5- Une elfe

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-"Shut Alice, je te promets que je vais tout expliquer. Je te le jure."

Sophie me tient dans ses bras, assise à côté de moi sur le bord du lit. Ma tête repose sur son épaule et de fines larmes coulent le long de mes joues et de mon cou pour venir atterrir sur sa tunique blanche.

Elle sent un mélange de pomme et de groseilles.

Étrange.

Mais pas vraiment dérangeant.

Je ne sais combien de temps je reste à pleurer contre elle pendant qu'elle me console avec de douces paroles mais lorsque je m'écarte finalement de son étreinte, le tissu sur son épaule est presque devenu transparent à cause de mes larmes.

Je la regarde en attente de réponse.

Elle semble chercher ses mots.

Comment me raconter toute l'histoire depuis le début ?

C'est sûrement la question qu'elle se pose en se moment.

Je l'observe, mes yeux écarquillés comme des soucoupes.

Elle fuit mon regard.

-"Regarde moi Sophie, s'il te plaît."

Je la vois hésiter..

J'ai comme l'impression qu'elle ne peut pas soutenir cette épreuve.

Qu'elle ne veut pas me voir souffrir.

J'ai l'impression qu'elle a déjà vécu cette situation.

Je ne sais pas pourquoi le sentiment qu'elle ne veut pas me faire vivre ce par quoi elle est passé nait dans mon esprit et ne s'en d'éloge plus.

Pendant quelques secondes qui me semblent durer une éternité, elle relève ses yeux marrons pour les planter dans les miens. Son expression est peinée et pleine de compassion.

Ce qu'elle va me raconter va être horrible à supporter pour moi je le sens.

Je n'ai pas envie d'être triste ou même perdue.

Je ne veux plus être perdue,
être dans l'incompréhension.

Je veux retrouver une vie normale. Sans demi-sœur espionne d'une secte ou je ne sais quoi et sans belle-mère froide qui ne s'intéresse qu'à tes résultats scolaires.

Non ce que je veux c'est retrouver une vie normale avec mon père et seulement lui.

D'ailleurs je ne sais pas où il est lui.

La maison en feu.

Est ce qu'il va bien ?

Je commence à entortiller mes doigts entre eux, tic nerveux, résultat de mes nombreuses crises de stress dans le passé.

Sophie semble percevoir mon tourment car elle pose frêlement sa main gauche sur mon épaule et me dit doucement :

-"Ton père va bien Alice. Je m'en suis assuré avant de t'amener ici."

Comment a t-elle su pour mon père, que s'est la cause de mon souci ?

Et puis où suis-je ?

-"Où sommes-nous ?" je demande alors le regard intrigué.

Elle me souri tendrement.

Un sourire si sincère et si compatissant qu'il pourrait m'en faire pleurer.

Ça fait longtemps qu'on ne pas offert un sourire aussi vrai.

Elle ouvre la bouche puis la referme comme si elle allait dire quelque chose que je ne pourrais comprendre. Finalement elle déclare :

-"Nous sommes... Chez un très bon ami à moi..."

Je laisse traîner mon regard dans la pièce. La chambre est immense...

Et absolument magnifique.

Le velour des assises, la délicatesse des ornements en cristal, l'immense porte dans le coin de la pièce et l'imposant miroir qui me fait face, à l'opposé, au dessus d'un sofa où l'on n'oserait pas poser son derrière, donne à cette chambre un charme irréel.

J'ai l'impression que je n'ai rien a faire ici.

-"Je sais ça impressionne au début. Et tu n'as pas vu le reste de la propriété." me répond Sophie, presque admirative par ce qui l'entoure.

Et il y a de quoi.

Cependant ses réponses sont vagues.

Elle n'a pas encore terminer l'élaboration de son monologue dans sa tête.

Mais je ne suis pas du genre à tourner autour du pot.

Il me faut des réponses et vite.

Je commence à m'impatienter.

Je veux connaître la vérité sur ce qu'il se passe et rentrer chez moi.

-"Ce n'ai pas réellement la réponse que j'attendais. Savoir que nous sommes chez un ami à toi m'importe peu. Je le répète ou sommes-nous ?"

Je vois son regard s'embrumer soudain. Elle s'arrache un cil, sûrement un petit tic nerveux et prend une grande inspiration.

Enfin.

Je vais avoir des réponses à toutes mes questions.

J'ai tellement hâte de savoir qui elle est.

Pourquoi elle était si étrange la nuit de notre rencontre ?

Qui est Jeanne ?

Comment l'incendie à été déclenché ?

Nos regards accrochés l'un à l'autre, et avec un air déterminé elle me lance :

-" Alice, tu n'es pas une humaine. Tu es une elfe."

Une elfe ?

Mais...

Alice Jones Où les histoires vivent. Découvrez maintenant