Nine

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  Il ne savait pas ce qu'il foutait là, perché comme un enfant de la lune. Mais il se sentit pour une fois bien. Il regardait ce ciel qui l'appelait tendrement.
Jimin ne voulait pas rejoindre ce trou béant et sombre.
Il voulait rejoindre la personne qu'il n'avait pas vue depuis trois semaines aujourd'hui.
Parce que même s'il ne le comprenait pas, il voulait entendre sa voix et voir sa gestuelle.

Il ne savait pas ce qu'il foutait dans ce quartier, regardant les toits des maisons. Il espérait peut-être le voir, voir ses yeux cherchant une source de lumière. Mais il s'en voulait atrocement pour ce qu'il avait dit.
Et le roux avait raison. Il ne sait pas ce que ça fait de se faire rejeter par sa propre mère.
Les étoiles illuminaient ses pas et le froid l'accompagna dans sa destinée.
Et il croisa le sien.

Les tuiles grincèrent et il releva la tête. Le brun était là, à quelques centimètres de lui. Il ne savait pas s'il devait dire ou faire quoique ce soit. Mais c'est l'autre qui ouvrit ses lèvres.

« Je sui- »

L'index de Jimin s'écrasa sur sa bouche et les siennes lui susurraient un chut presque inaudible. Alors Jungkook se tut.

« Je sais que tu ne le pensais pas. Et que tu es désolé. Je le sais. Et ça me suffit. »

Le stress quitta Jungkook.
La main de l'autre dériva sur sa joue et la caressa en un souffle.
Jimin se rallongea contre les tuiles peu agréables mais son touché et son regard ne quitta pas l'autre.

« Je ne te gêne pas la vue ? Demanda le brun en parlant des astres

-C'est toi mon étoile. »

Jungkook eut un rire gêné, car en aucun cas il aurait cru qu'on lui dirait quelque chose comme ça. Mais il aimait les choses comme ça.

« Je peux te raconter quelque chose ? Lui demanda plus sérieusement le roux

-Bien sûr.

-Mes parents parlent souvent du fait que personne ne m'aime et que je n'aime personne. En amour. Ma mère dit que ce n'est pas normal. Que je ne suis pas normal. Mon père ne dit rien. Parce que je pense que pour lui je ne suis rien. Ma mère dit que je la rends malheureuse. Personne ne s'attarde sur moi. Je n'ai pas vraiment d'ami. Alors je me demande pourquoi toi tu t'attardes sur moi. Et pourquoi je m'attarde sur toi.

-Tout le monde est fait pour aimer et être aimé. Et peut-être que nous sommes faits pour s'attarder sur l'un l'autre. N'écoute pas ta mère. C'est elle qui se rend malheureuse. »

Jimin remercia Jungkook d'un beau regard. Un regard qui transperça le brun. Un regard qui fit retourner son cœur.
Un courant d'air froid se faufila entre les corps et ils eurent tous les deux un frisson.

« Tu veux rentrer ? Le questionna le roux

-Rentrer où ?

-Dans ma chambre ? »

Le brun pesa le pour et le contre. Voulait-il se réchauffer auprès d'un ami ? Ou voulait-il rentrer chez lui dans le froid ? Il hocha la tête devant un Jimin content de sa réponse.
Il se leva presque dans la précipitation et pris la main de son ami. Jimin atterri sur ses deux pieds dans sa chambre et aida Jungkook à mettre ses pieds sur Terre.
Le propriétaire des lieux lâcha son invité, et rangea ce qu'il y avait à ranger. Les poèmes de détresse s'entassèrent dans une boîte métallique, qu'il cachait dans un tiroir de son bureau. Les bouts de tissus qui recouvraient le carrelage blanc se firent empiler dans une armoire trop étroite.
Alors que des photos retournées allaient revoir la lumière du jour, le brun pris les mains du roux. En un regard, il comprit que sa tanière était bien comme elle était, et qu'elle n'avait pas besoin qu'on y touche.
Ses yeux parcourent les traits en face de lui. Le contemplé baissa ses cils, et se concentra sur les poignets fins qu'il tenait.

Ses cils remontèrent et les yeux de l'autre regardèrent les siens.
Les doigts du roux dans les cheveux du brun.
Les doigts du brun encerclant les poignets du roux.
Ils ne savaient pas ce qu'ils étaient. Mais ils se contentaient de l'être.
Était-ce normal qu'ils se touchent ainsi ? Était-ce normal tout ce qu'ils ressentaient en cet instant précis ?

« Récite l'un de tes poèmes. »

C'est sûrement le dessinateur qui avait parlé. Et le poète le fit. Puis quand tout était fini, leur peau ne se touchaient plus. Le brun lança juste un petit sourire au roux qui le remercia.
Et l'autre le remercia en retour.
Sa présence était partie. Mais les sentiments continuaient.

C'est dans cette nuit qu'ils étaient contents de ne pas savoir ce qu'ils étaient.

Je me sens seul,
Et mes larmes pleurent.
Tu n'es qu'un leurre.
Et je me cache sous ce linceul.
Il faut que je te laisse partir.
Mais la soirée est à finir.
Alors reste, le temps de s'aimer
Rien qu'une nuit, cachés.
Et ensuite, la soirée sera finie.
A l'inverse de notre amour indéfini.

Sur une autre planète, Jungkook reste dans la chambre de Jimin jusqu'à ce que le soleil les enlève de la lune.

Sur la Route du Destin [JiKook]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant