Le Temps Des Sortilèges - Tome 2 - Le Choix

XXVII

   Enfin sortie de sa longue séance au commissariat où elle avait eu le "plaisir" d'affronter l'inspecteur Lafond, Charlie avait reçu un appel de ses parents. Sans surprise, ceux-ci ne prirent pas la peine de lui demander comment elle se portait après le traumatisme de la veille mais se contentèrent de lui donner les directives quand aux travaux qui allaient être effectués grâce à leur assurance. Soupirant, le demoiselle leurs répondit un vague oui à chaque demande avant de s'empresser de raccrocher. Habituée à leur comportement loin d'être affectueux, elle ne prit pas leur inconsidération envers sa personne à cœur, préférant ranger leur attitude dans un coin de sa tête, pour se focaliser totalement sur l'essentiel.
Décidant de ne pas se rendre en cours de la journée, la brunette retourna chez elle, dans l'espoir de pouvoir ranger quelque peu le bazar qu'il y avait à son domicile. Une fois arrivée, elle salua le dernier officier de police présent qui par ailleurs prit congé, une fois qu'elle fut rentrée. D'un pas pressé, elle se rendit d'abord dans la cuisine dans le but d'arranger la marre de céramique au sol qu'elle avait créé la veille dans son excès de folie. Après un long moment à balayer et aspirer, la pièce commença à reprendre l'allure d'une cuisine normale. Une fois sa tâche accomplie, elle se rendit au salon où les dégâts avaient été les plus impressionnants. Par chance la plupart des meubles avaient été épargnés,  ayant simplement été renversés lors de la bataille. Seuls les murs, le sol ainsi que tous les objets de type vase, cadre et autres accessoires de décoration avaient fait les véritables frais de la violence du serpent démoniaque géant. Le lustre au plafond avait été arraché, emportant une bonne partie de plâtre avec lui. Les murs avaient été, pour certains, fissurés et leur peinture arrachée par grands morceaux. Pour ce qui était de tous les ornements de la pièce, il n'en restait, pour la grande majorité, que des miettes.

Attrapant le balais et un sac poubelle, elle débarrassa la salle de tout ce qui était irrécupérable, nettoyant par la même occasion le sol de tout les débris de verre et de porcelaine. C'est avec satisfaction qu'elle constata qu'un membre du personnel de la police c'était chargé de nettoyer le sang qu'il y avait sur le parquet laissant tout de même une trace un peu plus claire sur les lattes foncées. Elle n'était pas sans savoir qu'ils avaient certainement dû prélever un échantillon pour une analyse, mais, elle savait qu'elle ne risquait rien puisqu'il s'agissait d'hémoglobine de reptile. Pour ce qui était des tâches du sang de Natacha dans la salle-de-bain, elle avait eu l'idée de les nettoyer, consciente que pour celles-ci, elle risquaient de s'attirer des ennuis. Une fois sa deuxième tâche accomplie, elle entreprit de remettre sur pied, les chaises et autres meubles agrémentant le salon. Le dernier objet dont elle s'occupa fut une sorte de meuble assez haut dans lequel ses parents rangeaient tous les papiers administratifs concernant les assurances, les impôts et autres paperasses auxquelles Charlie n'avait jamais prêté la moindre attention. Prise de curiosité, elle décida de trier les feuilles éparpillées au sol par égard pour ses géniteurs mais également pour satisfaire cette envie pressante de fouiner parmi leurs affaires.

Finalement après une multitude de feuilles traitant de sujets tous plus inintéressants les uns que les autres, la demoiselle finit par tomber sur un dossier assez conséquent portant le tampon de l'hôpital St Boniface à Cheralye ainsi qu'une autre marque qui lui était inconnue mais familière, et qui semblait s'être effacée avec le temps... En l'observant mieux, Charlie constata que le dossier ne datait pas d'hier. Le papier blanc qui entourait la masse de feuille avait jauni, et elle passa doucement ses doigts sur le grain vétuste de la feuille.

Où avait-elle bien pu voir le second symbole ? Elle était persuadée d'avoir déjà vu un dessin semblable, mais sa mémoire refusait de lui révéler ce qui se cachait derrière tout cela.  De plus en plus intriguée, elle chercha sur internet la signification du deuxième logo qu'elle parvint à deviner, plus qu'analyser, comme une sorte de cœur déposé dans la paume d'une main. En voyant le résultat de la recherche, elle ouvrit avec précipitation et appréhension le dossier avant de pousser un cri d'horreur. Le cœur battant la chamade, et les yeux qui commençaient à se brouiller de larmes, elle s'empara de la première feuille en la serrant dans son poing comme pour essayer de se convaincre qu'il s'agissait là d'un simple rêve. Mais les caractères écris noir sur blanc n'allaient pas s'effacer avec son ignorance. Ne pouvant supporter le poids de sa découverte, elle sortit de chez elle en courant, s'éloignant le plus loin possible du lieu où elle se trouvait, sans prendre la peine de fermer à clef, trop bouleversée par cette révélation douloureuse.