Mauvais Esprit

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J'ai commencé à me poser des questions. Je n'étais plus sûre de moi, mais surtout, j'avais affreusement peur. Je ne me souviens plus de qui a ouvert la porte, mais avant que je m'en rende compte, nous étions tous à l'intérieur de la maison. J'ai éclairé ma lampe-torche. Bien qu'il y aient eu quelques fenêtres dans les murs, celles-ci étaient assez petites et la lumière passait mal à travers.

-On se met où ? -demanda Clara.

Ah, oui Clara, je ne vous en ai pas vraiment parlé. Elle était une des seules à être dans mon lycée et dans ma classe. Brune aux cheveux bouclés, ça a toujours été elle la brise-cœurs du groupe. Elle est souvent en train de chercher des choses à faire et finit presque toujours dans des affaires tout à fait tordues.
Ce jour-là, elle était avec nous, sur le point de faire la pire des folies. D'ailleurs, l'idée de faire un ouija était la sienne...
Ah, mais, je ne vous l'ai pas encore dit ? Eh bien, voyez-vous, si nous étions dans une maison abandonnée, complètement effrayante le premier jour de nos vacances de Noël, c'est parce que nous allions faire un ouija. Oui, je sais, c'est tout à fait fou et délirant, mais comme je vous l'ai dit, ce n'était pas mon idée.

Enfin, comme je le disait, nous étions en train de décider où nous allions nous installer. Peter, qui aime bien jouer les machos alpha, à fait la pire des propositions:

-Dans le sous-sol, quelle question.

Nous nous sommes tous regardés. J'ai d'abord pensé qu'il disait cela pour rigoler, qu'il était juste en train de nous taquiner un peu, mais quand je l'ai vu se diriger vers la seule porte fermée du rez-de-chaussée, j'ai compris qu'il avait vraiment l'intention de faire ce qu'il avait dit.

Oui, je le sais, c'est très courant, le sous-sol. Il y a toujours des choses pas nettes là-bas en bas, dans les films d'horreur. Ne pensez pas que nous étions tous partants pour y aller. Mais nous étions en groupe, et l'effet groupe est plus puissant que tout. Résultat; nous nous sommes retrouvés dans le sous-sol d'une maison vielle comme Hérodes, dont le sol grinçait à chacun de nos pas, autour d'un plateau de ouija, les doigts sur le pointeur.
Aucun de nous n'osait commencer. Nous nous regardions tous, pour savoir qui prendrait l'initiative, mais l'adrénaline était retombée et la peur commençait à gagner du terrain. Je suis presque sûre que personne ne savait ce qu'il fallait dire, et je m'inclus dans le "personne".
J'ai finalement décidé de commencer.

-Alors... Euh... Bonjour... Co-combien d'esprits sont-ils présents dans cette salle ?

Aucune réponse. Le pointeur resta immobile. J'ai décidé d'attendre quelques minutes avant de reformuler ma question.
Finalement, le pointeur bougea sous nos doigts. 1. Il y avait un seul esprit dans le sous-sol de la maison. Bien.

-Est-tu un esprit bon ?

Le plateau s'éleva brusquement du sol, pour s'écraser violemment contre un mur. Le pointeur lui aussi nous avait échappé.
Quand le plateau retomba par-terre, le pointeur était tourné vers le "non". Nous nous sommes regardés, effarés, sans être capables de faire le moindre mouvement, sans dire un mot.
J'ai voulu me lever pour aller récupérer le plateau et mettre fin à la scéance, mais Clara me retint.

-Andy, qu'est-ce tu vas faire ? Il ne faut pas briser le cercle...

-Mais, il faut récupérer le plateau, il faut mettre fin à la scéance avant que les choses deviennent incontrôlables.

Clara ne répondit pas. Elle se contenta de faire un signe de tête et me laissa me lever sans s'y opposer.
J'ai donc récupéré le plateau. Je l'ai reposé au centre du cercle que nous avions formé et j'ai conclu la scéance.

-Merci de nous avoir écoutés. Nous nous retirons...

C'est que nous avons fait. Nous nous sommes levés, nous avons rangé nos affaires dans nos sacs, et nous sommes sortis du sous-sol. Une fois arrivés au rez-de-chaussée, Peter referma la porte derrière lui.

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