Chapitre 3. Retour à l'école

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9h tapante. Fanny était à la barrière de l’école en train d’accueillir les enfants que les parents déposaient. Elle vit Dylan arrivait avec Madeleine. Il lui lâcha la main pour courir dans les bras de Fanny.
“- Salut p’tit bonhomme , comment ça va ce matin.
Il l’embrassa sur la joue.
“- J’avais trop hâte de revenir pour te voir.
Elle sourit à pleine dent et l’invita à entrer. Madeleine les observait de loin. Dylan n’était pas aussi affectueux avec elle. Pourtant, c’est presqu’elle qui l’avait élevé. Elle était présente depuis sa naissance et s’occupait de lui depuis que Bénédicte avait repris le travail. Elle voyait bien qu'il était heureux quand il revenait de chez son père. Qu'est-ce qui ne tournait pas rond chez Bénédicte pour s'acharner sur son fils de la sorte.
Le bruit du portail la sortit de ses pensées. Fanny alla en maternelle rejoindre Madame  Coutant et Dorothée.
La semaine se passa sans encombre. Les convocations avaient été lancées et Madame  Boucoeur attendait de pied ferme Grant et Bénédicte. Vers 16h20, Fanny commença à préparer les papiers à distribuer. Madame  Boucoeur préférait que les enfants les aient à la main pour ne pas oublier de les donner aux parents. Fanny prépara une enveloppe spéciale pour Grant. On était vendredi et elle savait qu’il viendrait au rendez-vous. Elle prit son portable pour s’assurer de l’heure exacte et constata qu’elle avait un message. Elle ne reconnaissait pas le numéro. Elle l’ouvrit et le lu: ‘Bonjour Fanny, désolé pour le message tardif, la mère de Dylan vient de m’avertir qu’elle me confiait la garde de Dylan ce week-end. S’il vous plaît, ne le laissait pas partir avec Madeleine. Merci Grant’
Il était grand temps d’ouvrir le portail. Elle prévint en passant Madame  Boucoeur, enregistra le numéro et se posta à la barrière avec les papiers qu’elle donnait au fur et à mesure aux enfants. Madeleine était déjà présente. Mais Dylan ne se présenta pas. Une fois tous les enfants sortis, Fanny s'apprêtait à rentrer.
“- Excusez-moi mademoiselle, dit Madeleine à l’adresse de Fanny, Dylan ne sort pas?
“- Oh! Il termine un travail avec Madame  Boucoeur. répondit-elle
Puis elle aperçut par dessus l’épaule de Madeleine, Grant qui arrivait en courant. Madeleine sursauta à son passage et s’interrogea sur sa présence. Comment connaissait-il l’école? Quelque chose avait changé! Fanny l’invita à entrer. Elle le guida jusqu’à la classe de Madame  Boucoeur qui l’accueillit avec joie. Elle attendit jusqu’à 16h45.
“- Je suppose que Madame  Babou ne viendra pas!? lança t-elle à l’intention de Fanny
“- Il y a Madeleine à la grille, répondit Fanny
“- Elle m’a envoyé un message pour me dire qu’elle devait partir ce week-end et qu’elle me déposerait Dylan demain midi. intervint Grant
“- Très bien, puisque le bien-être de son fils passe après les weeks-end, nous allons commencer et je passerai un petit coup de fil avant que vous ne partiez.
“- Et pour Madeleine? interrogea Fanny.
“- Vous pouvez aller lui dire qu’elle peut rentrer chez elle.
Fanny obtempéra. Madeleine attendait toujours.
Madame Boucoeur expliqua à Grant les soucis de Dylan, ses difficultés scolaires, les efforts que cela lui demandait pour essayer de se maintenir au même niveau que la classe. Elle montra tout le travail de Fanny, les progrès de Dylan et lui fit toucher du doigts la nécessité de s’impliquer davantage. Elle lui exprima les différences chez Dylan lorsqu’il rentrait d’un week-end chez son père et d’un week-end avec sa mère. Elle pouvait même lui signifier les moments où Dylan était seul avec Madeleine.
“- Cet enfant n’est pas du tout le même! s’exclama-t-elle
Grant l’informa de son désir de s’investir davantage dans la scolarité de son fils, maintenant qu’il savait où il était. Il lui expliqua les difficultés qu’il rencontrait, son ignorance même concernant ladite école, que s’il n’y avait pas eu cette rencontre avec Fanny lors des vacances de février, il n’aurait jamais était au courant et qu'il regrettait cette situation. Il avait bien conscience que cela nuisait à Dylan, mais il n’avait pas eu son mot à dire.
Il se leva comme pour reprendre le contrôle de ses émotions. Il alla jusqu’à la fenêtre et regarda Dylan qui s’amusait avec Fanny. Il comprenait maintenant pourquoi son fils était tant attaché à cette femme. Madame Boucoeur le sentit ému.
“- Qu’est-ce qui s’est passé, si ce n’est pas indiscret.
Grant fit face à Mme Boucoeur.
“- Je suis rentré du travail un dimanche en début d’après midi, tout heureux de finir tôt pour passer du temps avec ma femme et mon fils et j’ai trouvé sur notre maison, un écriteau ‘Vendu’. Lorsque j’ai pénétré dans la maison, elle était vide. Il n’y avait plus un meuble! Seuls, 6 cartons trônaient au milieu de l’entrée avec pour seule explication, une injonction de divorce. Je n’ai rien vu venir. Je n’ai rien compris. Elle a pris mon fils et a disparu de ma vie. Son numéro de téléphone n’était plus attribué et lorsqu’elle m’appelait, c’était toujours en numéro masqué. Je suis allé à l’école où Dylan était inscrit, elle l’avait enlevé sans explication. Je me retrouvais privé de mon fils, divorcé et SDF.
“- Vous avez pu être aidé par votre famille?
“- Je suis fils unique et mes parents sont décédés quelques mois avant cette mascarade. D’un sens, ils n’ont pas eu à en souffrir.
“- Où avez-vous vécu?
“- Dans ma voiture pendant quelques semaines jusqu’à ce que je trouve un petit appartement.
“- Avec Dylan ce ne devait pas être évident
“- Je n’ai réussi à l’avoir le week-end que 8 mois après. Je suis allé voir la police pour savoir ce que je pouvais faire. Heureusement, je suis tombé sur un policier très compréhensif qui m’a bien aidé. Mais encore aujourd’hui, elle n’en fait qu’à sa tête. Si ça ne l’arrange pas de me l’amener, elle annule mon week-end. Et quand elle me l’amène, c’est le samedi midi pour venir le chercher le dimanche vers 11h30.
“- Mais attendait, elle vous prive de votre droit de père, elle n’a pas le droit de faire ça!
“- Le problème, et ça je l’ai compris tardivement, c’est que si je râle, elle se venge sur Dylan. Et ça je ne veux pas.
“- Ok, j’en sais assez entendu  pour passer mon appel. Vous permettez?
Elle se dirigea vers son bureau et invita Grant à rejoindre son fils dans la cour. Il s’assit sur un banc et l’observa.
Madame Boucoeur composa le numéro de son ami Edgar Cromwell, juge pour enfant. Elle lui demanda conseil pour aider Dylan et son père déchu de ses droits parentaux. Elle y passa près de trois quart d’heure. Pendant ce temps, Fanny confia à Grant la surveillance de Dylan pour aller ranger la salle de classe. Quand elle ressortit, elle vit Dylan jouant au ballon avec son père.
Madame Boucoeur sortit à son tour et annonça qu’elle avait obtenu pour Grant le droit de venir chercher Dylan à l’école le vendredi soir de son week-end de garde. Elle avait obtenu aussi une injonction stipulant que si Mme Babou n’était pas présente lors de ses weeks-end de garde, la garde revenait automatiquement au papa et ne devait en aucun cas être confiée à Mme Gallé. S’il s’avérait que Mme Babou ne respectait pas cet engagement, la garde définitive serait confiée à Monsieur Smile.
“- Et dernier point, ajouta-t-elle, elle ne peut en aucun cas changer les weeks-end de garde comme il lui chante. Vous avez la garde de votre fils du vendredi 16h30 au dimanche 18h30, sauf si vous êtes en mesure de le conduire le lundi matin, dans ce cas c’est jusqu’à 9h le lundi matin.
Madame Boucoeur vit l’émotion envahir de nouveau Grant.
“- Comment vous remercier?
“- Ne me décevez pas, intégrez l’association des parents d’élèves, soyez disponible dans la mesure où votre travail vous le permet.
“- Je ne vous décevrai pas. Comment puis-je intégrer l’association?
“- Il y a une réunion ce lundi à 18h. Vous permettez que j’envoie vos coordonnées à la présidente?
Il acquiesça de la tête. Elle poursuivit.
“- On recherche des parents volontaires pour encadrer les sorties. Venez à la réunion lundi soir, vous aurez toutes les dates des sorties prévues avant les vacances d’avril et jusqu’à la fin de l’année scolaire.
“- J’y serai.
Madame Boucoeur rassembla ses affaires et invita Grant, Dylan et Fanny à se diriger vers la sortie. Elle ferma la porte derrière eux et leur souhaita un bon week-end.
Alors qu’ils avançaient côte à côte en discutant, Dylan resta devant l’école.
“- Qu’est-ce que tu fais bonhomme? interrogea Fanny
“- Je ne peux pas rentrer, Madeleine n’est pas là!
Fanny se tourna vers Grant.
“- Vous ne lui avez pas dit?
“- Non avec tout ça, je n’en ai pas eu l’occasion.
“- Me dire quoi papa, s’enquit le garçon
“- Maman n’est pas là ce week-end, alors tu viens chez moi.
Dylan bondit de joie. Il se tourna vers Fanny.
“- Tu manges avec nous?
Grant regarda son fils, interloqué, puis il regarda Fanny pour connaître sa réponse. Elle était tout aussi surprise que lui et ne savait quoi répondre.
“- S’te plaît, s’te plaît, s’te plaît...insista Dylan
“- Mais...commença Fanny sans voix, je ne sais pas...je…
Elle se tourna vers Grant comme pour chercher du secours. Mais la réponse qu’il fit la déstabilisa.
“- Ce sera à la bonne franquette.
Elle était prête à refuser l’invitation mais quand elle vit les yeux de Dylan et le regard de Grant, elle s’entendit répondre ‘d’accord’.

Sauver Dylan (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant