Chapitre 2

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Mes cernes trahissaient ma fatigue. Mon sommeil était perturbé par le moindre bruit. Mes rideaux opaques dissimulaient complètement la vue. Comment cet impur pouvait savoir que je ne lui obéissais pas ? Peut-être qu'il bluffait pour me faire peur. De toute façon nous vivions constamment dans la crainte.

J'entamai mes exercices matinaux, quelques squats, pompes puis trente minutes d'étirements. Sans ses mouvements je ne pouvais pas commencer ma journée. J'entrai dans la minuscule cabine de douche. L'eau chaude détendit mes muscles.

Après m'être apprêté sobrement, j'attachai les lacets de mes nouvelles bottines. Je portais rarement des escarpins. Ce n'était pas pratique pour courir. Je coiffai rapidement mes cheveux et emportai mon p'tit déjeuner. Je filai jusqu'à la station de métro plus que dix minutes pour arriver à la maternelle. Les places dans la trame ne manquaient pas.

Depuis l'introduction du remède miracle il y avait dix ans la population décroissait. La loi imposait aux personnes un seul enfant. Les écoles fermaient. Dans notre établissement notre classe comptait quinze élèves de quatre à six ans.

Les parents attendaient déjà devant la grille. J'effleurai le scanner et rentrai rapidement. Je saluai ma collègue de stage, ses cheveux roses amusaient beaucoup les enfants.

— On déjeune ensemble ce midi ? Me questionne telle.

— D'accord, pas de problème.

Je m'entendais très bien avec Ella. Par contre, Madame pichet ne me portait pas dans son cœur.

— Jeune demoiselle, tachez de venir plus tôt et mieux coiffé.

— Oui, ça n'arrivera plus.

— J'y compte bien.

Plus que quelques jours à tenir. Je préférais mes cheveux plus sauvages. Nous évitons de les attacher pour ne pas donner des envies inutiles aux impurs. La matinée passa plutôt vite.

Nous déjeunions sur un banc situé dans un parc en face de l'école. Ella aimait se vêtir dans le style kawaï des années dix. Elle regardait beaucoup d'animés japonais de l'époque. J'appréciais beaucoup celui avec le chat bleu. Mais je préférais visionner des comédies romantiques.

— Tu es déjà allé au centre ?

— Non jamais, je ne veux pas mourir, et toi ? répondis-je.

— Une fois avec mon père il travaille pour le maitre de la ville.

J'ai déjà vu cet homme aux informations. Jeune et déjà dirigeant.

— Ils ont l'air comme nous, pourtant des rumeurs disent que les enfants des impurs auraient des yeux rouges et de mystérieux dons.

— Pff, c'est n'importe quoi, ripostais-je.

— N'empêche, j'aimerais bien posséder des pouvoirs.

Si j'obtenais des talents, je pourrais soigner toutes les personnes, ça nous éviterait de prendre ce poison. Je retournai chez moi. Mon appartement de soixante m² me suffit amplement. Je m'y sens bien dans ce petit cocon qui me ressemble coloré et bordélique.

Je profite de mon après-midi pour m'évader et me dépenser. La musique résonne dans mon salon. J'enfile une tenue plus confortable. J'entame les premiers gestes de ma chorégraphie devant l'un des rares espaces verts.

Le soleil commençait sa descente sous mes pas. Je m'écroulais sur le fauteuil abîmé. J'étais essoufflée et un peu étourdie, mais pendant cette danse je n'avais pensé à rien. Je passais la soirée avec ma mère qui avait cuisiné des lasagnes. Je les dégustai lentement. Nous mangions des produits frais tous les mois. Les aliments en poudre coûtaient dix fois moins cher.

Désir sensuelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant