La douleur n'en finissait pas, mes jambes tremblaient sous l'effort. Je restais debout pour chaque personne soignée. Quand je voyais leur peau rosir, je redoublais mes forces pour guérir le plus de monde. La peur ne me prenait pas parce que Rohan me protégeait. Il était là recouvert de sang, mais présent. L'aider me rendait fière et de la bonne façon.
Je regardais les militaires s'aligner, prêt à faire feu. Ils se positionnaient en hauteur, eux ne risquaient rien. Un cri attira mon attention, une jeune femme se faisait embrocher. Son assaillant interpella Rohan. Il lui demanda de rejoindre ses rangs sous peine de tuer son équipe. J'essayais de voir l'action, mais Rohan me ramena sa collègue.
— Prends-la et va dire à l'armée d'attaquer, plus question de sauver qui que
ce soit le risque devient trop grand.
Le ton de ses paroles m'indiqua que je ne pouvais pas négocier. D'autres cris de frayeur m'alarmèrent. Les personnes redevenues humaines se faisaient mordre. Tous mes efforts ne devaient pas partir en fumée.
Les coéquipiers de Rohan arrivaient près de moi. Un jeune homme au visage très fin s'approcha :
— On va t'aider à ramener tout le monde en sécurité.
J'eus à peine le temps de le remercier, qu'il porta trois personnes et grimpa sur les immeubles.
— Il faut toujours qu'Alix en fasse des tonnes.
Deux autres gars un peu plus âgés l'imitèrent.
Moi j'emmenai la demoiselle. Un charmant militaire sera sûrement volontaire pour lui redonner vigueur. Mes forces m'avaient abandonné quand ma vision distinguait les marches, mon cerveau ne voulait pas grimper. Les commandes ne répondaient plus. Satané cerveau, il te reste un peu d'adrénaline. Pas à pas je réussissais à gravir les étages, heureusement, ce bâtiment n'en possédait que trois.
Je m'écroulais devant l'armée qui commença à faire feu. On m'allongea sur un lit de camp et banda mes blessures. À coter, la coéquipière de Rohan se nourrissait sur un vigoureux soldat. Les humains mangeaient. Je souriais, tous ces gens étaient sains et saufs grâce à moi. Cette fierté me redonna du courage. On me tendit un repas que j'engloutis en dix minutes.
— Je m'appelle Melina, merci de m'avoir secouru.
— De rien, murmurai-je la bouche pleine.
Elle me paraissait encore plus belle avec ses grands yeux noirs et sa longue chevelure.
— C'est toi qui as rendu tous ces gens normaux.
— Oui mon sang régénère les cellules transformées par le remède. Je ne sais
pas pourquoi. Jayrim l'examine en ce moment.
— Ah oui ? C'est incroyable, tu penses que ça pourrait fonctionner sur un
vampire de naissance ?
Ses yeux pétillaient, la commissure de ses lèvres remontait doucement, voulait-elle changer ?
— Euh, je ne sais pas.
Elle parut déçue et se tendit brusquement.
— Où est Rohan ?
— Toujours dehors
Elle se précipita, mais Alix l'arrêta.
— Rohan ne veut personne dehors. Rester ici.
Il me prit le bras.
— Toi tu viens avec moi, on a besoin de toi.
Il m'entraîna hors du camp. Les cadavres jonchaient le sol, la bataille était finie ?
— Que se passe-t-il ?
— Tu verras.
Quelque chose n'allait pas. Pourquoi m'amener vers la gare ?
Elle ne servait plus, le bâtiment semblait quand même entretenu. Les vitres restaient intactes, aucun tag ne décorait les murs. Alix poussa la haute porte, dans le hall. Un homme très grand vêtu de noir rouait de coups Rohan allongé à terre. Son sang formait une flaque. Je me précipitais sur lui.
— Arrêter !
Je lançais mon pied sur son genou de toutes mes forces, mais même avec le pouvoir de Rohan je n'arrivais pas à le faire reculer d'un poil. Il se mit à rire et sa main me heurta violemment. Mon bras cogna le sol.
Aie, je ne pouvais plus le bouger. Je regardais Alix.
— Aide-nous.
Il m'ignora.
— C'est elle la sauveuse ? Celle qui a guéri mes troupes.
— Oui, dès que les rejeteurs ont bu son sang ils sont redevenus humain, pouf
comme par magie, répondit Alix.
— C'est incroyable. Avale-la.
— Quoi ! jamais ! J'aime être vampire. Tuons-la !
— C'est moi qui fixe les règles ici. Savanna, Cria dark vador.
Il lui manquait juste le casque. Son visage représentait la méchanceté pure. Sa barbe grisonnante n'arrangeait rien.
Plusieurs personnes en blouse arrivèrent.
— Prenez son sang tout de suite.
Ils me piquèrent sans se soucier des gestes sanitaires. Une dizaine de tubes firent prélever. Je décidais de me laisser faire à regret. À côté de moi Rohan semblait se battre contre lui-même. Son visage ne ressemblait plus à rien. Je n'osais pas le regarder. J'avais les larmes aux yeux. Dans un dernier geste, je serai sa main. Notre mort arrivera bientôt.
Je sentis ses doigts me serrer. L'aiguille quitta mon bras.
— Quel spectacle pitoyable ! je dois m'en aller. Enfermez-les.
— Mais nous n'avons qu'une seule cage.
Ma tête tournait, les mots semblaient lointains et s'effaçaient. Quand je repris mes esprits, j'entendais des gouttes tomber. Le sol froid me donnait des frissons. Rohan reposait près de moi. L'obscurité m'empêchait de voir, mais je sentis qu'on se trouvait dans un sous-sol.
Je me redressai, mon bras me torturait. Mais Rohan ne bougeait pas du tout. Je m'approchai de lui, sa respiration calme comme la houle de la mer trompait son état. Son sang n'arrêtait pas de couler.
Je devais prendre une décision, son sort me revenait : soit j'attendais qu'on vienne nous délivrer, sachant que je me suis évanoui, je ne connais pas notre emplacement, ou je lui donnais mon sang. Il va sûrement guérir, même de son gène vampirique. Et après si je le soignais comment sortir ? Une idée illumina mon esprit.
J'arrachai l'épiderme au niveau de mon poignet et lui tendis au-dessus de sa bouche. Une goutte coula sur sa lèvre. Peu de sang aura peu d'impact, mais je pense qu'une quantité énorme devra être absorbée.
Dis-moi si tu en veux, réagis s'il te plait.
Il lécha le nectar. Je prends ça pour un oui. J'arrachai plus profondément ma blessure. Je criai, mes larmes coulaient presque autant que le liquide rouge dans sa gorge. Ça ne s'arrêtait pas, je sentis sa langue me gouter. Le plaisir prenait place, une totale implosion de bien-être. Ses plaies se refermaient à vue d'œil. Il commença à croquer ma chair. J'appuyai mon poignet et criai de toute mes forces. Sa bouche aspira tout mon nectar vital.
Ses mains s'emparèrent de mon corps. Ses yeux rougirent, ils étaient animés par un désir brûlant. Ses dents ressortirent. Je voulais m'enfuir, mais il se saisit de mes cheveux et s'attaqua à mon cou. Je me débattais, mais la sensation de douleur et de plaisir se mélangeait. J'aimai sa faim de moi et être entre ses bras, à la fois protégé par ses grandes mains et possédé par ses crocs. J'étais utile et ça me suffisait.
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Désir sensuel
VampireJe ne comprenais pas ce qui m'arrivé. Un impur m'avait agressé et j'avais aimé. Il m'obsédait, je le rencontrais dans mes rêves érotiques. Pourtant je ne supportais pas être touché surtout par ces hommes qui pour être immortel avaient renié leur hum...