-Mais… Mais comment avez-vous fait ?!
Le regard de Dilène me fit rougir sur le champ. Je réalise à quel point ma question est idiote. Je suis sûr qu’un choc pareil n’a jamais existé. Dilène, ma mère adoptive, enceinte ? Est-ce aussi bizarre que lorsque votre mère vous annonce qu’elle attend un enfant, alors que vous-même êtes amplement en âge de procréer ? Bizarre mais joyeux aussi, la venue d’un enfant est toujours riche en émotions ! Mais pourquoi je n’arrive donc pas à parler, à sortir un seul mot, à la féliciter ? La raison est simple, nous ne sommes pas sur Terre mais sur Gaia, la seule planète ou l’amour est interdit alors les enfants nés de ce sentiment n’y ont pas de place. Le pire, c’est la peine de mort encouru… Au mon Dieu ! Mes parents feraient bien une entorse à la règle pour Udes et Dilène, n’est-ce pas ? Je n’oserai jamais leur demander de peur de dénoncer indirectement ces personnes qui me sont si chères. Il faut que je trouve une solution, ils ont toujours veillé sur moi, c’est à mon tour de le faire pour eux. Après tout, c’est de ma faute. Ils ont été obligés de se comporter comme un vrai couple pendant presque vingt longues années pour me faire croire qu’ils étaient mes vrais parents. Avec le temps, vient l’affection puis l’amour. Quoi de plus naturel ? Et peut-on seulement condamné des gens pour des choses aussi naturelles ? Peut-on enlever la vie à des gens parce qu’ils vont donner la vie ? Pourquoi les choses sont-elles si injuste ? Tout d’un coup, une détermination que je ne me connaissais pas m’envahit.
-Je vais tout arranger !
-Mais princesse qu’allez-vous faire ? Vous-même vous n’y pouvez rien, c’est la loi…, dis Dilène plus abattue que jamais.
-Exactement, c’est la loi le problème. Il faut combattre le mal à la source ! Je vais révoquer cette loi !
-C’est impossible ! Seuls, le Conseil peut faire une chose pareille…
-Je siégerai alors au Conseil, ne suis-je pas la princesse ! Va te reposer et n’y pense pas, ça pourrait affecter le bébé. Je vais m’occuper de tout
Face à ma détermination, Dilène n’argumente pas plus. Elle se retire et je commence à mettre au point mon plan. Je me battrai jusqu’au bout pour les sauver tous les trois, eux, ma vrai famille. Une fois les choses bien en place dans ma tête, je me décide à aller affronter mes parents. Je traverse les couloirs à la vitesse de la lumière. On croirait un fantôme en plein jour ! J’atteins enfin l’immense porte de la salle du trône, rien que sa taille me fait perdre toute contenance. Je prends une grande inspiration et j’entre. Mes parents ne s’attendaient pas à me voir, depuis mon arrivée je n’ai pas quitté mes appartements. J’ai bien fait de quitter ma torpeur avant qu’il ne soit trop tard pour Dilène. Après avoir parcouru la distance qui nous sépare, qui m’a d’ailleurs paru s’étirer, j’arrive enfin devant eux. Je me plie aux règles de bienséance pour les salutations et tout le tralala auquel je ne m’habitue toujours pas. Ils sont apparemment très heureux de me voir sortir et surtout en aussi bonne forme. Espérons que ça jouera en ma faveur… Je reprends une autre inspiration avant de parler.
-Père, mère j’ai une chose importante à vous demander.
-Nous t’écoutons Ella, m’encourage mon père.
-Si une personne enfreint la loi contre l’amour, aussi importante qu’elle soit, elle est condamnée à mort n’est-ce pas ?
-Evidemment, nul n’est épargné par loi, hormis les souverains du royaume.
Mon père venait de confirmer mes doutes. Il ne ferait pas entorse à la règle même pour Udes et Dilène. Il est donc hors de question que je lui dise la vérité.
-Rassure-nous Ella, tu n’as rien fait de tel n’est-ce pas ? Même en tant que princesse tu n’es pas autorisé à le faire. Un jour, tu régneras et là tu devras avoir un homme à tes côtés.
