Edanaelda - Tome 2 - Tout est susceptible de changer

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Je frappais contre ma cellule. Il fallait que ça arrive. Je savais que ça n'allait pas pouvoir rester invisible éternellement. Hylios était assis au fond. Il avait de nouveau l'air insolent et antipathique que lorsque je l'avais rencontré. Étonnement, je le préférais comme ça.
"Ils n'allaient pas tenir leur langue, tu sais. Ce n'est pas en se débarrassant de son corps et de celui de sa femme qu'on efface les preuves."
J'ai soupiré.
"Je sais bien. Mais on a gagné la guerre face à Vendel. C'est grâce à nous qu'ils sont vivants. Fait chier !"
Je frappe encore une fois les barreaux.
"Celui qui nous a dénoncés avait envoyé un corbeau avant la bataille. Il ne peut pas changer d'avis. C'est trop tard."
Je me suis retournée.
"Tu rigoles ? Je n'ai pas risqué ma vie à la guerre pour mourir exécutée à Ermise pour cette histoire !"
Hylios soupira.
"Parle pour toi. Je suis enfermé à vie je te rappelle. Enfermé à vie en sachant que tu es morte."
J'ai continué à frapper. J'ai tiré, poussé.
"Merde je veux pas mourir ici !"
Je me suis assise derrière les barreaux. Je ne vais pas pleurer. Pas maintenant.

"Absolue. Venez avec nous. Il est l'heure."
J'ai relevé la tête. Mes cheveux étaient toujours pleins de sang et mes cernes étaient considérables. Et il fallait que je meure ainsi. C'est triste. J'ai jeté un dernier regard à Hylios. Il était enfin redevenu l'Hylios que j'ai commencé à aimer. Il m'a regardée dans les yeux. J'ai vu une larme couler le long de sa joue.
~Adieu.~
J'ai hoché la tête. Les gardes m'ont entraînée vers mon destin. La mort.

Je suis arrivée sur la place publique. Le bourreau m'attendait déjà. Toute la ville était réunie. Je reconnaissais quelques personnes qui avaient combattu au fort vaillamment avec moi. Ça m'a encore plus déchirée. Les gardes m'ont fait avancer sur le piédestal de bois.
"Un dernier mot avant la mort ?"
J'ai regardé les gardes, puis tout le monde.
"Sans moi vous n'aurez jamais gagné la guerre."
Puis j'ai regardé l'horizon. Jamais je ne perdrai ma fierté. Le bourreau me plaça la tête dans le cadre en bois.
"Absolue de Liéssance, jugée pour meurtre. Après l'avoir autorisée à diriger notre armée étant une femme, elle a profité, d'après les dires d'un de nos hommes, de sa notoriété pour se doter du pouvoir de vie et de mort sur nos hommes et le reste de sa famille. Elle sera donc exécutée pour ses crimes."
Il se recula et le bourreau, lui, avança. J'ai fermé les yeux. J'ai voulu penser à Hylios, mais j'en étais incapable.

"Veilleuse, cheffe de guerre !"
Étais-je morte ?
"Veilleuse, cheffe de guerre !"
Non, je ne crois pas.
"Veilleuse, cheffe de guerre !"
J'ai ouvert les yeux. Les habitants d'Ermise scandaient le surnom de ce petit garçon. Ils scandaient le nom de Veilleuse.
"Veilleuse !"
"Veilleuse cheffe de guerre !"
Dès que le bourreau faisait un pas, ils lui jetaient des pierres à la figure. Personne ne pouvait permettre que je meure.
Finalement, le roi, qui avait ordonné mon exécution, ordonna ma libération. Le peuple continuait de réclamer que je sois cheffe de guerre. J'ai souri.
"Absolue de Liéssance, vous êtes libre. Le peuple veut que vous puissiez vivre et diriger. Nous vous dédouanons alors de vos crimes."
J'ai souri.
"Je veux que l'on libère Hylios Ostanar et qu'on m'amène Jaymery Enstel. Ma guerre n'est pas finie."

Fin du tome 2