NEUF

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Les Alphas seront récupérés quelques minutes avant le couvre-feu pour élir domicile au Palais le temps des entraînements. Ce sera tout, bonne soirée.

Un sourire et retour aux journalistes qui commentaient déjà le choix des Alphas. Il fallait que je me lève, que je bouge, je ne voulais pas, ne pouvais pas rester là à l'écouter. Seulement, j'étais encore trop tétannisée pour faire le moindre mouvement. J'entendais mon frère m'appeler mais sa voix me parvenait de très loin.

Le couvre-feu était dans peu de temps, il faudrait que je me lève et que j'aille préparer un sac – on avait le droit d'emporter des objets qui avaient de la valeur à nos yeux. Pourtant il m'était toujours impossible de bouger comme si j'étais subitement devenue paraplégique.

En fait, je ne repris vraiment mes esprits que lorsque Trois me serra dans ses bras au point que je ne puisse plus respirer.

Le chauffeur est là, murmura-t-il.

Je me dégageai de son emprise.

Comment ça, déjà ? m'écriai-je.

Oui, déjà. ça fait dix minutes que tu es en état de choc.

Je hochai la tête. Après ce que le Dissaire venait de dire, ça ne m'étonnait pas.

Il me faudrait un sac, dis-je d'une voix distraite en me levant.

Il est prêt, Neuf, chérie.

Ma mère apparut dans le salon, un sac à la main. Ses yeux rouges prouvaient qu'elle avait pleuré et expliquaient pourquoi elle avait eu besoin de me le faire. Elle savait que Trois et moi étions très proches, aussi lui avait-elle confié le soin de me réconforter pour aller préparer mon sac.

Merci, répondis-je en approchant.

Elle me serra dans ses bras et je refermai mon étreinte, sentant les larmes me monter aux yeux, à moi aussi.

La sonnette retentit. On se dégagea l'une de l'autre, j'attrapai mon sac et me dirigeai vers la porte sans me retourner. L'excitation montait en moi en même temps que l'appréhension, motivés par l'adrénaline qui pulsait dans mes veines. Une main sur la poignée, j'hésitais à franchir la porte, à quitter ma famille – bien qu'incomplète, à cause de mon père qui n'avait jamais été présent que pour me concevoir.

Bonne chance, Neuf.

J'ignore lequel des deux avait parlé mais en me retournant, les yeux brillants et un sourire aux lèvres, ce fut sans aucune once de peur que je déclarai :

Vous allez me manquer.

Et je sortis.



A part le chauffeur, j'étais seule dans la voiture. D'Ascandia au Palais. Ce dernier avait la forme parfaite d'un Pique en or scintillant au bord d'une rivière. Le Palais de Cheenadland était un immense arbre en forme de Trèfle, situé au milieu d'une forêt et en bordure d'un ruisseau. Certains disaient même qu'il était devant une cascade. Celui de Biassonita était une forteresse taillée dans la pierre d'une montagne. Ils avaient creusé des galeries dans une vallée rocheuse en forme de cœur. Certains racontaient qu'ils avaient même réussi à le faire léviter. Le Palais d'Haidelinn reposait sur un socle en métal. Deux pyramides en fer étaient posées l'une sur l'autre pour représenter un Carreau. Quant à sa position, on disait qu'il était sous terre, tout comme le royaume. Ça donne envie, pas vrai ?

Arrivée au Palais, une femme me prit en charge pour me conduire dans ma chambre. Pas de visite des lieux mais, en même temps, j'étais trop épuisée pour crapahuter partout et je n'avais qu'une envie : dormir.

KhāsaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant