12- Le premier et le seul

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Ma tête me fait mal.

Mon ventre me fait mal.

Je suis dans les vapes et je ne sens rien autour de mon corps.

Comme si j'étais dans du vide.

Un vide sombre et clair à la fois.

Chaud et froid.

Familier et pourtant étrange.

La sensation est agréable et je voudrais rester explorer cet état second encore longtemps.

Je ne veux pas ouvrir les yeux, de peur de replonger dans le monde réel.

Mais mes mains commencent à trembler et mon corps est secoué de soubresauts incontrôlables.

Le toucher de certains éléments me revient soudain et la délicatesse des draps qui m'enveloppent me rassure plus que je ne l'imaginais.

Mes yeux s'ouvrent lentement et ne perçoivent que très peu de lumière.

La pièce a l'air d'être vide.

Mes mains se posent sur mon ventre et je sens des bandages.

Je ne sais comment la médecine elfique soigne les coups de métal reçu dans le ventre mais apparemment tout à l'air d'être plus ou moins en ordre malgré une douleur peu prononcée.

Le souvenir de cette horrible journée me revient.

Une machine à tuer.

Ça, c'est ce qu'ils veulent que je devienne.

Mais moi j'en ai décidé tout autrement.

Je vais écrire mon destin comme j'en ai envie.

Je vais me contrôler.

Je vais être invincible.

Mon prénom murmuré très bas me sort de mes pensées.

Mes yeux plus accoutumés à la lumière ambiante, je cherche d'où pourrait venir ce murmure que j'ai tout de suite reconnu.

Un sourire se dessine sur mes lèvres quand je vois mon beau Keefe endormi.

Il est plongé dans un profond sommeil tourmenté dans un fauteuil au pied du lit.

Et si je lui causait du mal ?

Non stop.

Je vais le protéger de ce mal.

Je le vois remuer lentement et décide de la sortir de son cauchemar.

Keefe... Réveille toi...

Il se réveille d'un coup en sursaut comme après un horrible cauchemar et, les yeux grand ouverts, observe le lit.

Je n'est pas la force de me lever alors je m'assois lentement avec une grimace de douleur contre les oreillers.

Il semble se demander s'il rêve passant une main sur son visage et dans sa nuque pour la masser.

Je le regarde droit dans les yeux et lève des doigts tremblants pour un petit salut incertain de la main.

Une larme roule sur sa joue quand il comprend que je suis bel et bien en vie et consciente.

Cela me déchire le cœur et en même temps le remplit d'une étrange chaleur de voir qu'il tient à ce point à moi.

Il s'approche doucement du lit en murmurant :

-"Alice... Ça fait trois semaines que tu est dans le coma... J'ai eu tellement peur que tu ne te réveille pas..."

Alice Jones Où les histoires vivent. Découvrez maintenant