1- Une étrange rencontre

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Tout commence sous un ciel étoilé. Il doit être aux alentours de une heure. Une heure du matin. Le vent fouette mon visage, tellement froid que mes yeux clignent difficilement. Je suis emmitouflée dans un gros et long gilet bleu marine tout abimé. Mes doigts jouent avec un trou dans la manche de celui ci et mes cheveux volent dans mon dos entraînés par le vent dans une danse endiablée. Je suis assaillie par le froid. Mon corps est secoué de petits tremblements irréguliers et à chaque expiration une longue traînée de buée s'échappe de mes lèvres.

Je regarde le ciel noir. Il est aussi noir que de l'encre. Dedans des étoiles scintillent. Elles brillent d'un éclats incroyables. Cela me fascine. Je les observe avec admiration.
Depuis toujours.

Mon père m'emmenait tous les vendredis soirs au bord du lac pas loin de la maison pour les observées. C'était notre rituel, notre habitude à nous et uniquement à nous deux. Avant il n'y avait personnes d'autre que lui et moi dans nos vies. Maintenant que la famille s'est agrandie nous ne sommes plus seulement tous les deux.
Il y en a d'autres désormais.
La maison aurait du paraître moins vide, plus animées. J'aurais du être heureuse qu'on m'offre enfin la famille dont je rêvais.
Le problème est que je ne me suis jamais sentie aussi seule.
Délaissée par mon père.
Je ne me sens plus aimée.
Comme je suis égoïste.

Je laisse traîner mon regard autour de moi ne voulant pas retourner dans cette demeure remplie de fausse affection, de mépris et d'ignorance.
L'eau du lac reflète la lumière des étoiles dans le ciel et de la lune qui se tient fièrement devant moi.
Des larmes roulent sur mes joues. Elles brûlent ma peau complètement glacée par le froid.

Depuis 1 an je continu à venir tous les vendredi soirs regarder ces joyaux qui me font tant rêver.
Seule.

Je me lève difficilement et retourne en titubant jusqu'à ma voiture. Comme la vie est injuste parfois.
Trop injuste.

                                ***

Garée devant chez moi, je réalise que je n'ai aucunement envie de rentrer à la maison. Alors je me décide de faire un tour dans une bibliothèque nocturne de la ville.

J'adore cet endroit. Un concentré de connaissances et d'insouciances à porté de main.
Comment ne pas aimé les bibliothèque ?
Les livres ?

En entrant je salue doucement l'homme assis derrière le bureau d'emprunt des livres. Il me sourit en retour et je m'éloigne dans les rangées fantaisie-fantastique. Pendant que mes doigts parcourent lentement les tranches des livres à la recherche d'un qui serait susceptible de m'aider à passé une nuit sans prise de tête un énorme bruit retentit dans toute la bibliothèque. Intriguée je pars en direction de l'origine de ce dérangement.

Je remarque que les quelques personnes présentes ont eu la même initiative que moi. La ville est grande et des lecteurs nocturnes ou des travaux en retard sont monnaie courante chez nous. Lorsque j'arrive devant le fauteur de trouble je tombe nez à nez avec une jeune fille de mon âge, à peu près, entourée de nombreux bouquins éparpillées sur le sol. Je regarde autour de moi et remarque que toutes les autres personnes m'ayant accompagnées sont retournées vaquer à leurs occupation jugeant la situation avec peu d'intérêt. Ils ne prennent même pas le temps de l'aider.

En soupirant de mépris pour ces mal-élevés je m'accroupis aux côtés de la fille pour lui venir en aide.

En ramassant les livres par terre je remarque que les lettres ne me sont pas familière. Curieuse je rapproche la couverture d'un d'entre eux de mon visage. Puis satisfaite je l'éloigne de mon regard intrigué. Je me tourne vers la fille en lui tendant les livres que j'ai ramassés et en lui disant:

-"La pacte elfe-humain ? Qu'est ce comme histoire ?"

Elle ouvre ses grands yeux marrons extrêmement étonnée de ma question. Elle me regarde pendant un instant yeux dans les yeux et déclare:

-"De... De... De la fan... Fantaisie. Je l'ai trouvé dans ce rayon."

Le son de sa voix sonne étonnement faux et hésitant. Je l'observe attentivement.
Elle n'a rien d'étrange.
Des cheveux blond tombant dans son dos, des yeux marrons, un physique ma foi quelconque.
Elle paraît extrêmement normale. Soudain elle écarquille encore plus ses yeux les rendant presque exorbités par la surprise et marmonne à elle même:

-"C'est étrange, je n'entends rien."

Cette fille bien qu'a l'apparence banale est tout de même très mystérieuse. Je réplique en fixant mes yeux dans les siens:

-"Entendre quoi ? Que veux tu dire ?"

Elle baisse le regard ayant l'air de se maudire intérieurement. Que cette fille est étrange. Elle me répond de sa petite voix baigayante:

-"Excuse... Excuse moi je suis dis... Distraite. Je pense à voix haute. Mer... Merci beaucoup pour les livres. C'est très gentil."

Elle me les prends maladroitement des mains manquant de les faire tombés une nouvelle fois. Je laisse échapper un petit rire de mes lèvres devant l'expression de malaise qu'elle affiche.
Quelques secondes passent pendant lesquelles elle m'observe pouffer dans un sourire puis se joint à moi.

-"Je m'appelle Alice, dis-je en attrapant les cinq premiers livres de sa pile, je vais t'aider à les porter si tu veux ?"

-"Merci beaucoup. Disons que je dois ramener ces livre jusqu'à mon sac mais que je n'arrive pas à faire un pas sans que tout s'écroule, dit elle en souriant, au fait je m'appelle Sophie."

Sophie.
Ma mère s'appelait ainsi.
Enfin c'est mon père qui me l'a raconter.
Je l'observe prendre les devant pour m'indiquer l'emplacement de son sac en silence. Ce silence est pesant. Remplis de questions.
Je décide de désamorcer cette apparente préoccupation qui orne le visage de Sophie.

-"C'est la toute première fois que je te vois à San Diego. Tu vis ici ?"

Elle m'observe du coin de l'œil furtivement et répond:

-"Je... J'avais de la famille ici avant l'année dernière."

Elle hésite à répondre honnêtement à mes questions. Je ne comprend pas ce qui la gêne autant.
Je ne suis pas du FBI pourtant.

-"Ils sont partis ? Pourtant San Diego est une ville agréable."je déclare en me tournant pour voir l'expression de son visage.

-"Agréable n'est pas le mot que j'emploierais pour définir les affreux incendies de l'année dernière."

Le rictus de son visage en dit long sur la raison du déménagement de sa famille. L'évocation des incendies lui rappelle de mauvais souvenirs à ce que je vois.

-" C'est vrai que c'était compliqué. Mais on a fait ce qu'on pouvait. J'aimais trop cette ville pour la quitter avant." Dis-je dans un léger soupir.

Elle me regarde dans les yeux désormais réellement intéressé par mes propos.

-"Ce n'est plus le cas, tu ne l'aimes plus cette ville ?"

Je la regarde un instant en cherchant mes mots mais rien ne vient.
Rien du tout.
Le néant absolu.
Pour simple réponse je hausse les épaules.

-"Et toi tu vis où ?
Tu as quel âge ?
Tu es d'ici donc ?
Tu es très intriguante tu sais ?"

Elle me dévisage quelques secondes interloquée par mon flot de questions. Soudain je vois ses lèvres s'étirer en un sourire et un léger rire s'échappe de celles-ci.
Cependant il sonne creux et faux à mon oreille.
Je lis dans ses yeux une certaine méfiance et je ne saurais pas en déterminer la cause.

-"Eh bien, tu es très curieuse Alice."dit elle en fuyant mon regard.

Elle cherche ses mots je le sens.
Elle ne veut pas trop m'en dire.
Soit cette fille a des problèmes de confiance, soit elle cache quelque chose. Peut être que sa vie n'est pas facile.
Je ne sais pas.
En tout cas elle m'intrigue et je n'arrive pas à la cerner.
Et ça, ça m'énerve.
En plus elle vient de rendre ma nuit beaucoup plus distrayante.

Je compte bien savoir ce que cache cette Sophie.

Alice Jones Où les histoires vivent. Découvrez maintenant