Chapitre 10

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J’entends beaucoup de bruit mais j’ai du mal à ouvrir les yeux, mes paupières semblent peser des tonnes. Je suis si fatiguée, je veux juste dormir, pour toujours. Tout d’un coup, je me souviens que je ne suis pas en sécurité, j’ai été kidnappée ! Je me force à ouvrir les yeux et tout se qui se présente à moi est flou. Je cligne un peu des paupières et cela semble s’améliorer un peu. Je ne suis plus sur le dos d’un de mes ravisseurs mais dans une boule transparente qui avance toute seule entre les deux hommes en noir qui m’ont attrapé. Apparemment, nous sommes sur une autre planète que Gaia, l’atmosphère ici n’est pas bleu mais rouge comme des fournaises. Tous les habitants semblent avoir la joie de vivre et personne ne se soucie qu’une prisonnière ne soit acheminée ainsi vers le château dont les murs se dressent devant nous. Nous les passons et nous retrouvons dans une immense cours fleurie ; les innombrables fontaines se devinent au chant de l’eau qui en coule.

         Soudain, mon cœur fait un bond dans ma poitrine, une autre boule devance la nôtre de plusieurs mètres mais je sais, je sens que cette silhouette à l’intérieur c’est Ludis. Il a été capturé lui aussi, c’est surement pour ça qu’il n’est pas venu à notre rendez-vous. Tout est de ma faute, si seulement j’avais plus réfléchi ! Je n’imagine pas l’inquiétude au château quand ils se réveilleront ; Udes, Dilène, mes parents… oh mon Dieu ! J’essaie d’appeler Ludis, je cris, je hurle mais cette fichue boule est insonorisée. A bout de force, je m’effondre et sombre dans l’inconscient.

         J’ignore combien de temps j’ai dormi mais à mon réveil il fait déjà nuit. Et à ma grande surprise je ne suis pas dans une cellule souillée et étroite mais dans une chambre encore plus immense que celle que j’ai à Gaia. Je perçois difficilement les bords de mon lit tellement il est grand ; d’énormes rideaux parmes en velours descendent sur le sol recouvert d’un tapis duveteux. On sent sa douceur au simple contact des yeux. Quant au discret lustre qui pend au plafond, on a juste envie de l’allumer pour voir de quelle manière la lumière se reflète sur cet étonnant enchevêtrement de cristaux. Ils ont une étrange façon de traiter leurs prisonniers à Silion ; à moins que ce ne soit mon statut de princesse qui me procure certaines faveurs. Mais à quoi bon me faire des faveurs si ce qu’ils veulent c’est me tuer ? Bon, ce n’est pas en restant là à m’interroger que je sortirai d’ici. Je me dirige vers les fenêtres, elles sont toutes condamnées avec cette même membrane impénétrable que les gens du château utilisaient à Gaia. Je sais, ça aurait été trop facile qu’ils me laissent une issue. Après m’être découragée à explorer la chambre en vain, je m’affale sur le divan rouge somptueux qui trône non loin du balcon. C’est à ce moment que quelqu’un frappa à la porte. Ne sachant que faire, je lui ordonne d’entrer. C’est une servante, elle m’apporte à diner ; vu tout le contenu du chariot je me dis qu’en fait ils pensent me tuer avec un excès de nourriture. Mon ventre se met à gargouiller lâchement, trahissant ainsi la faim que je n’avais jusque là pas ressentie. Sans me démonter, je la bombarde de question.

-Où est l’autre prisonnier ? Où est Ludis ? Qu’avez-vous fait de lui ?

Elle m’ignore royalement et s’en va après une révérence. Quelle contradiction ! Elle refuse de me parler mais elle se prosterne quand même devant moi. Ou tout simplement on lui a interdit de me parler, oui c’est ça ! Mon estomac se rappelle encore une fois à moi et je me résigne à aller diner. Je n’ai jamais autant mangé de ma vie, pas seulement parce que je mourrai de faim mais il faut avouer que les mets étaient exquis. Peu de temps après, la même servante vient reprendre le chariot avant de me laisser à nouveau seule dans ma prison dorée. Pourquoi ont-ils capturé Ludis aussi ? C’est à moi qu’ils en veulent et officiellement rien ne nous lie tous les deux. Que sont-ils en train de lui faire subir ? Il ne sera certainement pas aussi chanceux que moi en tant que Conseiller. Que font mes parents ? Pourquoi n’ont-ils pas encore envoyé l’armée nous délivrer ?

L'étrangèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant