DONC TU MOUGOU ? [BxB]

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Lorsque le soleil se leva sur les belles cités d'Abidjan, j'avais déjà les yeux ouverts. En effet, je n'ai pas pu dormir cette nuit. Je me posais mille et une questions quant au plan quelque peu sournois que j'avais élaboré la veille. Je me demandais s'il valait la peine que je sache au final ce que mon meilleur ami semblait me cacher. Cette découverte ne ruinerait-elle pas notre amitié ? C'est mon grand frère Momo qui vint me tirer de mes pensées.

-Yaya ! Tu ne vas pas à l'école aujourd'hui ?

-Est-ce que j'ai dit que je n'allais pas partir ? Ah !

Puis, je me levai en lançant un "Tchrrr" ou encore "Tchip" quasi-inaudible. Malheureusement, cela ne lui échappa guère.

-Tu deviens impoli hein toi là ! Toi et moi, on n'a pas joué aux billes ensemble. Je ne suis pas ton ami, hurla-t-il.

Il avait clairement pété un câble. Je m'en voulais de lui avoir parlé avec si peu d'égard. Mais, ce n'était pas totalement de ma faute car je ne suis pas du matin. Lorsque l'on me brusque aussitôt le matin, je ne tarde pas à devenir irritable.

-Tout ça, c'est parce que tu fréquentes cet effronté de Marco là, continua-t-il. Il t'a contaminé. Depuis que tu marches avec lui, tu cours vers la dérive. Si je te vois encore avec lui, ne serait-ce qu'une fois, je te montrerai qui a mis l'eau dans coco. T'as compris ?

Ah non, il ne pouvait pas m'empêcher de fréquenter Marco. Tout sauf ça !

-...

-N'est-ce pas à toi que je parle ? Je t'ai demandé si t'avais compris.

-Mmmh

-Ne m'énerves pas hein ! T'AS COMPRIS OU PAS ?!

-Oui, j'ai compris !

-Bon, va te laver maintenant !

C'était la douche la plus triste de toute ma vie. Je pensais à chaque mot que mon frère venait de prononcer. Je ne pouvais pas concevoir le fait de ne plus être ami avec Marco. Marco, c'est la personne la plus formidable que je connaisse. Caractériel, franc, intelligent, voici en partie ses qualités que j'admire. Il ne se laisse jamais marcher sur les pieds. C'est aussi un p'tit insolent, mais son insolence est généralement portée par un coeur bon. Malheureusement, tout le monde ne s'arrête qu'à la vilaine facette de sa personnalité. Cette facette n'est pas toujours moche car elle lui permet de dire tout haut, ce qui se dit tout bas. Mon meilleur ami a une très mauvaise côte auprès des personnes âgées, en l'occurrence mon grand frère Momo. Dans nos sociétés africaines, et surtout ivoiriennes, le respect des aînés est fondamental. Les plus jeunes doivent se soumettre aux plus âgés, et c'est comme ça. Marco ne respecte pas vraiment ces règles. Lui, il dit ce qu'il pense avec cette touche de "malparlage" à tout le monde sans tenir compte de l'âge de celui à qui il s'adresse. Ce qui le rend extrêmement détestable auprès des aînés.

Je vis avec mon grand frère depuis mon arrivée à Abidjan, la capitale de mon amour de Côte d'Ivoire. En effet, je vivais au village avec mes parents. J'avoue que je m'y sentais mieux. Là-bas, même s'ils ont beaucoup de préjugés, ils acceptaient mieux le fait que je sois efféminé. On me critiquait par-ci, par-là mais c'était à un degré moindre. Lorsque j'ai obtenu mon entrée en sixième, mon père m'a conduit à Abidjan chez Momo. C'est lui qui allait être à présent mon tuteur. Il est marié à une charmante femme dénommée Esther. Ils n'ont pas encore d'enfants, donc ils me portent toute leur attention. Ils me traitent bien, mais le seul problème, c'est que Momo est beaucoup trop autoritaire. Il me pose des interdits à chaque moment. Lorsque je débutais la classe de sixième, la vie commença à être beaucoup plus compliquée pour moi à cause de mes "manières de princesse" disait-on. C'est en classe de 4ème que tout s'empira. J'étais insulté, méprisé, battu par des brutes. Même à mon pire ennemi, je ne le souhaite pas. C'est en seconde qu'un diablotin au coeur d'ange descendit du ciel pour me libérer de toute cette souffrance. En effet, Marco me défendit bec et ongles contre tous ceux qui étaient contre moi. Il m'ouvrit grandement ses bras quand tout le monde m'avait tourné le dos. Et avec tout ça, Momo voulait qu'on ne soit plus proches. Je lui ai toujours obéi mais cette fois, je crois bien que je dérogerai à la règle.