule de curieux venus assister à l'exécution publique. Les spectateurs ne furent pas déçus en voyant les pirates sortir. Bien que n'ayant plus son chapeau, on ne pouvait confondre le capitaine qui s'imposait par sa démarque fière et sûre et son regard déterminé mais froid. Ses vêtements tout comme son visage étaient sales et couverts par une épaisse couche de poussière. Même le foulard rouge qui retenait une partie de ses cheveux avait perdu de son éclat. Pourtant, le capitaine apparaissait plus noble que jamais.

Joe TurnerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant