Le Temps Des Sortilèges - Tome 2 - Le Choix

XXXII

En plein cauchemar, Natacha repoussa Guillaume avec toute la force qu'elle possédait avant de faire face à la personne qui venait de faire irruption dans sa chambre au moment le plus inopportun. Ingrid Andreï se tenait devant sa porte, les bras croisés sur sa poitrine et balançait son regard entre des les deux jeunes gens pris comme en flagrant délit. Sentant sa dernière heure approcher, la demoiselle ne savait plus quels mots employer pour tenter de sauver sa vie et sentit une puissante vague de panique la saisir. De son côté, le grand brun n'arrivait à comprendre pourquoi l'arrivée de cette femme inconnue paraissait troubler la blondinette au plus haut point. Cependant, après réflexion il lui parut que l'étrangère lui était quelque peu familière.

" Bonsoir maman... réussit à déclarer, après quelques longues secondes de silence, la voix devenue suraiguë de Natacha, qui se tortillait les mains tout en tentant de dissimuler son visage rouge écrevisse derrière ses courtes mèches.

Guillaume écarquilla les yeux en comprenant que la personne qui se tenait là n'était donc autre que sa belle-mère ou du moins sa future belle-mère et saisit ainsi la raison du profond malaise de la blondinette.
Un silence pensant s'installa dans la petite pièce, on n'entendait pas même le son d'une respiration. Soudain, après d'interminables secondes et contre toute attente, un rire se fit entendre. 

Ouvrant de grands yeux surpris, Natacha dévisagea sa mère qui s'esclaffait les mains devant la bouche. Si le malaise de la demoiselle n'avait déjà pas été à son comble, il l'aurait été en cet instant précis. Elle se résolut à attendre que le rire cristallin d'Ingrid se taise enfin pour enfin oser son regard et croiser les yeux du dit " dragon " qui lui tenait lieu de maman.

" Et bien...on peut dire que c'est...inattendu, soupira cette dernière, après avoir calmer son rire. 

- Eummmm, écoute maman....Commença Natacha, sans savoir comment entamer la conversation délicate qui s'annonçait. Je suis...C'était...Enfin, c'est...

- C'est l'heure de prendre le dîner, je pense. Coupa sec la femme, tournant les talons pour se diriger vers les marches de l'escaliers. Viens m'aider à cuisiner.

- Avec Guillaume aussi...? Demanda la jolie blonde, peu sûre d'elle, mais espérant qu'elle renverrait celui-ci.

Lorsque le "oui" clair d'Ingrid lui parvint aux oreilles, Natacha coula un regard qui en disait long à son compagnon. Pour Guillaume, le message était clair : ils n'allaient probablement pas sortir vivants de cette embuscade. Le géant brun suivit le petit bout de femme qui le devançait dans les escaliers, un peu perdu. Il savait qu'il n'était pas censé rencontrer les parents de sa Belle, mais au moins, il pouvait leurs demander la main de leur fille en bonne et due forme.

Avant de pénétrer dans le salon, la jolie blonde fit volte face, et brida le colosse avec des phrases succinctes dont l'intéressé ne comprit pas la moitié. Mais apparemment, sa fiancée était plutôt contre le fait qu'il adresse quoi que ce soit d'autre que des réponses fermées à ses parents. Autrement dit, il pouvait d'ores et déjà abandonner l'idée d'une potentielle demande en mariage.  

En rentrant dans la pièce, Natacha sourit timidement à son père qui rangeait des dossiers, et qui resta un moment absent, en voyant le jeune homme qui accompagnait sa fille. Impressionné par la haute stature du grand brun, le père de Natacha mit quelques secondes avant de venir lui serrer la main, un sourire surpris collé aux lèvres.

" Bonjour, jeune homme.

- Bonjour, monsieur... Laissez moi me présenter Guillaume. " Fit simplement le jeune en empoignant la main tendue devant lui.

- Mikhaïl. Répondit spontanément l'autre.

Le châtelain ne connaissait pas du tout le père de sa dulcinée, mais il appréciait déjà le bonhomme à son sourire franc, malgré son air étonné. Il inclina la tête vers la Dame de ses pensées, alors que cette dernière lui tournait le dos. Il aurait été amusé par la pudeur délicate de son aimée s'ils avaient été seuls, mais les parents de celle-ci étaient un obstacle de taille qu'il se devait de franchir s'il voulait concrétiser quelque chose avec elle.