Lundi avait été chargé en événements. Même si, d'un point de vue objectif, il ne s'était peut-être pas passé grand-chose. Ou peut-être que si ?
Comme prévu, à huit heures tapantes ce soir-là, je m'étais présenté sur la plateforme de la cuisine – après avoir viré les deux morveuses, ce qui n'avait pas été une mince affaire. Là, je n'avais rien senti. J'avais été examiné dans tous les sens et le diagnostic avait suivi dans l'heure. J'étais imunisé, comme c'est étonnant !
Je ne l'avais pas dit à Kara et encore mois à Sofia, bien que je sois allée lui rendre visite dans la soirée. J'étais passé par la fenêtre comme je le faisais toujours et elle n'avait trouvé ça ni bizarre, ni flippant.
J'avais tenté de l'aider à recouvrer la mémoire mais soit c'était impossible, soit c'était encore trop tôt. Soit je m'y étais mal pris, ce qui était le plus probable.
Et avant d'aller me coucher, j'avais fait la chose que je rêvais de faire depuis longtemps : désactiver mon tatouage magnétique. Cela faisait donc moins de vingt-quatre heures que j'avais rejoint la race humaine.
En cet instant, j'étais en train de faire mes devoirs, studieux et assidu que j'étais. J'espère que vous n'y avez pas cru parce que c'est faux. J'étais en train de jouer sur l'hypranet en réfléchissant à la pierre. J'avais l'impression que tout était sa faute, à celle-là. C'était une fausse, Kara avait pris une balle et Sofia était amnésique. Nous n'aurions jamais dû tenter de la voler. Mais surtout, où était la vraie ?
— Jake ?
Je fis volte-face pour découvrir les jumelles sur le seuil de ma chambre.
— Si la porte est fermée, commençai-je, ça veut...
— On sait, coupèrent-elles et je remarquai qu'elles étaient sérieuses, ce qui était rare.
— Il faut que tu viennes voir ça, reprit l'une. C'est important.
— Mais qu'est-ce qui...
— Tout de suite !
Alarmé par leur attitude – cette façon de me presser urgemment –, je les suivis au pas de course dans le salon. Maman n'était pas rentrée mais je découvris rapidement qu'il en était mieux ainsi : à la télé, les quotidiennes nationales étaient diffusées. Ma photo, celle de Kara et celle de Sofia étaient affichées. Il ne manquait plus que le prix et nous étions les criminels les plus recherchés du pays – pour un faux bijou, en plus ! ça m'énervait tellement, ça.
Et puis, l'illumination me vint enfin : il fallait fuir. Ils avaient déjà Kara clouée dans un lit d'hôpital. Il fallait l'en faire sortir. Et Sofia, inconsciente du danger imminent qui la guettait.
Je tournai les talons, montai les marches quatre à quatre, attrapai ma veste en cuir et le sac que j'avais préparé pour ce genre de situation – idée de Sofia et je l'en remerciais d'y avoir pensé. J'y rajoutais quelques effets personnels et redescendis.
— Tu ne peux pas nous laisser comme ça, toutes seules, m'interrompirent les jumelles.
— Et je ne peux pas non plus vous emmener, répondis-je. Restez sages jusqu'au retour de Maman. Dites-lui (ma gorge se serra à l'idée que je ne rentrerais peut-être jamais à la maison) que je l'aime fort et que ce n'est absolument pas de sa faute. Elle n'a pas à s'en vouloir.
— Jake, ne pars pas...
Les larmes perlaient dans leurs yeux et, pour une fois, c'étaient de vraies larmes. Elles devaient comprendre qu'on ne se reverrait pas avant très longtemps, si l'on était optimiste.
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Khāsa
Science FictionDepuis la Déclaration de Suppression de l'Occident, le Monde Oriental vit dans la méfiance. L'Europe, l'Asie et l'Afrique ne se font plus confiance. Ils vivent plus séparés que jamais. Les tensions sont à leur paroxysme. Il n'y a plus d'alliance mai...