Le Temps Des Sortilèges - Tome 2 - Le Choix

V

Pendant les jours qui suivirent sa rencontre avec Alban, Natacha voyait quotidiennement le jeune homme car il se montrait assez insistant pour l'accompagner matins et soirs. Ce qui ne dérangeait pas vraiment la jeune fille qui appréciait le caractère jovial et agréable du garçon, cela dit, elle ne pouvait pas s'empêcher de penser que cet intérêt qu'il lui portait avait quelque chose d'étrange. Sa meilleure amie en arrivait à la même conclusion, puisque cette dernière avait eut l'occasion d'user de mille et une techniques afin d'attirer l'attention du jeune homme, sans grand succès. Toutes ses tentatives avaient été vaines, car celui-ci ne paraissait avoir d'yeux que pour la jolie blonde. 

La théorie de l'agent secret à la solde d'Ingrid qu'elles avaient montée, Charlie et elle, ne tenait pas vraiment la route mais l'attitude du garçon demeurait suspicieuse. Par ailleurs, depuis ce fameux matin où sa mère l'avait giflée, qui était le même jour où Alban l'avait pour la première fois abordée, Ingrid n'avait étrangement jamais remis sur le tapis l'idée de faire accompagner Natacha par son père tous les matins. Charlie avait donc mis au point une stratégie afin de pouvoir débusquer ce qui se cachait derrière se sourire angélique creusé de fossettes qu'affichait habituellement mister beau gosse, et la blondinette s'était vue contrainte d'accepter cette idée farfelue.

Au cours d'une après-midi alors que les cours avaient terminé un peu plus tôt aux alentours de quinze heures, mais comme à son habitude, Alban attendait patiemment la blondinette à la sortie du lycée, le corps nonchalamment appuyé contre la grille de métal qui séparait les étudiants du vaste monde extérieur. Natacha devait l'avouer: il était vraiment très beau garçon. Mais malgré tout ses efforts pour lui prêter un quelconque intérêt, son cœur semblait incapable d'oublier un autre homme, bien plus sombre et plus dangereux que le jeune blondinet doté de cette petite frimousse angélique ... En fait, en y réfléchissant bien, l'un semblait être l'ange et l'autre le démon, mais elle ignorait tout des intentions du lycéen, alors qu'elle savait parfaitement à quoi aspirait le seigneur qui hantait son cœur. Elle soupira un instant avant de le rejoindre d'un pas lent. 

- Alors ? Une bonne journée...? L'aborda-t-il, une fois qu'elle fut arrivée à sa hauteur.

- Horrible tu veux dire, le reprit-elle en ajustant son sac à dos sur ses épaules. 

- Mauvais résultats? S'enquit le jeune homme avec un regard perçant, qui ne cachait rien de son sens de l'observation. J'ai cru comprendre que tu galérais à retrouver le niveau que tu avais avant...Tu n'étais pas l'une des meilleures élèves de l'école?

- ...Ouais...Je crois que je n'aurai pas mon bac avec tout ce retard accumulé. Fit-elle en se mordant la lèvre, honteuse de sa dégringolade aussi brutale.

Visiblement amusé par son air gêné et sa mine déconfite, il lui ébouriffa la tête, défaisant légèrement son chignon tressé. Les mèches vénitiennes de la demoiselles brillaient sous le soleil rougeoyant qui commençait lentement à disparaître derrière la colline . 

" Bah, t'inquiètes pas, va! Tu te rattraperas, y pas d'raison. "

Si le commentaire la fit sourire, la jeune femme ne partageait pourtant pas l'optimisme du jeune homme, songeant à l'avenir incertain qui se profilait à l'horizon. Était-elle réellement capable de mener une existence paisible après tout ce qu'il s'était passé? OUI, oui, elle devait l'être. Elle ne pouvait s'abandonner comme elle l'avait fait à la mort de Nathanaël. Elle lui devait bien ça, il ne lui avait pas donner sa vie pour qu'elle gaspille son énergie à traîner sans but comme une vieille potiche.

Alban remarqua le visage soudainement plus sérieux de la jeune femme mais s'abstint de lui faire remarquer. Elle était diablement belle, et s'en était presque dérangeant. Elle dégageait un tel charisme qu'il se sentait tout petit à ses côtés. Et pourtant, ce n'étaient pas les centimètres qui manquaient entre eux; elle était vraiment petite. Il observa ses traits délicats qui affichaient une détermination confiante et se demanda un instant ce qu'il pouvait bien se passer dans sa tête. Depuis qu'il l'avait aperçut aux portes du lycée, elle était devenue comme une obsession pour lui. Chaque pensées perdues le menait à elle. Il avait déjà expérimenté la chose, mais cette fois-ci, la jeune femme sur laquelle son cœur avait jeté son dévolu paraissait étrangement inaccessible.