13. Kiss-me (c)

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Ashford

Je continue de rouler, le plus vite possible. Mon père n'est toujours pas à la maison. Pierre est reparti chez lui avec Melinda et ma mère — je tiens à préciser que c'est bien l'une des premières fois qu'elle fait ça pour sa fille — a accompagné Lily à son cours de danse classique. Donc moi, je me retrouve tout seul, et c'est bien mieux comme ça. Vu dans l'état de fébrilité et de colère dans lequel je me tiens, la solitude est vraiment la bienvenue ce soir. Elle est ma meilleure amie.

Cet après midi, j'ai reçu une dizaine d'appels. Matt, Marcus, Paul, Luke, Kyle, tous confondus. Et puis, aussi en prime, un message du Coach qui voulait savoir la raison de mon absence à l'entraînement. Sur le moment, j'ai inventé une excuse bidon qui est passée comme une lettre à la poste.

Je vois bien que mes amis — si toutefois ils le sont vraiment — s'inquiètent pour moi depuis l'événement qui a réduit un peu plus mon degré d'envie de continuer cette vie que je mène. Je le sens, mais c'est au-dessus de mes forces. Je me suis fait berné depuis des mois et par tout le monde. Même par Nathan.

Nathan que je considère... je ne sais même pas comment je le considère. Différent serait le mot juste. Enfin était le mot juste. Maintenant, je sais qu'à lui aussi, je ne peux pas faire entièrement confiance. Et ne pas pouvoir faire entièrement confiance à ses amis ça fait mal, c'est douloureux.

Mon cœur bat lourdement à l'intérieur de ma poitrine, en repensant à ce qui s'est passé et les secondes que ça a pris pour que tout bascule. C'était si facile. C'est si facile de faire du mal aux gens en fin de compte.

Pendant que je continue de rouler droit devant moi, le soleil se couchant à l'horizon, je pense toujours à la même personne : Nathan. C'est le seul à avoir gardé le silence après cette dispute dans la cour. Seulement, c'est bien le seul dont j'envie un message, un signe de sa part. J'attends mais je pense que je peux attendre encore longtemps.

Au bout d'un moment, j'étouffe. Je m'arrête sur un petit parking. Je décide de marcher un peu. Après quelques mètres, je tombe sur un mec qui fume, adossé à un mur. Je ne sais pas dans quelle ville je suis, ni même à combien de kilomètre je me trouve de chez moi, tout ce dont j'ai envie tout de suite, c'est d'une cigarette. Heureusement, ce type peut m'en offrir une.

Je m'approche doucement de lui. Ses yeux croisent les miens. Un instant je crois qu'il va m'ignorer, mais il finit par me tendre une cigarette.

— C'est de la bonne. Cent pour cent bio, il ricane.

J'attrape le joint qu'il me propose. Puis je l'allume avec le briquet que j'ai toujours sur moi. Dans la poche arrière de mon pantalon.

Première taffe et je vois des anges. Je me sens plus léger. A mon tour, je m'adosse près de lui, au mur. Mes yeux captent le spectacle que le soleil qui se couche, nous offre.

— Chouette vue.

— Ouais, elle me fait planer. Encore plus que la drogue.

Je jette un regard au mec. Il n'a pas l'air beaucoup plus vieux que moi. Je remarque qu'à travers les traits durs de son visage, reflétés par la nuit tombant, que ce gars est habitué à la rue. Du moins, je laisse supposer cette conclusion.

— Au fait, je m'appelle Marty. Marty De Lacroix.

Je reste un moment abasourdi par le nom de famille qu'il vient de me donner. D'ailleurs, il le remarque puisqu'il ricane, avant de me sourire faiblement.

— Ouais, on remarque pas le côté richou sur moi. J'aime rappeler aux autres que je ne suis pas seulement un fils à papa. Même si ça aide pour acheter de la drogue ou d'autres trucs illégaux.

Night (1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant