Chapitre 8

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CHAPITRE 8

Nous courons à en perdre haleine, pas une seule fois nous ne ralentissons. Je ne me souviens pas avoir couru aussi vite de toute ma vie. A croire que la peur me donne des ailes. Et, comme si les choses n’étaient pas assez compliquées, il se met à pleuvoir mais nous ne nous arrêtons pas pour autant. Nous nous retrouvons bien loin de la maison, à des lieues du quartier même. N’en pouvant vraiment plus, je m’écroule. Ludis s’arrête aussi et s’accroupit à mes côtés, dégoulinant d’eau de pluie.

-Tu vas bien Ella ?

-J’ai le souffle coupé, parvins-je à articuler. Que se passe t-il Ludis ? J’ai peur.

-N’aies pas peur, tu es avec moi, en sécurité. Ce sont les gens de Silion Ella. Udes et Dilène ont dû de parler des conflits qui ont toujours subsistés entre nos planètes. La fin du monde précédent n’y a rien changé même si les tensions s’étaient quelque peu apaisées ; cela fait des lustres qu’il n’y a pas eu d’attaques. Leur méthode de traque favorite consiste à t’effacer de la vie de tes proches. Ils remplacent ta maison, t’effacent de la mémoire de tes amis, détruisent toute trace de ton existence ! Il ne reste plus rien de toi, plus aucune preuve de ton passage dans ton monde. J’ignore comment ils ont appris que tu étais en vie et que tu étais de retour au palais mais tu es leur nouvelle proie Ella. En s’en prenant à toi, ils ont le meilleur moyen d’atteindre le roi et la reine. Il est impératif que nous regagnions le palais au plus vite !

Je frémis, j’ignore si c’est à cause de la fraîcheur de la pluie ou de la peur ; un peu des deux je suppose. J’ai du mal à saisir toute cette histoire. Une guerre de plusieurs siècles, qui malgré la catastrophe qui a failli désintégrée deux planètes, ne prend pas fin. Et, il semblerait que je sois le déclencheur de la nouvelle ère de conflit. Mes parents chercheront à reduire Silion en cendre si jamais il m’arrivait quelque chose. Mais où sont Udes et Dilène ! C’est vrai ! Ils étaient sortis diner et si ils les ont capturés ou pire ! Il faut que j’y retourne. Je me relève rapidement.

-Allons chercher Udes et Dilène d’abord !

-Nous ne pouvons pas…

-Si nous pouvons ! Je ne vais pas les abandonner ici à la merci des ces gens ! Ils sont comme mes parents et c’est ma faute s’ils sont revenus. Il faut aller les chercher, il le faut !

Tout d’un coup, Ludis m’empoigne. Je ne lui ai jamais vu un air aussi fermé, aussi sérieux. Je suis presque effrayée, ses yeux luisent de mille feux. Il sort une étrange boussole de sa poche, ancienne et faite d’un métal fuselé ; elle contient le même liquide que les caissons de voyage.

-Ils sont assez grands pour se débrouiller, ils nous rejoindrons là-bas !

Avant que je n’aie le temps de protester, il enclenche le petit levier sur le côté. Et en une fraction de seconde, nous nous retrouvons dans une pièce sombre juste éclairée par des boules de lumières émeraude : Gaia ! Nous sommes rentrés, nous avons abandonné mes « parents » à la merci de ces êtres dangereux, je n’arrive pas à y croire ! Je me mets à sangloter,  les larmes coulent malgré moi, je ne peux les arrêter, c’est frénétique. Ludis tente de me prendre dans ses bras pour me réconforter mais je le repousse ; c’est de sa faute, il les a abandonnés là-bas, comment a-t-il pu ?

-Ne me fais pas ça Ella, ne m’en veux pas. Je ne le supporterai pas. Il le fallait, pardonne moi.

-C’est de ta faute ! Tu les as laissé là-bas tous seuls ! Tu ne m’as même pas écouté !

-Ils ne sont pas sans défense Ella, ce sont des guerriers surentraînés comme la plupart des habitants de Gaia. De plus, ils auraient aimé te savoir en sécurité. Ta sécurité est primordiale Ella, tu es la princesse, ne l’oublies pas. D’ailleurs avant qu’Udes et Dilène ne s’inquiètent je vais leur envoyer un message pour les rassurer.

L'étrangèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant