Ian - 20

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Un toussotement insistant nous arracha soudain l'un à l'autre. Les joues rosies de Yuutô me donnèrent envie de chasser l'imprudent qui nous avait interrompus. Enfin, l'imprudente, devrais-je dire.

— Un peu de sérieux, ce serait bien.

Saori était appuyée sur le chambranle, les bras croisés. Elle me toisa d'un air renfrogné, et un bruit en bas assombrit encore son visage.

— On doit y aller, continua-t-elle. Il y a vraiment quelque chose dehors, et ça commence à taper sur les portes et les volets.

Je fronçai les sourcils. Des animaux sauvages ? Ça me paraissait étrange. Un frisson remonta le long de ma colonne vertébrale en repensant à la musique dans la maison d'à côté.

— Il ne fait pas encore jour, protesta Yuutô.

— On n'a pas le choix, Mame-chan. C'est trop dangereux de rester ici. On est encerclé.

J'enfilai des vêtements propres et en lançai à mes deux compagnons. Nous nous habillâmes en vitesse, je tentai de ne pas trop regarder Yuutô. Les battements de mon cœur s'apaisaient à peine, j'avais encore son goût sur mes lèvres... Trop court.

— Ceux-là sont pour Mato, annonçai-je, en désignant un tas.

Saori plia le reste de la pile, je l'accompagnai et, en deux temps trois mouvements, nous avions terminé de répartir nos fringues de rechange.

— Vous avez trouvé d'autres choses ? demandai-je à la jeune femme, tandis que Yuutô éteignait les lumières.

— Une machette dans le cellier. J'ai aussi repéré un coffre planqué dans le placard de la chambre du bas. On a voulu le forcer, mais les bruits ont commencé à devenir vraiment inquiétants. C'est pour ça que je suis montée vous chercher.

— Je vais regarder ça pendant que vous finissez les sacs.

À mesure que nous descendions les marches, les bruits du dehors me parvinrent plus nettement.

— On dirait des coups. Comme si quelqu'un frappait du plat de la main sur du bois.

La voix de Yuutô dans mon dos faillit me faire sursauter, tant j'étais focalisé sur les sons extérieurs. Mato nous accueillit dans le salon.

— On entend des grognements. L'odeur de cadavre est de plus en plus forte.

Je fronçai le nez, saisi par le parfum nauséabond qui envahissait peu à peu l'habitation. Nous devions partir, et vite ! Je filai voir le coffre. Rien de bien compliqué. Mon père aurait été fier de la facilité avec laquelle je forçai le cadenas. Un flingue et des balles. Parfait. Je le sortis, vérifiai s'il était correctement entretenu.

— On a l'impression que tu as fait ça toute ta vie.

Yuutô venait d'entrer dans la chambre. Il fronça le nez.

— Mato s'est changé, je vais me transformer. Saori et toi, vous porterez les sacs. La machette devrait lui convenir. Notre ours sera en première ligne, c'est le plus résistant.

Je hochai la tête avant de le suivre. Je me harnachai de manière à ce que mon paquetage ne me gêne pas et assistai Saori pour qu'elle puisse bouger au mieux. Chaque fois que l'un de nous approchait d'une ouverture, les grondements s'intensifiaient. Les portes tremblaient sous les coups. Qu'est-ce qui nous attendait de l'autre côté ?

Yuutô termina sa métamorphose, et Saori rassembla ses habits pour les fourrer dans mon dos. Je chargeai le pistolet. Ça faisait longtemps que je n'avais plus manipulé d'arme à feu, mais, comme le vélo, cela ne s'oubliait jamais. Le sang battait à mes tempes. Je sentis mon aigle s'agiter. Nous n'échangions plus un mot. Mato l'ours s'approcha de l'entrée. Les grognements au-dehors montèrent d'un cran.

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